Depuis que le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Urbanisme et de l'Habitat, Mahamat Assileck Halata a annoncé la mise en place d’une commission de réflexion pour la création d'une nouvelle ville, annexe à N’Djaména, les citoyens s’interrogent sur l’urgence et la priorité de ce projet. Reportage.
Les autorités tchadiennes envisagent créer une nouvelle ville qui, selon elles, va permettre à la capitale de respirer. Les arguments qui justifient ce projet reposent sur la saturation de la ville de N’Djaména d’ici cinq à dix ans. Cependant, la création de cette nouvelle ville annexe à la capitale fait réagir les citoyens. Certains pensent que c’est du gâchis.
Au quartier Sabangali dans le 3e arrondissement, les discussions vont bon train. « S’ils veulent partir, il faut qu'ils partent et nous laisser. Nous les autres, nous n’allons nulle part. Créer une nouvelle ville pour faire quoi avec ? Sinon je ne vois aucun intérêt de la population pour la création de cette ville. », fulmine Abakar Djamil.
« La création d'une nouvelle ville ou capitale annexe est un non-événement, pourtant le peuple tchadien meurt de faim, il manque des centres de santé et des infrastructures éducatives. N’Djaména n’est pas encore construite et nous voulons créer une autre ville. Je pense que c'est un rêve irréalisable. La priorité de la population, c’est manger à sa faim, se soigner correctement, s’éduquer et avoir accès à l’électricité et à l’eau », dit, Ali Osembeté Justin.
D’autres apprécient ce projet, mais ils demandent à l’État de construire d’abord la capitale qui ne ressemble pas à une ville politique où siègent toutes les grandes institutions de la République. « Le programme de la création d'une nouvelle ville est louable, mais il faut bien aménager N’Djaména, la développer avant de parler de création d’une autre ville. A l’exemple de Lagos au Nigeria qui était bien développé avant d’aller à Abuja ou en Côte d'Ivoire avec Abidjan qui est bien construite avec des grattes ciels avant Yamoussoukro », compare Belalem Touaré Bostin. Ce dernier continue en soutenant que les matériaux de construction sont aussi chers ne permettant pas à la population de se bâtir des maisons durables.
« Il faut reconstruire N’Djaména avec les canaux de drainage d’eaux, des caniveaux, aménager les rues, régler le problème d'électricité de la ville et réfectionner et construire de nouvelles infrastructures que de créer une nouvelle ville », propose Lazare Djansarbé.
D’autres sont pessimistes quant à la réussite de ce projet. « Le feu maréchal Deby avait parlé d’une transformation de la ville de N’Djaména en une vitrine de l’Afrique. Où en sommes-nous avec ? Ce projet est une occasion pour les autorités de se remplir les poches, c’est tout il n’y rien qui va améliorer les conditions de vie des Tchadiens », clame un habitant de la capitale.
Ousmane Bello Daoudou