vendredi 29 mars 2024

SENAFET pas seulement pour les femmes mais aussi pour le bien être des hommes

Written by  Mar 03, 2005

La SENAFET est perçue comme une semaine de la femme Tchadienne à l'occasion de laquelle ces dernières se retrouvent pour pouvoir passer en revue les différents maux qui entravent leur épanouissement dans la société tant sur le plan social, économique et professionnel.

Ces activités sont menées pour pouvoir solutionner ou pallier leurs difficultés majeures qu'elles soulèvent. En ville, cette semaine est un grand évènement tant attendu par les femmes. Cela leur permet d'associer les rurales pour solutionner leurs problèmes. Fort malheureusement, l'association est minime et insignifiante du côté des rurales surtout sur les initiatives et les décisions. On assiste chaque année à des séminaires, des débats, rencontres permettant aux femmes de discuter pour se faire valoir et se faire reconnaître comme un être apte à jouir de mêmes prérogatives que les hommes.

En même temps, des activités telles que les expositions sont organisées pour promouvoir les produits fabriqués par la gente féminine.

Des propositions sont faites par-ci et là par les sœurs pour améliorer leurs conditions sociales et trouver des mesures leur permettant de faciliter les tâches dans leurs travaux quotidiens.

D'une manière générale, toutes les femmes se mobilisent pour pouvoir apporter leur pierre à l'édifice. Le problème que nous devons soulever est de savoir quel est le degré d'implication de celles-ci en milieu rural et urbain.

Parlant de maux, les femmes en milieu rural sont plus exposées que leurs sœurs en milieu urbain. Plusieurs facteurs entrent en jeu tels que le poids de la tradition dont l'application y étant plus accentuée soutient l'écart de la femme, la pauvreté, le manque d'infrastructures adéquates, d'opportunités et j'en passe.

Tous les jours depuis des millénaires, au premier chant du coq, les femmes sont debout, pagnes retroussés pour une longue journée de labeur. Elles seront au puits tirant l'eau pour le bain du matin, elles seront aux champs, courbés (souvent avec un bébé au dos) sur la terre asséchée à la recherche de condiments pour le repas des hommes. Et comme tous les jours elles se rendront dans la forêt, houe pendue sur l'épaule, à la recherche de bois mort. En bref, la femme en milieu rural est celle par qui passe l'apport du minimum vital, c'est-à-dire elle est la personne qui assure la prise en charge de la famille tant sur le plan financier que nutritionnel. Malgré tout cela, elles sont battues, humiliées, mal nourries, mal aimées et enrôlées dans la polygamie infinie sans jamais avoir droit ni à la parole, ni au choix décisif concernant leur avenir et celui de leurs enfants. Fatalité de la vie ou ironie du sort ?

Les femmes vivent dans des conditions rudimentaires et elles ne l'ignorent pas mais sont-elles résignées ou n'ont-elles pas d'autres issues ?
 
Gisèle Halimi, d'origine tunisienne, avocate, écrivain, ancienne ambassadrice de France à l'UNESCO et conseillère spéciale de la France à l'ONU, l'affirmait éloquemment :

« La femme n'est pas une catégorie, pas plus que l'homme n'en est une. La femme est une moitié et, à l'intérieur de ces deux moitiés de l'humanité, il y a toutes les catégories, les jeunes, les immigrés, les vieux, les handicapés, etc. Ce qui compte, par conséquent, c'est de faire en sorte que la différence fondamentale entre ces deux moitiés, au lieu d'être une source d'infériorisation et d'une identité réductrice, soit au contraire une source d'enrichissement des hommes et des femmes. »

Si le pays est dans son état actuel de délabrement c'est qu'il n'a jamais su redonner aux femmes qui représentent la couche la plus nombreuse et la plus active de nos sociétés, les droits fondamentaux qu'elles méritent dans le cercle familial et national des prises de décisions.

 Bien que les femmes en ville, actrices principales de ces journées ne peuvent pas mesurer exactement la teneur de ce que vivent au quotidien leurs sœurs en milieu rural, cela ne les empêche pas de chercher comment concilier les objectifs de leur émancipation dans le monde avec leurs différentes réalités. Comment, par exemple, une Sarah et une Gorane peuvent-elles partager, dialoguer dans ce « combat commun » ? Comment la Kanembou et la Massa peuvent-elles se mettre au même diapason, faire fi des particularités individuelles, pour se retrouver côte à côte et parler d'une même voix ? Comment trouver un consensus à partir de cette « alliance » même si les unes et les autres ne connaissent pas nécessairement les mêmes problèmes ? Est-ce une chimère que de penser à un dialogue commun en transcendant les décalages culturels et les diversités religieuses ? Bref, le temps du silence est révolu.

Cela va sans dire que toutes les recommandations ne peuvent être appliquées quand on sait souvent qu'il existe des diversités culturelles ; ce qui fait que ce qui peut être positif dans une zone ne peut l'être dans une autre. L'idée principale est de s'unir et d'échanger sur les conditions souvent misérables des femmes. Ne dit-on pas que l'union fait la force ? En se serrant les coudes, les Tchadiennes constitueront une force extraordinaire et efficace.

Une chose est certaine, on peut constater qu'indépendamment des origines, les femmes vivent des problèmes communs. Et même si ces problèmes connaissent des divergences, on constate que sur de nombreux points le combat des femmes est semblable. Le moins que l'on puisse dire est que la question des femmes se pose avec acuité. Dans tous les pays du monde, industrialisés comme en voie de développement, des voix s'élèvent pour dénoncer les injustices dont les femmes sont victimes. Quoiqu'il faille reconnaître que la condition des femmes est très hétérogène dans le monde, néanmoins, toutes ensemble, elles parviennent à trouver des points communs pour améliorer leurs conditions de vie. « Le monde des femmes est fait de points communs et de différences. Les points communs sont nombreux : partout les femmes sont chargées de mettre au monde et d'élever des enfants, de constituer et d'entretenir des familles, elles sont également responsables de la contraception. Partout les femmes sont confrontées à des rôles aux exigences contraires. Riches ou pauvres, nous avons les mêmes préoccupations concernant la santé, nous sommes vulnérables à la violence et à la pandémie du siècle qui est le sida, à l'exploitation de notre sexualité.

Il est temps que le Tchad se décide à redonner à la femme ses droits humains fondamentaux sans lesquels aucun processus de développement ne peut aboutir aujourd'hui, car le monde évolue vers l'état de droit impliquant systématiquement le respect des libertés individuelles et un renforcement institutionnel des droits des citoyens, hommes et femmes compris. Certes, les femmes ont des potentialités intellectuelles assez élevées mais elles n'en sont pas convaincues et c'est cela leur faiblesse. On se demande si au sortir de ces débats, les femmes continuent leur lutte pour l'application des recommandations qui s'en sont suivies. On ne peut arriver à ses fins que quand on est convaincu de ce que l'on est en train de faire. D'une part il y a les conditions et les critiques sociaux et de l'autre, l'égocentrisme masculin. En somme, la lutte est longue et on ne doit pas croiser nos bras et attendre seulement ce laps de temps pour mettre au point nos stratégies car l'on a tendance à faciliter à la femme ce qu'elle fait en la circonstance. L'accepter serait comme un gâteau servi. Les Tchadiennes profitent de la SENAFET pour montrer aux hommes qu’elles ne sont pas faites pour consentir l'affrontement dans l'humiliation mais qu'elles sont capables de se battre pour l'avoir.

Les hommes eux pensent que SENAFET est un moment organisé pour permettre à la femme de se défouler, de se ridiculiser ou pire que je ne saurais dire, en faisant du tapage en attendant l'année suivante. Battons-nous avec cette détermination et cette ténacité afin de nous frayer un chemin nous permettant d'accéder à la place à laquelle on aspire mais n'acceptons pas ce don qui représente le 1/52ème du gâteau. Se taire ne veut pas dire accepter la situation, mais les femmes jugent sage de garder leur énergie pour chercher les moyens qui sont en leur faveur c'est-à-dire, ceux avec lesquels elles sont sûres de remporter la bataille, et, SENAFET est une opportunité. Malheureusement, chaque année, les thèmes qui reviennent ont presque les mêmes approches (la femme en actrice opprimée). Si on accepte le fait que derrière un grand chef, se trouve une grande femme, alors, SENAFET et JIF ont toutes leurs raisons d'être.

De tout ce qui précède, il faut que les hommes se détrompent de penser que nous avons accepté que tout le reste est SENAHOT (Semaines Nationales des hommes Tchadiens) mais qu'ils sachent que c'est SENAFET (qui ne dis pas son nom) dans la recherche de voies et moyens qui seront exposés du 1er au 08 mars de chaque année.

Wahilo Diguera

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