L'Association des Victimes des Crimes du Régime de Hissène Habré (AVCRHH) a commémoré la journée qui marque la fin de la procédure judiciaire enclenchée par les Chambres Africaines Extraordinaires (CAE) où Hissène Habré fut condamné à perpétuité le 27 avril 2017. Cette cérémonie a vu la présence de Conseiller aux Droits Humains, M. Makaila Nguebla représentant le président de transition. La commémoration s'est déroulée à « la plaine des morts » au quartier Goudji Hamral Goz dans la commune de 1er Arrondissement de la capitale tchadienne. Reportage.
Il est 8h quand les victimes de Hissène Habré se sont mobilisées pour venir dans un espace vaste baptisé « la plaine des morts », lieu où plusieurs victimes ont été enterrées durant les 8 ans de règne de Habré, déclare le Président de L'AVCRHH Adoumbaye Dam Pierre. Arrivée sur le lieu, l'on constate plusieurs banderoles accrochées sur lesquelles, il est écrit, « Union Africaine, gouvernement de transition, arrêtez l'hémorragie, 6 ans après, 500 décès plus de 300 malades couchées », sur la deuxième banderole, « nous victimes veuves et orphelins exigeons la mise en place du fond judiciaire dès le mois de mai », « les victimes veuves et orphelins exigent l'édification de Ex-DDS en musée ». Les orphelins ont tous attaché une écharpe de couleur rouge sur leurs têtes et se sont levés, les mains sur la tête pour exprimer leurs mécontentements. D'autres victimes et orphelins ont porté des t-shirts à l'effigie de cris scandant, « orphelins debout pour vos droits », « la DDS a tué mon père et ma mère, indemnisez les orphelins », « 5 ans après le procès de Dakar, la honte de l'Afrique entière » pour exprimer leurs mécontentements.
La représentante des veuves affirme que « ça fait 39 ans que nous pleurons, nous versons des larmes chaudes, la marmite de la veuve est vide, le panier est également vide ». Elle ajoute, « pendant 39 longues années, les orphelins ne sont pas allés à l'école par faute de moyens ». Elle interpelle le gouvernement de regarder la marmite et le panier de la veuve et appelle le président de transition qui est leurs fils à penser pour elles afin d'arracher la bénédiction des veuves pour gouverner plus longtemps le pays, a-t-elle dit.
Le représentant des orphelins, lui, a demandé à tout le monde d'observer une minute de silence en mémoire des disparus afin de faire l'estimation. La cellule de N'Djamena comptabilise 1632, celle de province compte 2872 dont 1428 désespérés. « Les orphelins sont abandonnés à leur triste sort parmi lesquels figurent des diplômés sans emplois, plusieurs décédés et plus de 78 couchés malades sans oublier des locataires orphelins expulsés de leurs maisons » a-t-il souligné.
Pour le président de l'AVCRHH Adoumbaye Dam Pierre, les principes de normes et de droit international font partie de l'obligation de l'État afin de prévenir les violations des droits de l'homme et d'enquêter sur ces violations puis de prendre des mesures contre les auteurs de ces violations afin d'assurer la réparation des victimes. Selon lui, le Haut-Commissariat des Nations unies au Droit de l'homme a souligné que, « la mort de l’ex-président ne constitue en aucun cas un obstacle à la mise, du fond du jugement et de réparation à la chambre extraordinaire africaine ». Pour lui, la question de l'indemnisation qui sous-tend les décisions judiciaires est restée lettre morte, car la commission de l'Union Africaine est entrée dans une somnolence pathologique, a-t-il dit. Il poursuit, « si demain, nous ne recevons pas de réponse appropriée à notre sommation, les victimes veuves et orphelins seront dans l'obligation de mener des actions citoyennes et la responsabilité sera imputé au gouvernement et à la commission de l'Union Africaine ». Il ajoute que le ministre des Droits humains a fait la pose de pierre sur le lieu depuis 2011, il n'y avait pas encore des habitations, aujourd'hui cet espace donné par le gouvernement, les gens ont morcelé et ont vendu. Il affirme qu'ils vont récupérer leur espace qui leur revient de droit. Enfin, il relève qu'ils continueront toujours avec la lutte jusqu'à la satisfaction totale.
Noël Adoum