La nouvelle guerre du Tchad a commencé…

Written by  Juil 29, 2005

Généralement, quand nous parlons de guerre au Tchad, nous ne voyons que des belligérants tchadiens issus de groupes et régions hostiles et parfois soutenus par des mercenaires venus de l’autre côté de la frontière selon les affinités. C’est une vue très partielle de la réalité des enjeux que constitue notre pays. En vérité, les causes et les sources extérieures de notre drame national sont les facteurs déterminants à ne pas ignorer dans toute analyse et toute démarche visant à trouver des solutions durables et profitables.

La première guerre extérieure du Tchad, en dehors de la colonisation française, était franco-anglaise à la bataille de Fachoda, guerre perdue par la France. Ensuite, la France néocoloniale sera confrontée aux velléités hégémoniques arabes sur le Tchad par la Libye et le Soudan via le FROLINAT. Cela durera quinze années en termes de guerre civile jusqu’à ce que, par accord tactique, la France sauve la mise en soutenant le même camp que les Arabes. La troisième guerre tchadienne vit l’alliance de la France et des USA contre l’expansionnisme territorial libyen sous Hissène Habré. Une fois encore, la France sauva sa mise par la foudre des FANT (Forces Armées Nationales Tchadiennes), pendant que, sous la loi du silence, 40.000 de nos compatriotes disparaissaient dans les ténèbres de la répression politique. Aujourd’hui, c’est la quatrièmeguerre qui commence sous nos yeux, cette fois entre la France et les USA sur le Tchad.
Pourquoi cette nouvelle guerre ? D’un point de vue géostratégique, plusieurs raisons semblent la justifier. La première est la construction de l’Europe et le triomphe du libéralisme économique dans le monde, mettant les pays dominants en concurrence loyale. En conséquence, il ne devrait plus avoir de pré-carré, de chasse gardée en Afrique, chacun pouvant s’installer là où ses capacités technologiques et l’offre d’intérêts nouveaux le permettrait. La seconde découlant logiquement de la première, c’est que les puissances industrielles allaient redessiner la carte du monde en fonction des découvertes avérées des zones potentiellement riches. Alors, la France s’est vue marcher sur les pieds par le géant américain qui réfuta la thèse gaulliste de la pauvreté du sous-sol tchadien par la découverte d’un lac de pétrole alléchant. La troisième raison concomitante est la capacité d’une puissance de réaliser son impérialisme en exploitant effectivement les richesses qu’elle convoite. Là encore, le pays de Bush, par Banque Mondiale et Esso interposées, démontra qu’il est le plus fort et que l’enclavement du Tchad ne sera en rien un frein à ses nouvelles ambitions sur le continent. La réalisation du pipeline Tchad-Cameroun bouleversera définitivement la donne pays enclavé = pays pauvre. Alors interviendra l’autre raison, le contrôle de l’économie du pays. Initialement, la filière coton était le poumon dominé par les intérêts français, mais atteint d’une tuberculose nécessitant une longue et hypothétique cure. Aujourd’hui, la principale richesse est le pétrole qui sera géré d’une manière originale totalement incompatible avec les méthodes Total Elf du golf du Congo. À partir de ce moment, il ne reste plus à la France que des symboles à défendre au Tchad.
Le symbole le plus sacré, c’est sa présence militaire qui rappelle que c’est elle qui décide de la gouvernance de ce pays. Et cela doit aller de pair avec ses intérêts ou du moins à un rythme contrôlé par elle. Malheureusement, après une décennie d’expérimentation du discours de La Baule, ni le rythme ni les pas de danses ne semblent convenir aux Tchadiens. C’est que ceux-ci ont pris conscience de leur isolement et de leur grand retard par rapport aux autres pays africains et au monde moderne, et aussi de l’aubaine inespérée de l’exploitation de l’or noir. Alors où prendre les ordres ? À Paris ou à Washington ? Concrètement, la direction de Washington a pris le pas sur Paris devenu une simple escale, à cause notamment du poids des institutions de Brettons Wood dans la gouvernance du pays. Apparemment, les voix anglo-saxonnes, qui ne se considèrent pas comptable des décennies d’errements et de déchirements des Tchadiens, semblent aller vers les horizons prometteurs que ces derniers croyaient leur être fatalement interdits. Même en matière de formation universitaire et technique, on observe une forte attirance des jeunes tchadiens vers les plateaux d’Amérique du Nord (USA, Canada) et un désintérêt pour l’Hexagone.

Comme toute nouvelle guerre, il faut des thèmes publicitaires pour en préciser la nature et l’ampleur éventuelle. Nous y avions été copieusement servis à l’occasion de la commémoration de deux fêtes nationales de taille cette année : celle de l’Indépendance des USA le 1er juillet et celle connue du 14 juillet français. En ces circonstances, les représentants officiels des deux grandes puissances vont ouvrir la boîte à pandores, c’est le match dont le reportage en direct suit. Il y a schématiquement deux équipes sur le terrain : d’un côté le camp du régime de M. Déby et ses alliés, avec pour coach Son Excellence Jean-Pierre Berceaux, Ambassadeur de France et, de l’autre le camp des forces dites du « Changement » comprenant l’opposition CPDC, la société civile (Associations de Droits Humains, Syndicats) et surtout en ligne d’attaque la presse privée indépendante écrite et audiovisuelle, avec pour coach Son Excellence Marc Wall ambassadeur des USA et coach adjoint la Banque Mondiale. Mais à l’occasion du référendum constitutionnel, le match avait subitement pris une tournure inquiétante pour le camp du régime, en l’absence du capitaine. Alors le coach Son Excellence Jean-Pierre Berceaux a préféré s’emparer du brassard de celui-ci et de prendre sa place sur le terrain, sans enfiler le maillot de l’équipe.

Cette intervention inattendue rend le match encore plus passionnant, car la ligne d’attaque adverse menée par la presse indépendante a semé une grande confusion dans la défense du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) au pouvoir. C’est pourquoi l’illustre Représentant de la France gaulliste préféra se substituer au Haut Conseil de la Communication (HCC) et à l’ODEMET (Observatoire de Déontologie et Ethique des Médias), pour redonner l’avantage à son équipe. Le retour du grand capitaine Idriss Déby sur le terrain, en pleine forme, présage une pluie de cartons pour tacles et pugilats à main armée. La seconde mi-temps et les prolongations risquent d’affecter la sous-région CEMAC et le Darfour, car les réservistes Hassaballah Soubiane, Hassane Merdégué, Mahamat Nour et consorts des rébellions armées s’impatientent de remplacer les blessés et les cadavres du match. Or, le Général Déby n’aime pas les prolongations et préfèrera mieux en finir avec ses adversaires avant la fin du temps réglementaire, en l’occurrence les présidentielle de 2006. Du suspens pour les « incidents de parcours » en perspective.

L’Ambassadeur Marc Wall des USA a annoncé la tactique suivante, extraite de son discours historique du 1er juillet dernier, en rappelant les valeurs de la Révolution américaine : « Ces valeurs vivent dans le cœur de chaque américain, que tout être humain naît égal aux autres ; que nous avons le droit de vivre en liberté ; que le peuple devrait choisir son propre gouvernement ». Il commet une lèse-majesté historique en positionnant son pays sur le podium international des libertés : « Les gens à travers le monde entier luttent aujourd’hui afin de réaliser ces valeurs dans leur pays ». De là, un simple pas pour entraîner le Tchad au rang des supporteurs logiques : « Le Tchad est confronté au défi de la construction d’une démocratie. Devant lui se trouve une tâche urgente : la mise en place de ce que Koffi Annan appelle « le changement paisible et constitutionnel du pouvoir ». Le peuple tchadien va choisir ses chefs politiques dans une série d’élections durant l’année qui vient ».  Alors, le Représentant de l’Oncle Sam sort l’As de pic, une véritable communion avec les tendances actuelles de l’opinion nationale : « Vous seuls pouvez choisir votre avenir. Mais nous partageons l’espoir de tous ceux qui croient que vous ayez le droit de le faire à travers un processus électoral ouvert et crédible. Nous partageons la conviction que les votes du peuple tchadien doivent être comptés sans manipulation ; que les listes électorales doivent être justes ; Que toutes les voix doivent se faire entendre, sans crainte de harcèlement ; que les droits des groupes minoritaires doivent être respectés ; Qu’aucun groupe n’est au-dessus de la loi ; Que le jugement rendu par vos bulletins de vote doit être respecté par tous ; Et que la violence ne doit jamais être tolérée. Le Tchad, tout comme mon pays, a connu les affres du conflit civil. Notre espoir est que les Tchadiens vont maintenant se réunir pour forger un consensus, dans le cadre de votre constitution, à propos de la direction de votre nation ». Au passage, il fait un clin d’œil accusateur aux Français comme pour se moquer de leur présence militaire perpétuelle et inefficace : « Et dans le cadre de notre coopération avec le Tchad dans la lutte contre le terrorisme, nous gardons toujours à l’esprit ce simple fait : que les démocraties ont besoin des soldats et des policiers bien formés et efficaces, et que ces soldats et policiers doivent toujours respecter les droits de ceux qu’ils protègent ». Un vrai bouquet de fleurs aux ADH qui s’occupent particulièrement du suivi de cette situation. Et M. Marc Wall d’esquisser le V de la victoire par forfait ou abandon de l’adversaire : « C’est un défi que vous seuls pouvez relever. Mais, comme le Président Bush l’a dit, « quand vous soutenez la liberté, nous vous soutenons ». Les mots utilisés et la logique des idées ne sont pas des erreurs de traduction en français de ce discours peu ordinaire.

Ce discours de M. Wall, au nom du Président Bush, intervient pendant que les journalistes sont l’objet d’un harcèlement et de menaces, et après que les USA venaient de fournir un appui matériel substantiel aux communicateurs. Il y a match parce qu’il y a des adversaires, et la réaction du coach adverse ne s’est pas fait attendre. Son Excellence Jean-Pierre Berceaux, devant le parterre des hauts-fonctionnaires venus célébrer avec lui le 14 juillet, passa à une contre-attaque digne du ton observé entre Français et Américains sur le conflit iraquien. Dans un langage ferme, il rappelle son rôle immuable de « Chef de terre tchadienne et grand maître des rites politiques initiatiques ». Et l’éminent diplomate montrera ses gants et sa matraque à la presse indépendante pour la rappeler à l’ordre : « Laissez-moi évoquer un sujet important ; il s’agit de la liberté de la presse et de la déontologie des journalistes ; La France, depuis toujours, est un ardent défenseur de la liberté de la presse… Mais la France est là pour défendre la liberté de la presse, elle ne saurait cautionner les déviances d’une certaine presse et le manque d’éthique de certains journalistes ou de ceux qui prétendent l’être. Oui, la France soutient et soutiendra une presse d’investigation et non pas une presse manipulatrice qui confond faits et commentaires ; Oui, la France soutient une presse libre et indépendante et non pas une presse partisane ou inféodée à certains intérêts particuliers ; Oui, la France soutient et soutiendra une presse honnête et sincère et non pas une presse raciste qui exacerbe le communautarisme et dresse les groupes ethniques les uns contre les autres à l’intérieur du Tchad ; Oui, la France soutient et soutiendra une presse qui respecte les droits de l’homme et non pas une presse qui désigne à la vindicte populaire d’honorables citoyens tchadiens présentés comme traîtres à leur ethnie, en les qualifiant de façon humiliante de « Laoukoura » ; Oui, la France soutient et soutiendra une presse qui respecte la dignité nationale tchadienne et non pas une presse qui cherche à salir, par tous les moyens , l’image extérieure du Tchad et des Tchadiens ». Jamais une telle vision rébarbative de la presse n’a eu cours en France, même dans les milieux extrémistes du Front National. Jamais un pays étranger n’est entré dans des détails aussi subjectifs à l’égard de personnes ayant un nom propre (Garondé, Samory, Didama, etc.), leur donnant des pouvoirs et une influence que nous sommes tout surpris de découvrir maintenant. À dire que ces personnes modestes soient à la base de toutes les violations massives et systématiques des droits de l’homme, donc qu’elles commanditent même les faits macabres quotidiens commis par des agents impunis et incontrôlés du régime ? Les conflits intercommunautaires et le tribalisme seraient l’œuvre de la presse indépendante ! C’est elle qui aurait défait le savant maquillage de « l’image extérieure du Tchad et des Tchadiens ! »

La rage de la France à leur égard sera encore rappelée à la fin du discours : « Cependant, il faut souligner que les médias ont pour mission de sensibiliser et d’informer la population, pas de la manipuler et encore moins d’instiller la haine raciale ou d’encourager les conflits ethniques internes. Aussi est-il indispensable, pour les responsables des rédactions, de veiller à ce que le code d’éthique et de déontologie du métier de journaliste soit appliqué correctement ». Le HCC et l’ODEMET sont désormais disqualifiés pour n’avoir pas perçu tous ces dérapages graves cités par l’illustre Représentant de la France du 14 juillet 1789. Le retour dans les prisons de la Bastille tchadienne est promis aux brebis galeuses en ces termes : « Ne vous laissez pas dominer par ceux qui, en votre nom, utilisent des procédés détestables, indignes et mensongers pour provoquer le scandale et qui, s’abritant dans vos rangs, tentent de ruiner l’excellente réputation de votre corporation ». Le comble ! La caution claire à une chasse aux sorcières dans les milieux de la presse indépendante suggérée par la France ! Tellement que nos rédactions sont mineures et immatures, elles se sont laissées infiltrées par des mercenaires venus tout droit de la radio des « mille collines » du Rwanda ! Et la France veut prévenir un génocide, au vu du nombre de fois que des mots tels que « racistes », « ethnies » sont placés dans ce discours historique à classer au même rang que celui dit de « Brazzaville ».

Pourquoi un tel acharnement contre la presse d’un pays indépendant ? Pourquoi ce chantage pour rappeler l’époque de la dictature, comme si la France regrettait ce « cadeau » de La Baule qu’est la liberté d’expression « mal utilisée » par les Tchadiens ? La réponse est simple : le rôle joué par la presse privée écrite et audiovisuelle par rapport au référendum a du considérablement gêné le travail routinier des barbouzes françaises rompues dans la manipulation médiatique de tels évènements. La fête promise après cette formalité institutionnelle est compromise, comme à Abidjan et à Lomé. L ‘amertume se traduit donc par l’agitation des vieux masques qui font peur aux élites tchadiennes : le rappel de notre sombre passé. C’est incroyable que Son Excellence Jean-Pierre Berceaux ne prenne même pas soin, dans sa croisade contre la presse indépendante, de dénoncer préalablement l’arbitraire et l’illégalité des arrestations des communicateurs par l’Agence Nationale de Sécurité (ANS) et la «régularisation » des poursuites après coup. Des déviances qui semblent se justifier eu égard aux péchés graves dont il accuse, au nom de la France du 14 juillet 1789, les pauvres journalistes et collaborateurs de presse. Sûr que les demandes de visas pour la France seront examinées à la loupe pour les communicateurs, selon que leur plume ou leurs commentaires plaisent ou non au parapluie des intérêts français locaux. La condamnation prononcée par le tribunal de N’Djaména remanié pour la circonstance ce 18 juillet 2005, à de lourdes peines de prisons contre Garondé Djarma (3 ans de prison ferme) et Samoryngar (3 mois de prison ferme), conforte le constat de la force de l’ingérence française directe dans les affaires tchadiennes. La peur qui s’en suivra pour les autres devrait permettre aux esprits de « se calmer » et d’accepter le cours des évènements selon la volonté souveraine de Paris : c’est ça la Françafrique !

Si la presse et la classe politique se laissent faire, les Français auront les coudées franches pour se livrer à leurs jeux favoris de division et de défaire le consensus national actuel dont a fait mention Son Excellence Marc Wall des USA, mais que rejette catégoriquement la France. Moyennant les méthodes brutales connues, d’ici quelques mois, l’opposition, la société civile et les libres penseurs que nous sommes, après avoir encaissé des coups sérieux voire fatals, n’auront pas d’autres choix que de venir s’effondrer, comme des momies dans leurs sarcophages, autour « d’une Table Ronde apaisée » pour recevoir le coup de grâce de la démocratie hasardeuse. Du moins pour ceux qui ne seront pas déjà au cimetière des « incidents de parcours » ! Voilà comment notre génération sacrifiée, qui n’arrive pas à s’adapter aux vieux schémas de la Françafrique, devrait comprendre le discours historique du 14 juillet 2005 à la Résidence de France à N’Djaména !
Nous rappelons que M. Jean-Pierre Berceaux n’est pas le premier ambassadeur français à violer son statut diplomatique de neutralité, pour se jeter dans l’arène locale. De tout temps, ses prédécesseurs l’avaient fait à chaque fois que le pouvoir qu’ils soutenaient était en difficulté. Ainsi, en 1994, le très distingué ambassadeur Aubin de La Messuzière crut bon, en s’impliquant fortement dans la vie politique tchadienne, de corriger le charabia local. Ce qui lui valut la levée de boucliers de l’Association des Etudiants de l’Université du Tchad (AEUT). Les étudiants tchadiens développèrent, dans une lettre ouverte datée du 13 janvier 1994 d’une virulence inouïe, l’idée d’actes de terrorisme contre les intérêts français au Tchad.

Pour ces jeunes n’ayant connu que la guerre et les turpitudes d’une classe politico-militaire défaillante, la politique française était à la base de tous les maux du pays. Alors, sans se cacher, la très officielle AEUT promit de prendre en otage le Premier Représentant de la France officielle, M. De La Messuzière ou certains coopérants français, pour obliger au changement des rapports bilatéraux incriminés. « Nous faisons savoir à la France qu’elle continue de garder son silence complice face à l’aggravation de la crise sociale que traverse le Tchad. Etant donné que la France est au centre de la prise de grandes décisions au Tchad,…la France a intérêt à changer sa politique au Tchad et doit la changer. On ne le répétera jamais assez : la politique française de ses colonies, et en particulier au Tchad, consiste en la protection de ses intérêts. Dans cette situation d’escroquerie qui va galopante, les dignes fils du Tchad ne peuvent s’empêcher de s’y opposer au besoin l’enrayer », écrivaient-ils dans la lettre ouverte à M. De La Messuzière. Et d’ajouter : « En ce qui concerne la politique française au Tchad, nous ne cesserons de dénoncer les velléités hypocrites et égocentriques de la France qui, par l’entremise de certains pantins tchadiens, malmène justement et présentement la gestion du pays. Pour la France, le Peuple tchadien doit demeurer dans un état de pauvreté et de misère continue, malgré ses potentielles richesses. Quant à la coopération militaire française au Tchad, n’en parlons plus car elle est source de lutte et de division. Nous constatons avec regret que la présence militaire française au Tchad ne profite qu’à une caste de privilégiés au détriment du peuple tchadien. C’est pourquoi Élèves et Étudiants exigent le départ immédiat et sans condition de ces forces militaires françaises. Car ce que les soldats français font au Tchad ne reflète pas ce que nos grands-parents ont fait pour la France après l’appel de Londres du 18 juin ».

Les animateurs actuels de la presse privée indépendante, des associations humanitaires et des syndicats sont majoritairement issus de cette génération d’étudiants révoltés de 1994. Leurs regards et leurs récriminations envers la politique française en Afrique n’ont guère changé, bien au contraire. Son Excellence Jean-Pierre Berceaux devrait s’en rendre compte lors des dîners de « conditionnement » auxquels il les convie régulièrement à sa résidence. La loi naturelle voudrait que ces espèces de « Blé-Goudé » à la Tchadienne arrivent inévitablement un jour au pouvoir dans leur pays, même en empruntant les voies tortueuses de la force si tel était le seul chemin possible. Quel sera alors l’ampleur du fossé idéologique et d’intérêts, du conflit de générations entre ces jeunes et les maîtres vieillissants de la Françafrique ? L’Histoire nous le dira bientôt !

      Confusion entre faits et commentaires ? Incitation à la haine tribale ? Le coach français a déjà tout dicté les qualifications requises aux dossiers des journalistes pourchassés à la justice. Pourtant, les affrontements intercommunautaires sont connus : Yomi, Bongor, Bisney, Moïto, Ninguillim, etc. Aucun observateur, aucune enquête indépendante et impartiale n’a établi jusqu’ici un lien de causalité et la responsabilité des médias, tant gouvernementaux que d’opposition dans ces conflits sanglants et répétitifs. Les centaines de victimes de la haine tribale sont tombées sous les balles de groupes connus et impunis à ce jour : n’y a-t-il pas de règles de déontologie de cohabitation pacifique et de loi pour ces groupes particuliers ? Il aura fallu ce 14 juillet 2005 pour découvrir une autre lecture lunaire des faits macabres avérés de la vie quotidienne et nous craignons que cette lecture originale inspire les rapports des barbouzes à Paris et justifie de nouvelles répressions dans notre pays. Car les « Papon » du Tchad s’appellent désormais Garondé, Samoryngar, Nadjikimo, Didama, Tchanguiz et les autres qui seront bientôt débusqués, selon le vœu de M. Jean-Pierre Berceaux. La Lettre ouverte des Kréda ? C’est une fabrication de Samoryngar coordinateur du Journal L’Observateur, un pauvre « Laoukoura » inoffensif ! La haine tribale et ses faits d’armes, c’est le vieux Garondé, auteur du livre « Témoignage d’un militant du FROLINAT » paru chez L’Harmattan ! Le cerveau de la rébellion à l’Est, c’est Didama le Directeur du Journal Le Temps ! Les détournements massifs et la corruption ambiante, ce sont des inventions d’une presse d’intoxication « qui désigne à la vindicte populaire d’honorables citoyens tchadiens présentés comme traîtres à leur ethnie ». Presse partisane ? Y a-t-il un seul organe de presse en France qui ne soit partisane et qui ne relève d’intérêts politiques ou économiques connus ? M. Jean-Pierre Berceaux, au nom du droit d’ingérence historique de la France, somme la nôtre de se comporter en extraterrestres ou en apatrides. Et quoi encore ?

Pour toutes ces raisons et d’autres, la bénédiction urbi et torbi vient d’être donné pour une remise au pas de la démocratie tchadienne selon le rythme et les modalités dictées par la France jusque dans les plus petits détails des rédactions privées.
Dix années après l’incident « isolé » de l’AEUT, au vu des réactions immédiates du camp du « Changement », nous vivons la résurgence des sentiments anti-français qui couvaient poliment. Les grands collectifs tels que l’Union des Radios Privées du Tchad (URPT), la coalition des associations de défense des droits humains, le Syndicat des Enseignants du Tchad (SET), la CPDC ont fustigé, en des termes plus virulents que l’AEUT en 1994, la politique française au Tchad comme une vieille rancœur longtemps camouflée. Le sentiment anti-français renaît sous un nouveau jour au Tchad, après la Côte d’Ivoire. Mais cette fois-ci, il y a un rival de taille qui ne lésinera pas sur les moyens pour gagner la mise ; Contrôlant déjà la principale richesse du pays, il lui reste le cœur des Tchadiens : les USA de Georges Bush ! A suivre…

Enoch Djondang

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