La ville de Koumra est créée en 1962. Elle est comme posée en pleine savane comme un cordon qui relie deux villes historiques, Sarh et Moundou, du grand sud. Le chef-lieu de la province du Mandoul est à 680 km de la capitale, N’Djamena. Ialtchad vous amène à la découverte de cette ville de 75 000 âmes réparties dans 10 quartiers.
Samedi 7 novembre 2020, Koumra accueille le chef de l’État, Idriss Déby Itno. La ville a changé de décor. Les grands axes sont aux couleurs nationales. Des effigies du Maréchal du Tchad et des banderoles sont placées sont partout : aux carrefours et devant certains bâtiments publics. Elles souhaitent toute bienvenue au président. La capitale provinciale du Mandoul est prise d’assaut par les forces de sécurités. A 10 heures tout s’accélère. Tout devient intense. Même la circulation. « La ville est devenue bizarre, il y a trop de mouvements, je préfère rentrer pour éviter les accidents », lance une habitante, visiblement habituée au calme de la ville.
A midi, la grande voie bitumée qui longe le marché moderne est prise d’assaut par les habitants de la ville, en majorité de jeunes. Placés des deux côtés du « goudron », tous attendent l’arrivée du président de la République. « Ce sont des jeunes qui se cherchent et qui sont toujours au-devant de la situation. Ici les femmes sont laborieuses. Elles ne baissent jamais les bras. La ville regorge plusieurs groupements féminins. Koumra est en train de s'agrandir. Nous avons bénéficié de 18 km de route bitumée. Une promesse de 12 autres km nous attend. Notre ville est une ville laborieuse, cosmopolite où il fait bon vivre », dit le maire de la ville, Guidimbaye Madjiro Christian.
Mais quelles sont les potentialités de cette ville qui accueille le chef de l’État ?
D’abord, il y a une myriade de groupements qui créent des activités génératrices de revenus. Elles sont d’excellentes gestionnaires de ces organisations. Les jeunes s’y accrochent et font pieds à pieds leur place. Ville agricole, Koumra est réputée pour son karité et son sésame de qualité supérieure. Même s’il n’y a pas de données officielles sur la capacité de production annuelle, il est reconnu que c’est la province du Mandoul qui approvisionne les autres provinces du pays, surtout en Karité. Le président Déby Itno, lors de son séjour, a promis aux femmes d’industrialiser ce secteur. Les cultures du karité et du sésame rapportent beaucoup de revenus à la population, même si l’exploitation de ces ressources est encore informelle et artisanale.
Longtemps caricaturée comme la ville « aux voleurs coriaces », aujourd’hui elle respire la quiétude. Le maire de la ville se veut rassurant, « C’était faux. Et même si c’était vrai cela est maintenant un phénomène disparu, parce que les forces de sécurité se mettent au travail. Il y a toujours des brigades qui font des patrouilles partout dans la ville, ce qui fait que l’insécurité est maîtrisée. Nous remercions beaucoup les forces de sécurité pour leurs efforts dans ce domaine. Nous, hommes politiques natifs de cette ville nous avons toujours demandé aux jeunes de travailler la terre plutôt que de voler ».
S’il y a bien un autre phénomène qui gangrène la ville de Koumra et toute la province du Mandoul, c’est l’excision. Le président Deby Itno, « je m’adresse directement aux chefs traditionnels, aux chefs religieux, aux cadres du Mandoul et particulièrement à nos sœurs et femmes exciseuses en disant : il faut arrêter. Il faut arrêter définitivement cette pratique moyenâgeuse ». Des instructions sont données séance tenante pour traduire en justice ceux qui se livrent encore à cette pratique.
Le lendemain, la ville s’est réveillée dans le calme. Plus d’agitations. Finie l’effervescence. Le président et sa délégation ont mis le cap vers une autre ville du pays.
Maurice N’gonn Lokaar