2023 démarre mal chez les étudiants tchadiens. Plus rien ne marche entre le président de l'Union Nationale des Étudiants tchadiens (UNET) Mahamat Saleh Ahmat et le Secrétaire exécutif, section de N'Djamena Yaya Barkai Mahamat. Raison : un communiqué de presse en date du 9 janvier par le premier condamnant l'intégration des diplômés qu'il juge injuste et décrit les conditions d'études dans les 19 universités et écoles professionnelles du pays. Reportage.
Depuis l'intégration des plusieurs diplômés à la fonction publique une vive tension s'est déclenchée entre le président national de cette association et le Secrétaire exécutif pour la section de N'Djamena.
Le 9 janvier passé, M. Mahamat Saleh Ahmat Ali, président de l'UNET a animé un point de presse au cours de laquelle il a décrié les conditions de restauration, de transport, de terrains de sport, de lieu de recherche (bibliothèque et centre wifi), des amphithéâtres qu'il juge en deçà des attentes. Il a aussi dénoncé l'intégration à la fonction publique des milliers de diplômés qui a lieu en décembre 2022. Selon lui, cette intégration s'est faite par affinité, elle est discriminatoire. Il a estimé que ce sont les enfants des hauts cadres du pays qui ont été intégrés au détriment des étudiants qui ont fréquenté les universités et les écoles professionnelles du pays. Cette situation lamentable de marginalisation est, selon lui, l’œuvre de ces responsables. L'UNET a donné un délai de 3 jours au gouvernement pour trouver des solutions, passer ce délai des actions d'envergures seront menées, disait le communiqué
Aussitôt, le Secrétaire exécutif, section de N'Djamena, Yaya Barkai Mahamat a réagi par un communiqué signé le 10 janvier appelant les étudiants à ne pas suivre le mot d'ordre de l'UNET. Il dit être conscient des difficultés auxquelles sont confrontées ses collègues et affirme que des négociations sont en cours avec les autorités pour qu'une solution soit trouvée, a-t-il déclaré. Toujours selon lui, les revendications pour une meilleure condition d'étude sont légitimes, mais il estime que l'année académique a perduré et donc il est hors de question de faire la grève.
Ce communiqué n'aurait pas plu à M. Mahamat Saleh Ahmat Cissé. Ainsi par une décision, Yaya Barkai a été suspendu de ses fonctions de Secrétaire exécutif, section de N'Djamena pour faute grave.
Interrogé par Ialtchad Presse sur sa suspension, M. Barkai dit, « je ne suis pas suspendu et je ne serai jamais suspendu, car aucun texte de l'UNET ne stipule une telle suspension », a-t-il déclaré. Il estime que le texte permet plutôt aux secrétaires exécutifs des sections de le suspendre et non le contraire, a-t-il affirmé. « Nous n'allons plus le reconnaître parce qu’il revendique quelque chose qui ne relève pas de la compétence de l'UNET. Il revendiquait l'intégration », dit-il. M. Barkai soutient qu'après la publication de l'intégration des diplômés, le président de l'UNET l'a consulté sur un dossier. « Ce dossier semble être la non-intégration des 11 membres de l'UNET qui devraient être intégrés par le Secrétaire particulier du Président de la Transition alors cela n'a pas marché, il veut faire recours aux étudiants pour manifester et nous n'avons pas adhéré à cette idée », a dit le Secrétaire exécutif section de N'Djamena. Il estime qu'il n'est pas possible de chercher l'intégration en étant étudiant.
Dans la foulée, M. Barkai a affirmé que le Président de l'UNET a été relevé de ses fonctions sur consensus des secrétaires exécutifs provinciaux et d'ici. « Désormais, il n'est plus Président » a-t-il précisé.
Au sujet des manifestations qui ont eu lieu, jeudi passé à Toukra et vendredi dernier à Ardedjoumal pour la revendication des meilleures conditions d'étude, M. Barkai affirme qu'il s'agit « d'un petit groupe d'étudiants qui n'atteignent pas 10 personnes, manipulées et droguées. Ils viennent brûler de pneus et fuir », a-t-il martelé.
Joint au téléphone, le Président de l'UNET de son côté affirme que les manifestations ont été déclenchées après l'écoulement de délai 3 jours est accordé au gouvernement sur les conditions déplorables d'études. « Nous avons des difficultés liées à la restauration, au transport, au WiFi, etc. À cela il faut ajouter la réhabilitation de notre bourse coupée depuis 2016 ». Il ajoute, « la question de bourse a été débattue au Dialogue national, mais jusqu'à là cela n'a pas été réhabilité », a-t-il renchéri. M. Mahamat Saleh Ahmat rejette en bloc les accusations du secrétaire exécutif, section de N'Djamena. Il estime que ce dernier est l'œil et les oreilles des autorités à l'université de N'Djamena. « Il n'a jamais défendu la cause des étudiants. Celle du gouvernement, oui. Il travaille pour ses intérêts égoïstes donc je l'ai suspendu », dit-il. Il poursuit, « J'ai reçu des offres pour mon intégration, mais je suis en master 2. Je ne suis pas pressé, j'ai refusé. Mon objectif c'est de défendre l'intérêt général des étudiants », a-t-il confié. Au sujet des revendications, le président de l'UNET affirme que la lutte n'est pas finie. « Nous allons continuer à manifester jusqu'à la satisfaction totale et légitime de nos droits ».
Abderamane Moussa Amadaye