Difficile pour l’école tchadienne ces dernières années. Les examens sont organisés en dépit de tout de programme inachevé, des 900 heures non atteintes, etc. Ialtchad Presse a fait un tour pour échanger avec quelques enseignants, élèves des établissements scolaires, mais aussi avec le syndicat national des Enseignants du Tchad (SET). Reportage.
L’école tchadienne est en perte de vitesse depuis quelques années. La principale cause est la baisse de niveau. Mais il n’y a pas que cela. Plusieurs facteurs négatifs affectent terriblement le fonctionnement normal des établissements scolaires. Des grèves à répétition, le coronavirus et actuellement la situation sociopolitique et sécuritaire précaire au pays. Depuis la mort du président tchadien Idriss Deby Itno, rien ne va pour l’école tchadienne cette année. Or, pour organiser les examens et concours, le programme d’enseignement doit être validé dans sa totalité proportionnellement au volume horaire fixé. Partout les cours ont repris. Certains établissements sont plus avancés dans leur programme que d’autres, à l’exemple du lycée Technique commerciale(LTC).
Abdeslam Idriss Mahamat est le proviseur du LTC. Selon lui, le programme scolaire est prolongé jusqu’au 17 juillet 2021. Il affirme que les relevés du 3e trimestre sont disponibles et les cours se déroulent normalement. D’après lui, le LTC n’a pas de problèmes, « certains professeurs ont fini leur programme, donc nous leur avons recommandé de faire les travaux dirigés(TD) et des travaux pratiques(TP). Nous entendons organiser le bac blanc pour rehausser le niveau de nos élèves », dit-il. M. le proviseur soutient que 2 heures ont été ajoutées sur les emplois du temps des chargés de cours afin qu’ils se rattrapent. « On est dans le temps, malgré les inquiétudes. Par rapport au volume horaire qui est de 900 heures pour l’enseignement général, dans l’enseignement technique nous avons plus de 1040heures», dit-il avec assurance.
« L’école tchadienne est reléguée au dernier rang »
Pour Blaise Ngartoidé, secrétaire général du Syndicat des Enseignants du Tchad, affirme que le Tchad est un pays où on donne peu d’importance au volume horaire réalisé pour prétendre passer les examens et concours de fin d’année. « Il faut vous rendre compte qu’en 2016-2017, nous avons eu moins de cours, mais cela n’a pas empêché aux gens d’organiser les examens. Cela veut dire quoi ? C’est tout simplement parce que le tchadien est relégué au second rang et on s’amuse avec l’école qui est le socle d’un pays», indique-t-il. Pour lui, plusieurs choses ont perturbé l’école, en plus des grèves et la covid-19. Il se inquiet que le gouvernement fasse la même chose que les années précédentes. «Vous savez ont fait des bacheliers qui ne sont pas dignes parce que le bac c’est d’abord la tête et non le papier. Au niveau supérieur même on a des licenciés et des niveaux maîtrise qui ne valent rien du tout», affirme le SG du SET . Dans un pays normal dit-il, lorsque les pédagogues, les enseignants du terrain s’accordent pour dire il faut d’abord réaliser tel nombre de volumes horaires avant d’organiser les examens, les gouvernants respectent. En 2017-2018, poursuit-il, le Tchad n’a connu que trois mois et demi de cours, mais en dépit de cela, les examens ont été organisés. «Franchement les gouvernants n’ont pas fait de l’école la priorité des priorités. Cette année, les grèves multiples et la mort du président de la République Idriss Deby Itno a mis les établissements scolaires à N’Djamena pendant un mois et demi à terre», exprime-t-il.
Pour le SG du SET, il faut se soucier de ces insuffisances. En tant qu’organisation syndicale, l’année dernière nous nous sommes interrogés si avec de telles insuffisances, on peut organiser des examens et concours, dit-il. L’actuel ministre de tutelle est en consultation avec les différentes directions à ce sujet. Une rencontre est prévue vendredi avec le syndicat des enseignants . « Nous irons leur demander qu’avec tous les retards que nous connaissons est-il possible d’organiser des examens et concours ? », dit le syndicaliste. « S’ils veulent donner des diplômes mérités aux enfants, il faut revoir les calendriers et les reconsidérer. Car N’Djamena et les autres provinces ne sont pas au même niveau des volumes horaires dispensés», conclut le pédagogue.
Moyalbaye Nadjasna