Au Tchad en général et dans capitale N’Djaména en particulier, les prix exorbitants des matériaux de construction ne permettent pas aux citoyens aux revenus faibles de se bâtir des maisons durables. Ainsi, chaque saison de pluie, les maisons construites en terre battue s’effondrent, causant des dégâts matériels et humains. Reportage.
Dans la nuit du vendredi 23 août 2024, deux personnes ont succombé à leurs blessures dues à l’effondrement des maisons au quartier NDjari dans le 8e arrondissement de N’Djaména. Et, ce n’est pas pour la première fois. Que ce soit à l’intérieur du pays ou à N’Djaména, l’écroulement des maisons est monnaie courante en saison pluvieuse. Pourtant, le Tchad dispose d’une usine de ciment qui est installée à Baoré dans la province du Mayo Kebbi Ouest, le sable est en abondance dans les fleuves et il existe plusieurs sites d’exploitation des graviers. Le prix d'un sac de ciment varie de 8500F à 11000F CFA, le fer de 12 à 7500f et le fer de 10 à 5500f. Les graviers coûtent entre 60.000F et 500.000F selon la capacité des véhicules. Aussi, ceci en fonction de distance à parcourir. Cette cherté des matériaux de construction laisse les familles aux revenus faibles dans une situation désastreuse.
« Cette année, il est en train de pleuvoir abondamment. Ce qui fait des dégâts dans certains quartiers en détruisant les maisons et qui cause même les cas de décès. Pour développer un pays, il faut que l'État essaie de voir les prix des matériaux aux marchés et de les réduire. A chaque jour que Dieu fait les prix augmentent, comment les pauvres aussi peuvent construire une maison durable ? En 1998 le prix d'un sac de ciment était à 3000F et le jour où c'est augmenté à 3500F, des personnes ont crié. De nos jours un sac de ciment est à 10000F ou 11000F. L'État seul ne peut pas construire le pays sans le concours des citoyens », déplore Mahamat Ahmet, un pétrolier admis à la retraite.
Pour Issa Ahmed Issa, vendeur du sable et graviers au rond-point du pont à double voie, les prix du sable et graviers ont flambé à cause des prix du gasoil et d’essence, qui a augmenté.
Il explique qu’il faut tenir compte de la qualité du gravier. « Il y a les graviers d’Engoura de couleur blanche, le gros véhicule à 450.000F, celui de Hadjer-Lamis à la couleur noire, le gros véhicule à 350.000F et celui de Dandi à la couleur rouge, le gros véhicule est à 350.000F . On vend le gros véhicule à 500.000F, le moyen à 153.000f et le petit véhicule à 60.000f . Si le gouvernement réduit les prix du carburant, nous allons aussi baisser les prix des graviers et sable », tente-t-il d’expliquer.
Plusieurs citoyens demandent au gouvernement d’obliger les commerçants à baisser les prix des matériaux de construction pour permettre à tous d’avoir un logement décent ou construire des logements sociaux aux démunis. Certains affirment que l’État doit mettre sur pied une politique nationale de logement comme dans d’autres pays qui octroient des crédits de construction à la population. « A quoi sert la Banque de l’Habitat (BH) ? », s’interroge un citoyen sous le sceau de l’anonymat. Il répond lui-même « à rien du tout ».
Kellou Daoula Adoum