Ridina est un quartier populaire et historique de la capitale tchadienne, N’Djamena. Il jouxte le marché à mil. Il est prisé par les migrants pour sa proximité avec le marché, avec le centre-ville et les autres quartiers. Il héberge beaucoup des « sans-papiers » logés à la belle étoile. Reportage.
Au bord d’une rue de 15 mètres du quartier logent plus d’une cinquantaine de migrants, hommes femmes et enfants. Ils viennent tous du Nigeria et du Niger, deux pays voisins. À la tombée de la nuit, ils dorment à la belle étoile dans la cour d'une maison pour ceux qui ont un peu d'argent. Pour ceux qui ne peuvent pas se payer une place dans la cour, ils dorment au pied du mur, de la même maison.
Au tour de la propriété, des sacs et autres affaires personnelles sont installés à côté de certains locataires, des vieilles nattes, un luxe servent de matelas, des moustiquaires sont suspendues pour se protéger des moustiques durant la nuit. Pour d’autres locataires, c’est sur un simple plastique ou carton qu’ils passent la nuit. Pour avoir le privilège de dormir dans la cour, il faut débourser 300 FCFA par nuit et entre 100 à 150 FCFA au tour du mur.
La majorité de ces immigrés ont plus d'un an de résidence au pays. Certains sont même à leur quatrième année, mais toujours sans domicile ni carte de séjour. Pourtant la plupart des hommes travaillent. Ils sont cordonniers, couturiers ambulants, coiffeurs, de blanchisseurs, de restaurateurs, etc. Les femmes aussi ne se croisent pas les bras. Elles s’adonnent aux activités génératrices de revenus. « C'est juste un dortoir, là où je pose ma tête pour dormir. Le matin je suis au marché », dit un de locataire. La plupart sont mariés, plusieurs sont venus avec leurs épouses. D'autres ont laissé leurs compagnes dans leur pays d'origine pour disent-ils de mieux se concentrer sur leur travail pour faire fortune.
Le matin au réveil, l’endroit se transforme en place du marché pour certaines de ces locatrices. Chacune transforme sa place en cabine de vente. Mme K qui est aussi locatrice de l'espace mural, sort de sa natte et détache sa moustiquaire afin de s'apprêter pour faire la cuisine. Mme K est vendeuse de nourriture, tous les autres locateurs sont sa clientèle. Elle sert les mets du pays d’origine (riz mélangé aux haricots, beignet de haricot, bouille...). Pour allumer le feu de cuisine, elle ramasse des objets jetés. Par exemple les chaussures usées, les objets en plastique et autres matériels combustibles. Les muets cuisinés font voyager ces migrants dans leurs pays. Mme K affirmant que depuis quelques années elle fait la navette entre son pays d’origine et son pays d’accueil, le Tchad. Elle souligne qu'elle vivait au village et a facilité l'arrivée de beaucoup
d'autres comme elle.
NDM