dimanche 24 novembre 2024

Quelle alternative à trouver après l’oubli de la non Publication du décret de référendum dans le délai

Written by  Aoû 23, 2004

Ce qui s’est passé c’est une question d’hystérie qui ne laisse personne indifférent et qui nous montre comment nous sommes gouvernés. Un gouvernement de léthargie qui ne se souci d’aucune éthique de responsabilité et de vouloir faire dans la règle de l’art. Comment expliqué que le chef de l’Etat d’une grande nation comme le Tchad qui se veut un modèle en Afrique central ne soit pas informé par son entourage de la date fatidique de décret de promulgation de du référendum après modification de la Constitution. Si nous comprenons bien le chef de l’Etat lui-même a déclaré tout récemment que le « Kermesse de désordre est terminé » mais là nous voyons le contraire et le désordre continue de sévir de plus belle.  Nous avons des institutions juridiques, un ministère de tutelle, des conseillers juridiques à la présidence, à la primature, à l’assemblée nationale et j’en passe. Nous avons un gouvernement structuré avec des secrétaires généraux du gouvernement. Nous avons le cabinet civil du président de la république qui doit être un système de veille et d’alerte du président de la république.

Dirigé un pays est différent de diriger une entreprise, et même dans ce second cas une entreprise est un centre décision compacte qui gère son information à temps réel pour être au-devant des meilleures entreprises côtées.

Le pape du Management Kotler disait « Gérer son entreprise c’est géré son information et géré son information c’est géré son avenir ». Dans la tracée des choses, nous assistons à une situation où le chef de l’Etat n’est pas tenu informer des cruciaux problèmes de son pays, ou simplement il est mal entouré, ou bien encore il est entouré par des gens qui ne se soucie que de leur intérêt personnel sans loyauté et dévouement à leur chef. Dans ce cadre je n’accuse pas Idriss Déby de laxisme, mais ceux qui l’entourent et qui obéissent comme des bénis Oui – Oui. Nul n’est prophète dans son pays. Déby n’est pas prophète au palais rose. Et même s’il est, il a besoin d’être conseillé, d’être contredit, d’être confronté dans ses idées afin de trouver des solutions idoines aux problèmes posés. En un mot il ne peut pas tout faire. Et c’est pour ça qu’il a délégué des responsabilités, et ceux qui l’ont doivent y veiller et en assumer la responsabilité et non pas se laisser guider par un cerveau qui n’est pas le tient.

Le peuple Tchadien a besoin d’être gouverné autrement, par des Hommes capables qui prennent des initiatives, des patriotes ayant un sens civique et l’amour de leur patrie.

Aujourd’hui on se trouve devant un dilemme. La date officielle de la promulgation du décret de referendum est passée, et il n’est prévu dans aucun passage de la constitution de promulguer le décret dans deux ou trois mois après modification mais dans 15 jours plus 8 jours de grâce qui fait en tout 23 jours après modification de la constitution.

L’attention de l’opinion nationale et internationale a été attirée par l’opposant Ngarlédji Yorongar. Depuis c’est un silence de mort qu’on observe du côté de la présidence de la république et de l’assemblée nationale. Le dernier remaniement gouvernemental ne dit rien au peuple tchadien. Nous voulons des réponses justes, des solutions appropriées, un issu de sortie favorable et bénéfique pour tous. Donc il faut poser le problème dès maintenant et en débattre, si possible initier des rencontre entre gouvernement – opposants- société civile. Ne restons pas à la dernière minute pour mettre le peuple Tchadien devant un fait accompli sans justice et antidémocratique. Par ce que si Déby a été choisi pour être élu c’est dans la démocratie que cela doit se passer même si beaucoup n’y croit pas trop. Mais chacun de nous est appelé à défendre l’image de son pays quoi qu’il en soit, n’oublions pas que nous sommes d’abord des Tchadiens par de vers tout et Déby est le président de tous les tchadiens.
La démocratie n’est plus un objet de l’histoire, ni assujettie à des conditions de possibilité. Elle est une revendication essentielle de toutes les sociétés, un droit fondamental qu’exigent les hommes dans tous les lieux et toutes les sociétés, quoi qu’en disent les derniers culturalistes. Il est, à jamais, acquis que la seule légitimité acceptable est la légitimité démocratique. Le défi même de l’époque est d’inventer la démocratie là où les «conditions» ne lui sont apparemment pas favorable. L’onde choc provoquée par cet oubli peut être considérée comme à l’origine du fossé existant entre l’«élite intellectuelle» et les «masses». Si les premières, emportées par les bouleversements à l’échelle mondiale, ont fait de la démocratie leur cheval de bataille, les secondes, bien que conscientes de son caractère salutaire, y cherchent encore leurs marques. L’on doit s’interroger alors sur les causes d’un tel décalage dont l’une des conséquences déplorables est la perte de repères, voire une crise d’identité politique qui ne dit pas son nom. Il y a une sorte de statisme qui donne l’impression d’une vie politique mouvementée au Tchad. L’agitation sociale est aggravée par une crise d’identité politique, dans une série de convulsions dont on n’est pas sûr de l’issue bénéfique au sens de la gestation d’un cadre nouveau. Autrement dit, nous voyons depuis plusieurs mois une scène politique mouvementée sur laquelle les acteurs se cherchent des rôles lorsqu’ils ne se contentent pas de faire de la figuration. On dirait même qu’ils trouvent leur utilité sociale dans ce seul fait d’être là où cela se passe. Au mieux, de faire bonne figure pour ne pas perdre la face. Une telle situation ne peut conduire qu’à de multiples interrogations. Est-on arrivé à une impasse politique et sociale sans l’avouer ? Ou bien, la génération d’hommes politiques en place a-t-elle atteint toutes ses limites ? Ou encore, ne doit-on pas reposer la question de la place et du rôle des partis dans notre démocratie ? Le plus inquiétant, cependant, est que tout le monde est quasi convaincu de l’inexistence de toute alternative alors que nous nous trouvons dans un pays dont l’action et la lucidité de la société civile et des forces vives doivent faire leçon en Afrique centrale. A-t-on définitivement cru au caractère indispensable de la politique politicienne telle qu’exercée par les entrepreneurs politiques au sein des différentes formations qui agitent notre quotidien, jusqu’à oublier d’attirer l’attention de chef de l’Etat sur un sujet aussi capital ?

L’expérience historique en matière politique a démontré que la reproduction sociale et la perpétuation du système clientéliste a été la malheureuse et seule constante depuis l’indépendance du Tchad. Et c’est comme si tout le monde, en même temps d’y croire, s’en accommodait. La croyance au caractère incontournable de l’engagement partisan, avec un militantisme alimentaire devant servir les intérêts particuliers, au-delà de toute préoccupation éthique, s’enracine bel et bien. Pourtant, avec l’avènement de l’alternance, il y avait un état d’esprit positif qui inspirait autre chose. Il y avait, là, une occasion en or de procéder à la révolution des mentalités après celle des urnes qui en était, sous certains angles, le signe annonciateur. Malheureusement, comme pour donner raison aux tenants de l’holisme méthodologique, l’homme-acteur devient vite prisonnier du système et la machine infernale se remet à tourner dans le même sens pour les mêmes «classes».

Devant une telle situation, où le débat public se réduit aux invectives renvoyées et reformulées, on doit, déceler les signes d’une usure. C’est que le débat - s’il en est un - ne fait plus sens et que les politiques de tous bords n’ont plus la capacité de résoudre les problèmes et de comprendre les demandes sociales qui ne manquent pas. Les citoyens ordinaires ont comme l’impression d’être oubliés et de ne plus servir que de vivier électoral que viennent se disputer des entrepreneurs-militants lors des différentes échéances. Le pays vit au rythme d’une éternelle campagne électorale. On a oublié que cette dernière servait à discuter les différents projets rivalisant de patriotisme, de sérieux, d’ambition à l’approche d’une élection. A défaut de projets convaincants, les différentes formations partisanes se réfugient dans le maniement de discours de type utopico-sophiste, lorsque le machiavélisme politique reste l’apanage d’une caste.

Notre actualité politique fournit des exemples d’une pertinence incomparable de ce processus de l’évolution cyclique du discours et des attitudes militantes. On fait la critique du système en place tant qu’on y est pas associé, pour finir par son apologie irraisonnée lorsqu’il nous ouvre ses mailles. Si seulement la nouvelle recrue devait, ainsi, contribuer à l’amélioration du système qu’il intègre dans le sens d’un apport positif, la transhumance serait, paradoxalement mais salutairement, une chance pour la politique. Mais, généralement, c’est le contraire qui se produit. Avec le malheureux effet d’en faire une voie d’ascension sociale au mépris de toutes les valeurs tant vantées par les chantres de notre nationalisme alors débordant.

Lorsque les partis et acteurs politiques se renvoient la responsabilité de l’extrême politisation de l’Etat qui devait être le garant de l’éthique de la neutralité objective, c’est qu’on est en mal de repères. Le fait que la société civile devient, de plus en plus, la cible des attaques politiques, est un signe que les formations partisanes ont dilapidé leur capital dans des querelles insensées et se sont rendu compte de leur homogénéité d’action et de vision. Si on se vaut tous, doivent-ils penser, les adversaires changent de bord et le combat de nature ! Une extrême prudence s’impose, alors, pour la société civile qui ne peut se transformer en parti des acteurs ordinaires, mais doit rester l’alternative et faire l’écho des préoccupations générales noyées dans les eaux troubles de la compétition politique. Cette dernière est, certes, l’arôme nécessaire à la confrontation des idées indispensable à la viabilité du système démocratique. Cependant, lorsqu’elle se fait aux dépens de l’acteur principal qu’est le citoyen, elle repose, avec acuité, le problème de la représentativité politique qui n’est pas qu’un simple idéal. Une concertation élargie à toutes les forces vives serait un début de solution à cette crise d’identité politique. Il ne s’agit pas de pourparlers dans lesquels on perdrait son âme pour être écouté, ni de se rejeter mutuellement pour se faire entendre. Simplement, il faudrait arriver à un état d’esprit citoyen qui aiderait à dédramatiser la contradiction et en faire le socle de la critique constructive. Autrement dit, les différentes ambitions que les acteurs politiques - du pouvoir comme de l’opposition - ont pour le Tchad, doivent motiver l’action de chacun. Sans faire de l’opposition systématique ni de l’entêtement politique, tous doivent travailler pour l’évolution de la chose commune et l’émergence d’un Tchad émergent.

Ceci ne veut point dire une uniformisation qui tuerait le débat, véritable stimulant permettant l’éclosion de toutes les énergies positives. Seulement, on devrait arriver à cet état d’esprit selon lequel toutes les bonnes idées pour le Tchad seraient à prendre au-delà des appartenances partisanes et des ambitions personnelles. Si on arrive à ce stade, la démocratie, alors libérée de la mainmise des partis et des entrepreneurs politiques, comme idéal ou système permettant un développement harmonieux pourrait, enfin, commencer à faire sens. Et de là nous trouverons peut être ensemble une solution à cet imbroglio. Reste à savoir que doit-on faire démocratiquement pour trouver une alternative devant cette situation. C’est un sujet qui nous interpelle tous, loin d’une démocratie excessive à la Tchadienne.

Adoum GAGOLOUM

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