Le retour de Succès Masra et la peur panique du système 

Written by  Oct 17, 2023

En dépit de la mobilisation permanente de toutes les ressources et instruments disponibles de l’appareil d’État et de ses auxiliaires[1] pour l’entraver, le président du parti Les Transformateurs, Succès MASRA continue sur son seul nom, d’infliger une peur panique irrationnelle à l’héritier et président de transition Mahamat Idriss Deby et à ses acolytes du système. Quelle peut en être la raison ?

Entraves, persécutions, harcèlements

Jamais, aucun de tous ceux qui, par le passé, ont porté le fer sur le terrain démocratique contre le système Deby, n’a eu droit à pareil traitement de faveur du régime. De Kamougué à Kebzabo en passant par Yorongar qui ont défié le Deby père dans les urnes avec succès aux présidentielles avant d’être privés de la victoire par le bras constitutionnel du régime et de connaître le purgatoire, n’ont pas été autant entravés, combattus ou réprimés sans humanisme.

Il y a certes feu Ibni Oumar Mahamat Saleh qui a payé le plus fort des prix de l’engagement politique, avec le sacrifice suprême, mais qui jusqu’à son élimination physique, disposait comme tous les leaders politiques de l’époque d’une relative liberté publique et politique. Pour le leader des Transformateurs, rien ne lui a été épargné. Tous les stratèges et intellectuels du régime ont un blanc-seing pour donner libre cours à leur imagination pour l’innovation des instruments institutionnels, politiques, diplomatiques et juridiques de répression et d’empêchement de Masra et de son organisation. Un concours Lépine permanent pour le pire, mais inefficient jusqu’alors puisque Masra qui en est l’objet et la cible, dispose encore et toujours des ressources morale, politique et intellectuelle, de la force de conviction et de résilience, de la capacité d’entrainement et de mobilisation de l’espérance de la Nation que l’ensemble du système Deby avec toutes les ressources de l’appareil de l’État ne peut avoir et susciter. C’est un euphémisme que de l’affirmer.

Aujourd’hui, Masra battra sans coup férir dans les urnes l’héritier Deby même dans le fief de ce dernier dans le septentrion du pays dans un combat démocratique loyal. Il le peut d’autant plus qu’il ne prône ni haine, ni exclusion, ni vengeance, mais la remise d’équerre des principes d’égalité, d’équité et de la saine émulation des citoyens. Qui plus est, il apparait pour l’observateur, de ce qu’il dégage, qu’il s’est préparé à la charge suprême et a réfléchi sérieusement à la cause des maux qui minent le pays et à la méthode, aux moyens et au chronogramme d’un leadership éclairé et inspirant. Mais surtout il propose une gouvernance partagée et responsable pour installer d’une part, la confiance nécessaire à la cohésion et d’autre part, les commandes des leviers du développement économique et social du pays. Tout ce dont est incapable le système Deby. Et personne n’y perdra, y compris les protégés actuels du régime qui pacifieront ainsi leur relation aux autres au lieu d’être craints et honnis. C’est ce que le régime ne peut offrir comme horizon et ne veut pas comme alternatif. Or, Masra en est intrinsèquement et irrémédiablement l’incarnation vivante. Certes, il n’est pas un Saint, et n’a sans doute pas à disposition une panacée clé en main, mais il propose une méthode vertueuse et entrainante, une trajectoire lisible par tous et une obligation d’en répondre compte devant le peuple.  

Dès lors, tous les moyens sont bons pour l’abattre : de la longue interdiction faite à l’administration d’enregistrer son partie politique à la modification opportuniste et pro domo de la constitution ; des assassinats aux arrestations récurrents de ses militants en passant par les saccages et les gazages répétitifs du siège de son parti ; du harcèlement permanent par l’ANS et la police de ses militants et soutiens, aux interdictions de réunions et manifestations publiques ; de l’exclusion du dialogue national inclusif et souverain (DNIS) à l’ interdiction aux autorités administratives, traditionnelles et religieuses de le recevoir ; de l’interdiction aux responsables des établissements publics de l’enseignement supérieur de lui accorder la moindre tribune en dépit de l’éclectisme de son parcours universitaire et professionnel qui en fait un modèle et une source d’inspiration pour le jeune public estudiantin. Des débauchages systémiques des proches collaborateurs et membres de la famille ; du procès en sorcellerie de confessionnalisme et régionalisme par celui qui les pratique en mode de gouvernement; du procès  d’être le protégé de la France, par ceux-là mêmes qui sont installés au pouvoir et qui doivent la pérennité de leur régime au parapluie militaire, financier, institutionnel et diplomatique de la France ; des procédures judiciaires iniques aux poursuites pénales préventives (on n’arrête décidemment pas l’innovation), la liste est interminable.

Le « Touillomètre À ZÉRO »

Et le comble maintenant, le mandat d’arrêt international doublé paradoxalement de l’interdiction de retour au pays. Comment demander aux polices du monde entier de procéder à l’arrestation de Masra et s’opposer en même temps à son retour au pays alors que ce retour permettra de l’arrêter soi-même ? Le système Déby n’est définitivement jamais à une contradiction près.

Masra ne doit encore sa survie qu’à la conjugaison de trois facteurs cumulatifs : premièrement, sa grande popularité à l’intérieur du pays ; deuxièmement son aura et son audience à l’international, jamais égalée par un leader politique tchadien de l’opposition et enfin, troisièmement, le précédent Ibni Oumar Mahamat Saleh qui malgré la renonciation de son parti et de sa famille et le décès de Déby père, ne passe toujours pas à l’international.

Qu’est-ce qui peut expliquer et justifier cette persécution si n’est qu’il leur fout le « trouillometre à zéro » ?

Le leadership de Masra ôte le sommeil et hante l’héritier Deby et ses nouvelles remorques que sont Kebzabo et Gali NGoté qui ne peuvent relever le gant face à lui. C’est la raison pour laquelle, Ils ne veulent foncièrement plus de lui dans leurs pattes sur le territoire national, ni aujourd’hui, ni demain ; du moins pas avant la fin de la boucle du processus électoral transitoire : ni pendant le référendum, ni pendant les législatives, et encore moins à l’occasion des présidentielles à venir. Ceci explique le blocage en coulisse de toutes les esquisses de solutions de réconciliation proposées par les experts de la CEEAC[2], malgré le parti pris manifeste du médiateur Félix TSHISEQUEDI. Mais personne n’ose assumer publiquement cette entrave pour entretenir l’illusion et l’alibi de la main tendue à l’égard de Masra et des Transformateurs afin de tromper les partenaires internationaux et bailleurs de fonds.

Bien sûr qu’il arrive à Succès Masra de se tromper ou de manquer parfois discernement ; les exemples ne manquent pas. Mais qui parmi ses contempteurs et procureurs tiendrait débout et garderait encore la tête froide en subissant seulement le tiers du quart de ce qu’il endure depuis 5 ans ? Combien parmi ceux-ci n’ont pas fermer boutique ou se sont vendus au régime dès la première épreuve subie ? Masra ne pourra malheureusement et humainement peut-être pas tenir face au rouleau compresseur du système. Mais quoiqu’il lui arrive l’Histoire l’a d’ores et déjà inscrit au rôle des immortels héros de l’Afrique.

Abdoulaye Mbotaingar
Docteur en droit, maître de conférences à l’université

[1] Police, gendarmerie, ANS, armée, trésor public, gouvernement et parlement, justice, gouverneurs, préfets, sous-préfets, sultans et chef de canton, ONAMA, institutions administratives indépendantes, dignitaires religieux, MPS et ses satellites, notamment les partis politiques, associations de la société civile et intellectuels alliés et alibis, etc…

[2] Il est de même du blocage de la publication du rapport de la CEEAC sur les massacres du Jeudi Noir.

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