Des nombreux jeunes bacheliers choisissent étudier à l’étranger malgré que le Tchad a plusieurs d’universités et d’instituts d’enseignement supérieur. Les raisons sont diverses et variées. Reportage.
Ces dernières années, des milliers de jeunes préfèrent poursuivre leurs études supérieures à l'extérieur du pays notamment au Cameroun, au Niger, en Guinée-Conakry, au Sénégal, en Côte d'Ivoire, voire en Europe ou en Amérique. C'est un manque à gagner pour le pays. Qu'est-ce qui peut expliquer cette situation ? Des jeunes et des parents donnent des raisons.
Ahmat Ousmane Mahamat Ali vient d'obtenir son baccalauréat, selon lui les conditions d'études au pays ne sont pas réunies. « Je veux aller étudier en France si les moyens me permettent. Étudier au pays, c'est trop des difficultés avec des grèves à répétitions, les problèmes familiaux, le rang des diplômés sans emploi qui grossit. Peut-être, aller faire ses études ailleurs peut ouvrir des portes et offrir des opportunités d'emploi », dit-il.
Le nouveau bachelier ajoute que la mauvaise gouvernance des dirigeants du système éducatif tchadien est un vrai problème. « Il faut qu'il revoie le système de gouvernance et la gestion du pays. Il faut faire bouger les choses en intégrant les jeunes sans discrimination ».
Rasedjim Bruno est un parent qui a envoyé ses enfants étudier à l’étranger. « Nous envoyons nos enfants à l'extérieur pour diverses raisons », dit-il. Il affirme que les conditions sociales et politiques du pays impactent négativement sur la formation des jeunes, « ensuite les grèves répétitives dans les universités et Écoles supérieures au Tchad qui sont dû à la réclamation des meilleures conditions de travail des enseignants et étudiants, la rareté des spécialisations dans certaines filières, en particulier dans les domaines scientifiques, technologiques et médicaux ne sont pas disponibles ou peu développés au Tchad. Enfin, le manque d'infrastructures pédagogiques ».
Toutefois, certains préfèrent étudier au pays. C’est le cas de Marie Madjikem qui affirme avoir choisi de rester au pays pour sa sécurité. « Il y a plusieurs de nos compatriotes qui vont étudier à l'extérieur, souvent c'est leurs cadavres qu'on rapatrie. Cela me fait peur », dit-elle. D’autres ont préféré donner leurs explications hors micro. Ils soulignent que le système éducatif du pays est défaillant. Le problème de qualité d’enseignement et de qualité d’enseignant se pose. Ils affirment que le manque de volonté politique des gouvernants pour un enseignement de qualité est flagrant, « les gouvernants n’aiment pas l’École », disent-ils.
Ousmane Bello Daoudou
Nadège Riradjim