Tôt dans la matinée du 1er mars, le domicile de l’opposant et candidat à la présidentielle d’avril 2021 M. Yaya Dillo a été le théâtre d’un incident qui a causé la mort 5 personnes. Reconstitution des faits.
Ce matin du samedi 27 février des policiers selon le gouvernement, la garde prétorienne selon l’opposant ont fait irruption au domicile de l’opposant et candidat à la présidentielle 2021 Yaya Dillo Djerou Betchi. Sur sa page Facebook, Dillo alerte le public, « j’ai entendu des tirs devant ma porte à 3 heures du matin. À 6h des policiers entrent dans mon domicile et me demandent de les suivre. J’ai refusé, car il s’agit d’une intimidation suivie d’une violation de domicile. » Il n’a pas précisé l’objet de cette interpellation. Un peu plus tard dans la soirée, il est intervenu dans un direct Facebook pour éclaircir les motifs de cette tentative d’interpellation.
Il s’agit de l’action intentée par la première dame Hinda Deby Itno pour diffamation et injure.
Lendemain 28 février. 5 heures 14 minutes. Yaya Dillo alerte encore sur Facebook que « sa demeure est encerclée par l’armée et la police » puis « un blindé de l’armée a défoncé mon portail » et enfin « ils viennent de tuer ma mère et plusieurs de mes parents. » Selon l’opposant, 5 personnes sont mortes dans cet incident. La nouvelle s’est répandue très vite sur la toile.
9h 00. Les réseaux téléphoniques et Internet sont coupés. La capitale tchadienne, N’Djamena, est coupée du monde.
Quelques heures avant. Yaya Dillo parle sur les ondes de Radio France Internationale (RFI). Le candidat à la présidentielle accuse le pouvoir de vouloir l’assassiner. « Plusieurs éléments de l’armée appartenant au corps d’élite de la présidence ont tenté de pénétrer chez moi vers 5 heures du matin en défonçant le portail tout en tirant à balle réelle », fait-il savoir. « Ils veulent me tuer », affirme Yaya Dillo. Pour lui, le pouvoir cherche à l’empêcher de dénoncer les systèmes qu’il a mis sur place pour truquer les élections présidentielles. Faux, rétorque le gouvernement qui parle d’une rébellion et un défi à l’autorité à l’État.
À N’Djamena, la situation est confuse après la coupure des réseaux téléphoniques et d’internet. Aucune information ne filtre. Le quartier Karkandjié dans le 5e arrondissement où réside l’opposant est quadrillé par les éléments de la Direction générale de la Sécurité et de la Surveillance Institutions de l’État (DGSSIE) et la Police. Plus tard dans la journée, la rue N’Djamenoise parle d’une médiation communautaire menée par des sages afin d’éviter un bain de sang. Jusqu’à là aucune intervention des autorités à part celle du ministre de la Communication porte-parole du gouvernement M. Chérif Mahamat Zène soutenant que M. Dillo refusait de se rendre à une convocation du Procureur de la République.
Lundi 1er mars. 16h. Le ministre des Affaires étrangères M. Amine Abba Sidick convoque un point de presse. Il affirme, « malheureusement M. Yaya Dillo a refusé de se rendre ».
Dans la soirée, le lourd dispositif sécuritaire dans le quartier où résidait l’opposant est allégé. Plusieurs sources affirmaient que Yaya Dillo s’est exfiltré. Comment ? Mystère. « Yaya Dillo s’est probablement échappé profitant de l’évacuation des civils. À l’heure actuelle, il n’est plus localisé et a déclaré sur les réseaux sociaux s’être caché ailleurs », dit le ministre Abba Sidick aux ambassadeurs.
Avant le ministre Abba Siddick, le procureur de la République a tenu presque les mêmes propos.
Djilel-tong Djimrangué