A la fin de chaque mois, les fonctionnaires désertent leurs bureaux pour percevoir leurs salaires. En file indienne ils prennent d’assaut les guichets des banques de N’Djaména, la capitale tchadienne. Les raisons de cette affluence sont diverses. Une équipe de Ialtchad est allée à leur rencontre. Reportage.
C’est une habitude devenue une coutume pour les fonctionnaires. Entre le 25, 26 27 du mois, dès que le virement bancaire des salaires passe, difficile de trouver un fonctionnaire ou agent de l’État à son poste. Cette habitude freine le fonctionnement des entreprises et paralyse l’administration.
Plusieurs raisons sous-tendent cette attitude. « Si vous avez vu l'attroupement devant une banque, c’est signe que c’est la fin du mois. Comme il y a le salaire, les gens se bousculent de part et d'autre pour retirer leur dû », lance un client en rang devant une banque.
« Il y a tellement de soucis chez nous . Dès qu’on quitte la maison, on va à la banque avant d’arriver au bureau et du bureau directement à la maison. Les gens qui sont venus depuis quatre heures du matin parce que le système ne s’est pas amélioré. Si le système était amélioré, il ne devrait pas y avoir des attroupements devant les banques. Nous sommes en face d’une grande voie de circulation, nous sommes parfois exposés à des risques d’accident. Depuis le matin, certains ont eu des problèmes financiers, tantôt le salaire n'est pas tombé, tantôt non. D’autres sont partis au niveau de la solde pour vérifier si le salaire est vraiment passé. On ne peut pas venir tester sans toucher notre salaire », dit Aïna-Ngoul Gilbert, agent de l’État.
Pour d’autres, la rentrée scolaire se profile à l’horizon, il faut la préparer. « Le salaire nous permet de régler des problèmes parce que bientôt c’est la rentrée scolaire. Je suis enseignant et je suis en vacances si le salaire tombe aujourd'hui, je suis libre de venir le prendre. Mais le salaire pour un fonctionnaire est dans son compte, on devrait aller assumer sa responsabilité normalement avant de venir dans l'après-midi retirer son salaire. »
Selon les fonctionnaires, au Tchad, généralement si le salaire tombe, il faut courir puisque le salaire ne nous suffit pas. Ils vont rapidement vider leur compte en banque pour s'occuper de la famille. « On est obligé de déserter le bureau à cause de nos soucis », renchérit un autre.
Ils estiment que la situation du pays est instable à tel point qu’il faut toujours être aux aguets quand le virement est fait. « La situation du pays est critique, même s'il s'agit de fuir le pays là on va fuir avec notre argent. Mais, s’il n’y a pas une urgence, il faut travailler avant de retirer son salaire », dit un autre fonctionnaire.
Beaucoup de salariés demandent au gouvernement et aux responsables des banques de multiplier les guichets afin d’alléger le temps d’attente.
Taïwa Félix
Kellou Daoula Adoum