En cette période de soudure où le mois d’août est appelé « chari tamané » qui signifie en arabe local de N’Djaména « le huitième mois » en sous-entendant que c’est un mois des difficultés accrues période durant laquelle les ménages souffrent. Il est difficile pour les familles modestes d’avoir deux repas par jour. La rédaction de Ialtchad Presse vous fait découvrir le quotidien d’un couple vivant à Bakara, dans le 7e arrondissement de N’Djaména, la capitale tchadienne. Reportage.
Le mois d'août est une période pendant laquelle de nombreux ménages à N’Djamena et partout au pays éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts. Les causes sont attribuées à la forte pluviométrie qui empêchent les uns et les autres à vaquer normalement à leurs occupations et qui créent la rareté des ressources exacerbées par la cherté de vie. Cette situation impacte le mode de vie de plusieurs familles. Surtout celui des familles modestes .
Chez le couple Missdjingardé Nathaniel et Rangnal Sidonie, c’est une période de vache maigre. Les deux sont ceux qu’on surnomme les « débrouillards du quotidien » ou « rizikhal yom » : la femme est vendeuse de poisson et le mari est diplômé sans emploi ayant à leur charge 5 enfants. Ils affirment que c’est difficile de manger à leur faim. « C'est très difficile de gérer cette période de soudure, je suis un chômeur et encore avec ce mois d'août, il n’est pas facile de trouver un repas par jour. Un « coro » de maïs coûte 1300F, celui de sorgho à 850F sur le marché. On vit dans la misère totale, on ne sait quoi faire », se plaint Missdjingardé Nathaniel.
Ce chef de ménage qui vit dans un verger d’une autorité à Bakara renchérit en soutenant qu’auparavant c'était mieux, ils mangeaient deux fois par jour, mais maintenant ça ne tient pas. Il explique que tout cela est dû au sous-emploi au Tchad. « Je suis enseignant de formation et je suis en chômage. Parfois je suis obligé d’aller labourer dans les champs des autres pour gagner de l'argent et subvenir aux besoins alimentaires de mes enfants. Ma femme aussi se bat à mes côtés. Souvent, je cherche du travail au chantier même, mais je n’en trouve pas », ajoute-t-il.
Avec la rentrée scolaire qui se profile, l’époux de Rangnal Sidonie dit qu’ ils ne pourront peut-être pas inscrire leurs enfants à l’école. « C'est ma femme qui paie souvent la scolarité de nos enfants avec son petit commerce. Si je gagne un peu l'argent, je complète simplement », renseigne-t-il.
Leurs enfants disent vouloir les aider en s’adonnant aux petits commerces pendant les vacances scolaires, mais il leur manque un capital financier pour commencer. « Je veux bien donner un coup de main à mes parents en faisant le petit commerce pour m'acheter les fournitures scolaires à la rentrée prochaine, mais il n'y a pas d'argent pour me lancer », soutient l’aînée de la famille Ramadji Solange élève en cinquième année du primaire.
Kinga Baye Dogo