Dès la prise du pouvoir par le MPS en 1990, le domaine où le président Idriss Deby Itno a vraiment réussi et brillé, était la politique Étrangère. En 1991, l’Honorable Soungui Ahmed Kotoko et le Général Mahamat-Ali Abballah Nassour ont su brisé la gérontocratie du régime dictatorial de l’ancien président Habré, qui servait de blocage à la Diplomatie tchadienne, au profit de l’affairisme de certains barons et leurs Agents, placés dans nos Ambassades à l’Extérieur.
Au début du règne du président Deby, et indépendamment des contingences politiques et tribales subjectives, des cadres qualifiés et dynamiques, tous issus des sensibilités politiques variées, ont été nommés dans les structures du Ministère des Affaires Etrangères. Cette élite compétente et diversifiée dans sa composante sociale que politique, se donnait corps et âme pour servir l’Etat tchadien et défendre sa souveraineté et ses intérêts sur le plan international. A cette époque, les Cadres et Agents du Département, même n’étant pas membre du Parti au pouvoir ou appartenant à des formations politiques de leur choix, ont la confiance de leurs Ministres qui leur confiaient des responsabilités au sein du Département des Affaires Etrangères, sans aucune susceptibilité. Oui, ils ont compris que l’importance de la Diplomatie est loin, au-dessus des calculs d’un parti politique.
Cela a créé donc un stimulus au sein du Département et donné un souffle nouveau et dynamique à la diplomatie tchadienne. La crédibilité du Tchad sur le plan international est ainsi constatée et reconnue au niveau des Etats et des Organisations internationales. Bien qu’avec des moyens humains et financiers limités les Cadres du Département des Affaires Étrangères et les Diplomates tchadiens, encouragés par l’engagement sérieux de leur hiérarchie, étaient motivés dans leur travail pour faire rayonner l’image de marque du Tchad sur le plan international. Cette période était presque l’apogée de la Diplomatie tchadienne. Le Tchad était respecté par tous ses voisins et partenaires internationaux, au niveau bilatéral que multilatéral. Il n’y avait pas de discrimination, pas d’intimidation, ni d’hostilité même verbale à l’égard des Agents et Cadres du Département. Il n’y a pas non plus de belligérance à l’égard de nos voisins et nos partenaires étatiques, moins encore à l’égard d’un parti politique ou d’une composante ethnique du pays.
La courtoisie comme dans notre jargon diplomatique existait entre tous et les uns les autres se respectaient au Département. Au niveau de la hiérarchie, il n’y avait aucune intimidation politique, pas de menace voilée, ni de diatribes primaires à l’égard des agents et de leur Communauté, quel que soit leurs origines. Le respect et la dignité des hommes étaient de rigueur.
Les Ministres Soungui Ahmed Kotoko et Mahamat-Ali Abdallah Nassour ont toujours associé dans leur mission extérieure des Cadres du Département, même s’ils ne sont pas de leur ethnie ou de leur connivence. La grandeur d’esprit de ces Hommes d’Etat, est certes un signe de respect pour eux-mêmes, mais aussi pour leurs collaborateurs au Ministère. La course aux frais de Mission et aux Caisses d’Avance n’existait pas et chaque Fonctionnaire ou Agent qui traite un dossier est d’office désigné pour prendre part à la mission qui en résulte. Les Agents et Cadres du Ministère se perfectionnent dans leur domaine et zone d’activités. C’était réellement la transparence dans la gestion efficace de la Diplomatie tchadienne.
Aujourd’hui à l’ère pétrolière, le Tchad a suffisamment des ressources financières que dans les années 90. Les potentialités et ressources humaines existent et se sont même spécialisées grâce à l’expérience internationale des uns et des autres au sein du Département, mais aussi à l’Union Africaine, ou encore à l’ONU et dans ses Opérations de Maintien de la paix. Mais depuis ces derniers temps, la méthode de gestion de notre diplomatie qui devrait tenir compte des potentialités disponibles du Département, semble se stagner aux pratiques s’inspirant toujours des vestiges hérités de l’ancien régime. Des hauts cadres qui avaient servi au Département depuis des décennies, sont systématiquement combattus et injustement abandonnés à eux-mêmes et on puise des parents et cousins sans réelle qualification et expérience sérieuse pour faire leur promotion ; ou encore on déterre dans les quartiers ou a l’extérieur des inconnus du Département dont certains n’ont jamais été fonctionnaires pour les affecter dans nos chancelleries, au détriment des Agents qui ont servi longtemps au Ministère. Et on ne cesse de nous parler des reformes, d’économie à faire comme si l’Etat tchadien était en faillite. Tout cela au détriment des Agents et Cadres du Ministère qui croupissent et attendent l’exploit d’un messie, qui passent tout son temps à l’extérieur pour rouler pour lui-même et parfois évitant de rester au pays au moment des tensions avec la rébellion armée. Les Tchadiens n’ont-ils pas droit à un bilan, ou doit-on constamment continuer à naviguer à vue, sans évaluer ce qu’on fait et savoir vers quelle direction on va ?
Bien que le Département soit piloté par un Homme d’expérience, formé à l’ancienne École d’Outre-Mer, sa méthode de gestion semble démontrer ses limites. Ce Département qui doit être la vitrine du pays se présente à l’intérieur comme un Musée abandonné. Quels efforts ont été faits pour améliorer le cadre du travail des Agents ? Le travail de fond se fait à la base par les Agents, alors ne méritent-ils un environnement digne de la grandeur de notre Ministère de Souveraineté ?
Dans le contexte actuel de la mondialisation, chaque Etat doit tenir compte de sa spécificité et de ses moyens, mais n’y a-t-il un minimum de conditions de travail à ne pas ignorer ou tout simplement à respecter.
Vigilant ces derniers temps et bien informé de ce qui se passe au niveau des Ministères, le président Idriss Deby Itno a compris et décidé de décentraliser le Ministère des Affaires Étrangères et de le renforcer par la Coopération internationale. Cette décentralisation salutaire du Département des Relations Extérieures avec la création de Secrétariats d’Etat, confiés des Cadres politiques connus au niveau national et débarrassés du complexe néocoloniale de domination, nous espérons bien, s’il n’y a pas encore des entraves occultes, que les choses pourront s’améliorer positivement. Les Hommes d’Expérience et les Cadres de haut niveau existent bel et bien, alors pourquoi doit-on tergiverser par complaisance ? La Diplomatie qui est un problème d’Etat et non d’individu, doit être traitée en fonction des intérêts du Tchad et indépendamment de nos humeurs. Alors au cas où des tentatives du maintien du statu quo persistent, le Chef de l’Etat serait dans l’obligation de penser à une nouvelle alternative pour réellement sauver la Diplomatie tchadienne et honorer la crédibilité de notre pays.
La politique étrangère reste toujours un domaine réservé du Président de la République, qui est libre d’acquérir des conseils utiles auprès de qui de Droit, pour préserver les intérêts supérieurs de la nation tchadienne. Il n’y a pas certes dans ce domaine de monopole exclusif, ni de chasse à l’Homme, mais les Tchadiens doivent observer avec vigilance la gestion et le suivi de notre Diplomatie qui doivent être conformes aux intérêts du pays mais pas de ceux des individus.
Ainsi, comme la Diplomatie, la Mondialisation peut servir aujourd’hui de facteur de développement d’un Etat. Au moment où notre pays entre dans l’ère pétrolière, les Entreprises et Hommes d’Affaires tchadiens doivent avoir la possibilité de communiquer aisément avec le reste du monde, pour promouvoir le développement économique et commercial de notre pays. Depuis plus d’une année, il est impossible d’atteindre le Tchad par Fax à partir des Etats-Unis. Les responsables du Ministère et des Services des Télécommunications du Tchad ont-ils tenté de débloquer cette situation d’asphyxie partielle du Tchad ou bien continuent-ils de s’enfermer dans leur mutisme….
Et compte tenu des difficultés de l’Internet qui n’est pas à la portée de tous et du coup élevé du Téléphone dans notre pays, comment nos Opérateurs économiques, nos Entreprises et Sociétés nationales pourront-ils communiquer de manière régulière et réciproque avec les Etats-Unis d’Amérique. Actuellement les Tchadiens peuvent envoyer des Fax mais ne pas en recevoir des Etats-Unis. Alors, jusqu'à quand cela pourrait-il continuer ainsi ?
Préoccupée par cette situation d’isolement indirecte de notre pays, la Communauté Tchadienne de New York, saisie par beaucoup des Tchadiens, est dans l’obligation d’interpeller nos autorités en de ce Dossier. S’agit-il d’un problème d’arrière de contributions financières que le Tchad doit payer ou bien des problèmes d’ordre techniques à régler ? C’est le black-out total, on ne dit rien et ce sont les Tchadiennes en subissent. Contrairement aux allégations destructrices et tendancieuses de certains de nos responsables politiques en quête de notoriété auprès du Chef de l’Etat, il faut rappeler que l’Association des Tchadiens de New York, n’est pas du tout un parti politique, moins encore une faction politico-militaire. Elle a entre autres, parmi ses objectifs : - de promouvoir et de développer les relations Culturelles, économiques, commerciales et de partenariat d’Affaires, entre le Tchad et les Etats-Unis, mais aussi entre la Diaspora Tchadienne des États-Unis et les Tchadiens de l’Intérieur, y compris les Sociétés ou Entreprises commerciales, les Associations de Développement Communautaires. Alors notre question fondamentale est : Pourquoi le Tchad ne peut être atteint ou saisi par Fax, à partir des États-Unis d’Amérique ?
Nous constatons ces derniers temps, un défilé régulier du Chef de la Diplomatie tchadienne au pays de l’Oncle SAM. Il a certes des missions politiques importantes qui justifient son interminable tourisme, mais nous espérons aussi, qu’en dehors du Darfour, il a d’autres dossiers spécifiques qui peuvent rapporter au Tchad. La diplomatie de nos jours doit être multi dimensionnelle, mais surtout rentable pour le pays. Même s’il a des questions politiques traditionnelles relatives à la paix et la sécurité dans notre sous-région, le volet économique et commercial ne doit pas être minimisé, ni laissé aux oubliettes, car l’objectif final c’est de promouvoir le développement du Tchad. Pourquoi alors ne pas se concerter avec son collègue des Postes et Télécommunications pour faire d’une pierre deux coups, afin de tenter de débloquer cette situation d’isolement du Tchad face aux États-Unis. Nos Diplomates à New York, tout comme à Washington sont souvent bloqués et embarrassés par cette situation, car ils n’arrivent pas à saisir N’Djamena par FAX, et envoyer des documents urgents au pays. A-t-il songé à consacrer une minute de son séjour à cette situation ou s’est-il limité à s’épanouir uniquement de son tourisme de luxe au frais du contribuable tchadiens ?
Le Tchad malgré notre boum pétrolier reste toujours limité dans ses possibilités et ressources financières. Il est donc important de rappeler à certains de nos responsables politiques leur manière de faire. Le développement du Tchad ne doit pas également se reposer seulement sur l’Etat et les Services publics, mais aussi sur les activités de nos Opérateurs privés et leurs Entreprises. Mais, nos responsables politiques doivent leur créer les conditions et un environnement favorable permettant de concourir au développement et à l’épanouissement économique et social de nos populations. Alors quel effort notre Chef de la Diplomatie a-t-il déployé pour mettre un terme à cet isolement indirect du Tchad vis avis des États-Unis ? Est-il conscient que cela bloque le pays et crée un manque à gagner énorme pour nos Opérateurs économiques ?
Certes, la France est notre partenaire traditionnel, mais cela n’exclut pas la diversification de nos relations économiques et commerciales avec d’autres puissances incontournables comme les États-Unis qui pourront offrir au Tchad de grandes possibilités de développement rapide, durable et crédible. La course et l’agitation à la politique politicienne, sans une réelle évaluation sérieuse, ne doivent pas nous faire oublier la recherche des débouchés économiques pour le développement de notre pays. Ce second volet est beaucoup plus intéressant et rentable pour notre pays et ses populations.
Notre réflexion va certes retenir l’attention de certains et troubler celle des autres. Mais c’est aussi une forme civilisée de confrontations pacifiques, qui pourrait améliorer notre méthode de gouvernance dans chaque secteur de l’Etat. Cela nous éviterait une généralisation globale couvrant des actes individuels toujours abusivement collés au dos du Chef de l’Etat, le Président Deby qui doit en supporter seul les carences ou les échecs de ses Ministres. Pour permettre au Tchad d’avancer, il est important de situer les responsabilités individuelles dans la gestion de chaque secteur de nos affaires publiques.
Les Tchadiens d’aujourd’hui ne veulent plus de discours vides, ni des diatribes primitives et discriminatoires sans lendemain, moins encore des déclarations belliqueuses qui divisent nos populations et entraînent des affrontements armés inutiles. C’est pourquoi les intimidations et campagnes des politiciens en mal d’assise sociale ne nous empêcheraient pas de continuer à réfléchir sur des questions politiques et économiques sensibles relatives au développement de notre pays, le Tchad. /-
Hassane Mayo-Abakaka