Le coordinateur du Collectif des Associations du Département des Monts de Lam Nodjitoloum Salomon a animé une conférence de presse ce mercredi 31 mai. L’association a fait le bilan des massacres au sud du pays et réitère ses différentes recommandations.
Pour le coordinateur Nodjitoloum Salomon, depuis plus d'un mois, plusieurs villages des Monts de Lam ont été la cible des attaques des mercenaires et de la bavure des forces de l'ordre. Ces attaques ont occasionné des morts, des blessés, des déplacés, des bœufs enlevés, des cases brûlées, des motos emportées, de l'argent volé, etc. Selon lui, plusieurs voies se sont élevées pour condamner ces attaques criminelles. Et ont appelé le gouvernement à plus de responsabilités. Malheureusement, toujours selon eux, les autorités censées protéger la population civile, sans défense se sont mises à minimiser l'ampleur de ces crimes et à s'en prendre aux associations, partis politiques ou toutes les personnes qui dénoncent ces tueries, a-t-il déploré.
Il ajoute, « les cadres du Logone Oriental » reçus le 24 mai dernier dans son palais climatisé, Mahamat Idriss Deby Itno s'est permis le luxe de donner de leçons de citoyenneté à ceux-ci en affirmant, « les discours de haine et de division distillés par certains politiciens ont amené la province à cette situation. Pour assainir la situation et éviter que de telles violences ne se reproduisent, les cadres du Logone oriental doivent s'investir pour sensibiliser les populations sur ce danger... ». Approche plutôt curieuse, insolite de la part d'un Chef d'État dont la mission première est la sécurité des personnes et de leurs biens, a-t-il dit. Cette déclaration du président de transition vient confirmer que c'est bien le gouvernement tchadien qui entretient et protège ces mercenaires, a-t-il affirmé.
Toujours selon lui, les Tchadiens affirment que le génocide d'une partie de la population du Sud du Tchad est en réalité une guerre d'occupation des terres, en complicité avec la multinationale singapourienne OLAM (entreprise ARISE) pour un grand projet d'élevage dont le Tchad serait actionnaire à 35%. N’étant pas certain d'avoir les espaces de terre qu'il faut, la meilleure solution est d'éliminer les populations pour libérer les terres. Une partie des terres du Logone oriental serait déjà vendue à l'entreprise OLAM ce qui aurait dû provoquer le génocide des populations du sud.
Face au silence méprisant des autorités du Tchad et des institutions de l'ONU, le Collectif des associations des Monts de Lam (CAMOL) appelle les organisations humanitaires et aux personnes de bonne volonté pour venir au secours des 14.284 personnes ayant trouvé refuge dans les écoles les églises et les centres de santé. Il poursuit, ces déplacés sont sérieusement menacés de famine et de toutes sortes de fléaux, pour avoir tout perdu. Selon le collectif, le nombre provisoire des déplacés internes s'établit comme suit : Bessaa Ngadjbian 9 582 personnes, Laramanaye Andoum/Koutere 2 702 personnes, dont 457 femmes et 1 874 enfants et Moundou 1 200 personnes dont en majorité des femmes et enfants etc.
Le CAMOL réitère ses différentes recommandations, notamment de celle de mettre fin au projet de colonie de peuplement des éleveurs de prestige, la nomination des cadres compétents aux postes de responsabilité, l'ouverture des enquêtes indépendantes pour établir les responsabilités, le désarmement de toute la population sans discrimination. Aussi, de traduire tous ceux qui sont impliqués dans ces tueries, notamment les autorités locales et les commanditaires et les complices. Il faut la libération immédiate et sans conditions des autorités traditionnelles.
Enfin, le CAMOL affirme qu’il organisera, dans les prochains jours, une marche de protestation contre ces tueries dans la capitale N'Djamena et des provinces.
Noël Adoum