La date du 06 février 2021 est pour certains une date butoir, pour d’autres, une colère sans merci. Au palais du 15 janvier, c’est l’investiture du président du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), Idriss Deby Itno. Et dans les rues c’est le Mouvement les Transformateurs. Reportage.
« Nous avons prévenu cette marche. Nous n'avons plus peur », disent les militants, sympathisants et alliés des transformateurs. Sifflets, casserons, pneus usés, pancartes, les jeunes du mouvement les transformateurs ont défié l’interdiction de manifester avec leur slogan « Peuple tchadien debout et à l’ouvrage, Ta liberté naitra de ton courage, » lisible sur les banderoles.
6h du matin. Les quartiers Gassi, Habena, Atrone, Chagoua, les jeunes occupent les rues en scandant, « nous sommes fatigués ». Leur seul objectif, disent-ils, est faire entendre leur voix. « Ouvrez les écoles », « justice et égalité », « non au 6e mandat de Déby », sont les phrases écrites sur les pancartes des manifestants. Selon eux, trop c’est trop, le pays appartient à tous les Tchadiens. Il n’y a pas un super tchadien, réclament-ils. « Nous allons marcher jusqu’au dernier goûte de notre sang », s’exclame l’un d’eux. Bonnet sur la tête, tee-shirt bleu avec une écriture « le Tchad d’abord », visage ferme, jeune diplômé sans emploi il brandit la photocopie de sa licence en gestion pour témoigner du chômage des jeunes. « Si l’on meurt et revient encore en vie, je ne naîtrais plus au Tchad », s’indigne-t-il. Selon lui, une manifestation pacifique comme celle-ci ne doit ni être interdite, encore moins être réprimée. Nous réclamons la justice, la liberté, mais c’est décevant, relate-t-il.
La colère de la rue prend très vite l’ampleur. De Gassi à Atron, D’habena à Chagoua, les forces de l’ordre sont débordées. Les manifestants sont galvanisés par ce débordement. La colère tourne mal lorsque les forces de l’ordre lancent des gaz lacrymogènes. Les manifestants répondent par les jets de pierres, les pneus brûlés, des voitures de police et des voitures administratives sont attaqués, etc.
Une femme est assise devant sa porte au quartier Habena. Elle est en colère. Pour elle, il est inacceptable de voir ces jeunes souffrir. « Nos enfants sont à la maison depuis le 1er janvier alors que leurs enfants sont dans les bonnes écoles », a-t-elle déploré.
« Je vais mourir pour la liberté de mon pays », dit un manifestant avec un pneu et une bûchette d’allumette en main.
Pour ce faire, plus de 6 heures de manifestation instance, la fatigue la faim et la soif dispersent peu à peu ces jeunes, le calme est revenu, les rues sont un peu dégagées. Le président du Mouvement les Transformateurs, M. Succès Masra, M. Mahamat Nour Ibedou sont poursuivis par les policiers après les avoir aspergés de gaz lacrymogène. M. Masra a trouvé refuge à l’ambassade des USA tandis que M. Ibedou a été arrêtés avec une centaine de manifestants.
Djilel-tong Djimrangué