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Levée de suspension des partis politiques, « la lutte continue » selon les concernés

Jan 21, 2023

Trois mois après leur suspension à la suite de la manifestation du 20 octobre, les partis politiques concernés ont été autorisés hier 20 janvier par le ministre de l'Administration du Territoire à reprendre leurs activités. Quelques leaders de ces formations politiques ont réagi au micro de Ialtchad Presse. Reportage.

Sept partis politiques organisateurs de la manifestation du 20 octobre, Le Parti socialiste sans Frontières (PSF), Les Transformateurs, Rassemblement pour la Justice et l'Égalité des Tchadiens (RAJET), le Front populaire pour la Fédération (FPF), Les patriotes (LP), Al-Takhadoum et le Parti des démocrates pour le Renouveau (PDR) sont autorisés à reprendre leurs activités politiques. Leur suspension est arrivée à terme, selon un communiqué officiel rendu public par le ministre de l’Administration, M. Liman Mahamat.

Cette nouvelle est incongrue pour certains leaders politiques. Ils affirment sur un ton sec qu'ils n'ont jamais reconnu la suspension ni la levée des restrictions, qu'ils jugent illégitimes. C'est le cas du président du Parti socialiste sans Frontières, Yaya Dillo Djerou Betchi. Il affirme à notre micro, « pour nous, c'était une mesure illégale, venant d'une autorité totalement illégale. À partir du 20 octobre, cette junte s'est imposée en faisant un second coup d'État », dit-il. Selon lui, malgré cette décision sa formation politique a continué de fonctionner, mais avec des difficultés, « parce que la junte dispose de la puissance publique et l’utilise contre nos militants qui essayent de s’organiser », estime-t-il. M. Dillo ajoute, « si leur mesure de suspension est levée hier, tant mieux, cela les regarde. Nous continuons la lutte pacifique », a-t-il déclaré. Il estime aussi qu'il est nécessaire de changer de méthode, « nous allons certainement changer de méthode. Pour les futures actions, nous allons probablement nous imposer par d'autres types d'actions telles que, les villes mortes, grèves sèches, etc. », dit-il. Il poursuit, « pour l'instant, nous suspendons les marches, parce qu'ils permettent à la junte de tuer. C'est devenu une sorte de boucherie. Alors, temporairement nous suspendons les marches, mais le combat politique continue. L'espoir est là et il est permis. Nous allons arracher notre liberté », a-t-il affirmé.

M. Dillo n'est pas seul à refuser de reconnaître la suspension ou la levée de cette mesure. Ordjei AbdelRahim Chacha, président, du Rassemblement pour la Justice, l'Équité des Tchadiens (RAJET), partage pratiquement le même avis. « Nous n'avons jamais lâché prise malgré leur mesure. Au sein du RAJET nous n'avons pas reconnu cette suspension », dit-il. Pour Chaha, la lutte continue. Il affirme qu'une marche pacifique du peuple est déjà prévue pour le 25 janvier. « Nous revendiquons le départ sans condition de la dynastie et de la France, une alliée de la dictature », a-t-il confié. Selon lui la France contrôle le sol, le sous-sol, l'espace aérien et même les dirigeants. Il est temps de dire au revoir à ce mal cancérigène, a-t-il affirmé. Il finit par, « je ne suis pas contre la France ou les Français, mais je ne serais jamais d'accord avec sa politique d’ingérence ».

Abderamane Moussa Amadaye

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