Il était avant député. Cette fois, il est candidat à la présidentielle un an après la création de son parti. Qui est Yombombé Madjitoloum Théophile, l’homme qui refuse qu’on le décrive comme un « novice » en politique ? Portrait.
Son directeur national de campagne le décrit comme un homme qui a horreur du bureau. « C’est un homme de terrain, un candidat sérieux. » Son entourage le décrit en tant qu’homme de conviction, une personne calme. Lui-même se définit comme un « intrépide et endurant ».
Aîné d’une famille de cinq enfants, Yombombé Madjitoloum Théophile est né un jour d’avril 1969 à Bongor. Fils d’infirmier, il a passé son enfance et son adolescence entre Moundou, seconde ville du pays et N’Djamena, la capitale tchadienne. Comme tout jeune de la décennie 1970, il a été marqué par les douloureux événements de la guerre de 1979. « J’ai eu l’expérience de vivre comme un enfant en zone de guerre », dit-il. Ce qui le conduira plus tard à travailler dans l’humanitaire. Titulaire d’un baccalauréat C, l’ancien élève du Lycée Adoum Dala de Moundou porte aujourd’hui plusieurs casquettes. Ingénieur civil, auditeur qualité, analyste en stratégie internationale, parcours défense, sécurité et gestion de crise, humanitaire et enfin homme politique.
Ses expériences professionnelles ont commencé en 1996 quand il intègre la Société tchadienne des eaux et d’électricité (STEE) en tant que chargé des études et de contrôle des nouveaux projets. Quatre ans plus tard, il quitte cette institution pour d’autres aventures. En 2004, il crée son cabinet d’ingénierie conseil où il occupe le poste de directeur général. Pour être en phase avec son humanisme, Yombombé crée la fondation Theos qui vient en aide aux enfants dans des zones de conflit au nord Mali et au Burkina. Yombombe collabore comme expert et consultant avec certaines organisations internationales et entreprises. Il a été trois fois consultant du PNUD.
La politique
La politique, le natif de Bongor aux parents originaires des Monts de Lam l’a embrassée dans les années 2000. Lui, il n’en voulait pas. Mais son entourage le lui a conseillé. Précisément le préfet de Biltine quand il exerçait à la STEE. « Par rapport à mes convictions et ma conduite sur le terrain, le préfet m’a conseillé de faire la politique si je veux que les choses s’améliorent dans notre pays », se souvient Yombombé Madjitoloum Théophile. L’ingénieur civil choisit alors d’intégrer le Rassemblement national des démocrates tchadiens (RNDT-Le réveil) de Pahimi Padacké Albert.
Au sein de cette formation politique, l’enfant des Monts de Lam gravit tous les échelons pour finir premier vice-président. En 2011, il porte les couleurs de ce parti aux législatives pour le compte du département des Monts de Lam. Yombombé Madjitoloum Théophile sera élu député siégeant à la troisième législature.
A l’hémicycle, le poulain de Pahimi Padacké Albert est élu 3e vice-président. Poste qu’il occupe jusqu’en 2020. Pendant son mandat électif, Yombombé est président de la Commission Développement, Infrastructure et Environnement du Comité Interparlementaire du G5 Sahel en 2019 et durant six ans membre de Parliamentarians for Global action (Action mondiale des parlementaires).
Sa plus belle expérience politique, dit-il, est sa participation aux négociations de l’accord du 13 août 2006. « L’accord nous a pris huit mois de négociation. Cela m’a beaucoup aguerri, de comprendre les enjeux de négociations, l’environnement politique », se confie-t-il.
L’ambition présidentielle
Fin 2019. Yombombé Madjitoloum Théophile démissionne du RNDT-Le réveil. « Nos visions des choses ne sont plus les mêmes avec le président du parti », justifie-t-il. Il perd par la même occasion son titre de député. La même année, il engage la procédure de la reconnaissance légale de son propre parti Union des Travailleurs progressistes pour la cohésion (UTPC). Deux ans plus tard, cette formation l’investit candidat à la présidentielle d’avril 2021. Une grande ambition pour la dernière-née des formations politiques tchadiennes. Mais Yombombé Madjitoloum Théophile se veut rassurant. « Je ne suis pas jeune en politique. 20 ans de carrière avec à la clé un mandat électif », réclame-t-il.
Avec un projet de société axé sur 11 points, le candidat de l’UTPC se veut pragmatique. « Contrairement aux autres qui font dans le discours, moi je viens avec des projets concrets pour le peuple », déclare-t-il. Ce n’est pas suffisant. L’ancien député dit « miser sur sa personnalité et son expérience » pour créer la surprise au lendemain du 11 avril.
Christian Allahadjim