C’est quasiment 6 mois après le premier confinement du mois d’avril dernier que le décret du 31 décembre 2020 confine à nouveau la population N’Djaménoise. Une décision prise après la recrudescence des cas de coronavirus à N’Djamena. Reportage dans les principaux marchés de la place pour constater l’effectivité de la décision.
Du grand marché au marché à mil et celui de Dembé dans le 6e arrondissement, le constat est le même. Les boutiques des produits non alimentaires sont hermétiquement fermées. Les commerçants parfois très fâchés sont prêts à casser notre caméra lorsque nous tentons d’avoir les images des boutiques fermées. Plusieurs qui requièrent l’anonymat disent être choqués par cette décision brutale. Elle fait mal parce qu’ils viennent de se relancer après le premier confinement. « Cette décision est tombée sur nous comme un coup de massue. C’est vrai qu’il faut la santé d’abord. Mais franchement, c’est difficile pour un commerçant de voir ses chiffres d’affaires baisser chaque jour », signifient-ils.
Au grand marché central ou « Souk Kabir », au moins les boutiques qui vendent des articles alimentaires sont ouvertes, les étals des légumes et oléagineux aussi. Au marché à mil, tout ce qui est céréale et produits alimentaires sont vendus. Les ménages se ravitaillent autant que faire se peut. Une femme vendeuse de légumes au grand marché se plaint du coût des transports. « Depuis 3 jours maintenant, je dépense 2000FCFA pour me déplacer de Walia au grand marché aller-retour. Il n’y a pas de minibus pour nous amener. Il faut prendre le clando. Cela me revient cher. Je demande qu’on ait pitié des mamans que se battent pour faire vivre la maisonnée », dit-elle. Pour elle, il faudrait que le gouvernement autorise les minibus tout en limitant les places comme auparavant. « Au moins cela peut nous soulager », déclare-t-elle.
Femmes, hommes, tout le monde s’est abonné à la marche à pieds « la marche à pied, fait du bien. Sinon je prends le bus c’est pour rattraper le temps lorsque je suis en retard. Ce n’est pas grave ! Ce que je veux, comme on nous a dit qu’on doit apprendre à vivre avec la maladie, il faut qu’on fasse avec, le tchadien vit au quotidien », confie Kosbeye Firmin. Les minibus sont tous garés du marché à mil et au marché de Dembé.
Rappelons que le nombre de cas du coronavirus enregistrés ces derniers jours dans la capitale tchadienne est de 15 à 20 cas par jour. Alors qu’on dépassait rarement les 10 cas de début novembre.
Selon le ministre secrétaire d’État de la Présidence de la République, Kalzeubé Pahimi Deubet, il s’agit d’un confinement total de la ville. Personne ne doit sortir sauf cas de force majeure ou pour se ravitailler. Le couvre-feu en conséquence, était reconduit mais cette fois-ci de 18heures à 05heures. Son collègue ministre de la santé M. Abdoulaye Sabre Fadoul dit le contraire. Il affirme que c’est la ville qui est confinée. Ce n’est pas les habitants de la ville. Cette cacophonie met le gouvernement dans l’embarras. Les N’Djaménois ne cachent plus leur exaspération sur cette décision, « ils nous fatiguent », dit un citoyen.
Moyalbaye Nadjasna