Étant définie comme l'étude des rapports entre les données géographiques naturelles et la politique de l'état La géopolitique ne fait pas seulement partie des sciences humaines mais elle est la science humaine, réaliste, qui a pour objet de déterminer, derrière les apparences, quels sont les caractères objectifs de la géographie physique et humaine qui conditionnent les choix stratégiques des acteurs de la vie idéologique, politique et économique.
C'est une science qui devrait être indépendante mais qui a été politiquement utilisée, et qui le demeure, notamment au travers de ses concepts fondamentaux et de ses concepteurs instrumentalisés par les acteurs eux-mêmes.
Elle est l'étude des déterminants géographiques qui interviennent dans la politique des États, tant intérieure qu'extérieure. Ces déterminants relèvent de toutes les branches de la géographie.
Mais au Tchad, en l'appliquant, a-t-on réellement fait la comparaison entre ses effets positifs et négatifs ? Pour être un peu plus précis, prenons le cas de concours organisés pour l'accès aux différents instituts universitaires. Celui de la médecine en est un à revoir.
Je me rappelle d'une conversation que j'ai eue avec une copine à l'approche des examens partiels à l'université au département de gestion. Devant passer le concours d'entré à la fac de médecine, je lui demandai si elle n'était pas stressée à passer 2 examens consécutivement, celle-ci me répondit en ces termes
- ma chère je suis sûre d'être retenu car ils tiennent compte du nombre de candidats par région et comme je suis la seule dans la mienne, je n'ai pas à m'inquiéter.
L'état devrait essayer de se pencher un peu sur ce problème. Pourquoi favoriser certains candidats. Il y a sûrement qui auraient fait mieux mais ne sont admis car il faut que toutes les régions soient représentées même s'il faut que le soit disant représentant soit un cancre! C'est à plaindre quand on dit qu'il faut l'Homme qu'il faut à la place qu'il faut.
Cela est contraire à l'objectif de cette politique et ne cadre pas avec car, l'objet de cette discipline est d'étudier l'influence du milieu et du temps sur l'évolution et le comportement des peuples. Autrement dit, les peuples sont mis en condition, sont formés par le lieu physique dans lequel ils vivent et par les épreuves ou par les succès qu'ils ont partagés en commun au fil des temps. Ceci veut dire que comme les régions sont inégalement composées et que les climats, les reliefs, le régime des eaux, la fertilité des terres, créent un cloisonnement, et les peuples, par nature, se retrouvent être différents en fonction des zones territoriales qu'ils occupent. Cela veut dire, par corollaire, qu'il faut respecter les peuples tels qu'ils sont : ils ne sont ni bon ni mauvais, ils sont ce que la nature et le temps en ont fait, ils sont des facteurs indépendants des individus. D'où la nécessité de ne pas intervenir dans les affaires des autres peuples par respect, de ne pas les juger, tout du moins de ne pas les juger par rapport aux sentiments que l'on a de soi, ce que l'on fait aujourd'hui abusivement. L'on doit plutôt essayer de comprendre en respectant leurs modes de vie. C'est un défi à relever par tout fonctionnaire dans l'exercice de son métier dans quelle région du pays qu'il soit.
D'autre part, c'est aussi nourrir le régionalisme et le ghetto culturel que de vouloir absolument doter chaque région de son natif en l'y affectant. On devrait plutôt se concentrer sur l'appartenance au pays et la faire passer avant les autres notions même si celles de région ou religion ne doivent pas être perdu de vue. Il faudrait que chaque être s'impose par ce dont il est capable ou mérite et non par ce qu'on peut lui tendre servi. Il faut de la volonté positive .pour faire quelque chose de profitable à son pays.
Je crois qu'un tchadien doit servir le Tchad en premier même s'il estime qu'il doit à sa région. De ce fait, l'état contribue indirectement à la division nationale et la haine entre les tchadiens car on est tous issus d'horizons différents mais du même pays. Le service devrait au contraire être un moyen de brassage entre fils du pays dans la mesure où un sudiste qui exerce au nord (s'il fait bien son travail) ne sera qu'estimé par les autochtones et il en est de même pour un nordiste exerçant au sud. On sait que quand quelqu'un rencontre un être qui parle ou comprend le même dialecte que lui l'accueille comme un frère donc c'est un facteur qui vu nos diversités culturelles et de langues peut être perçu comme un plus.
Pourquoi penser que l'autre nous rejettera alors qu'on n'est pas allé vers lui (toujours des préjugés n'est-ce pas un de nos dons)? On peut facilement intégrer un groupe quand on est courageux et ne se reproche rien mais quand on a peur, c'est qu'on reconnaît une certaine défaillance en soit.
De plus, la géopolitique est fatale dans certains domaines comme la médecine car l'exercice du métier demande une certaine aptitude. Un médecin est celui qui fait son travail par vocation, avec amour pas par ambition. Il doit être capable contrairement à un boucher qui apprend dans le tas. Autrement dit, face à une situation grave, il ne pourra que renvoyer à la mort son patient car il ne saura que lui administrer.
Comme résultat, la plupart des médecins se prennent pour le centre du monde devant leurs patients (d'ailleurs cette notion n'est plus de leur langage, autant dire clients pour eux) car ils n'ont pas un comportement digne de leur titre.
Normalement, la géopolitique qui est l'étude de la volonté du pouvoir appliquée aux situations de la géographie physique et humaine ne doit en aucun cas servir à légitimer les ambitions des uns et des autres. Ces acteurs sont multiples : hommes d'état, diplomates, cadres de l'armée, opinion publique.
Tous ces acteurs devraient être conscients des fruits de la géopolitique au niveau du pays et plutôt laisser l'état (qui est le seul critiqué en cas de problème quelconque) l'appliquer selon les normes requises.
Avoir dans chaque région son natif qui ne contribuera pas à son plus, ou un fils du Tchad tout court qui apportera sa pierre à l'édifice telles sont les deux options parmi lesquelles notre état doit faire son choix à l'ère où la question de santé est majeure en faisant fi des ambitions des uns et des autres.
Wahilo Diguera