vendredi 29 mars 2024

BEAC, des réformes qui poussent le Tchad à la périphérie

Written by  Juil 24, 2007

La mise en œuvre des réformes des Institutions de la CEMAC, décidé par les chefs d’Etat de la sous-région lors du dernier sommet de N’Djamena (ironie du sort ?) est en passe de remettre en cause les acquis en ce qui le Tchad quant à sa position dans le Gouvernement de la Banque des États de l'Afrique Centrale (BEAC).

En effet, l’entrée au gouvernement de 3 autres pays que sont le Cameroun, la RCA et la Guinée Équatoriale avec des titres de Directeurs Généraux se traduit par une mise à plat de la structure actuelle de la banque centrale et une nouvelle définition des « chasses gardés » des États. Malheureusement, cela se fait au détriment du Secrétariat Général, poste qu’occupe le Tchad. Le comité ad hoc mis en place, par le Vice-Gouverneur, au sein de la Banque, tout en œuvrant pour renforcer l’influence de celui-ci, a littéralement vidé le Secrétariat Général de l’essentiel de ses prérogatives, lui conférant désormais qu’un rôle symbolique. Le projet d’organigramme de la Banque, entériné par le dernier comité ministériel, qui s’est tenu le 12 juillet 2007 à Yaoundé, fait que le SG perd 3 des 4 départements qui étaient sous sa responsabilité. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le ministre tchadien des Finances ne s’est pas empêcher de souscrire à cette entreprise de démantèlement.

Les manœuvres du V/Gouverneur.

Avant cette série des reformes, cette personnalité qui ne faisait que de la figuration, ne supportait pas le fait que le SG ait pu tirer son épingle du jeu dans le trio de tête gouvernemental. Notamment, il voyait d’un mauvais œil la parfaite entente entre MAMAPELOT et GATA, collaboration qui parfois, frisait la complicité et qui le mettait hors-jeu. Le départ dans les conditions que l'on sait du gouverneur lui apparaissant comme une aubaine, régler le compte à GATA, constitue alors son objectif primordial. Ce faisant, il s’attaque aux intérêts de tout un État.

Sous le couvert de reformer les textes de base de la Banque, il a mis, dans la précipitation, en place un comité « d’experts » taillé sur mesure afin d’atteindre ses noires desseins vis à vis du Tchad. Sur la composition de ce comité beaucoup d’encre et de salive ont coulé. Mais rien n’y fait. L’on a relevé entre autres comme dérives, la désignation sur la base fantaisiste, clientéliste et symbolique (à titre de faire-valoir) de certains membres ; la mise à l’écart des personnes reconnues notoirement comme ayant une « autonomie et indépendance d’esprit ». Bref, il avait fait la part belle à son pré carré et ses obligés. En plus, ce comité a travaillé dans un black-out total, le projet de textes, issu de ses travaux n’a, d’ailleurs, fait l’objet que d’une diffusion limitée, auprès exclusivement des personnes choisies et sélectionnées en raison de leur sensibilité ou leur appartenance supposée ou avérée au pré carré du vice-Gouverneur. Incohérences et aberrations sont signalées çà et là dans ce document. À titre d’exemple, couper le lien entre les Ressources Humaines et la Formation ; la Drh relavant de la mastodonte Direction Générale d’Exploitation, la DF, pour sa part, de la Direction des Études, Recherche. Si on admet que la formation est un volet de la politique du management des ressources humaines, cette proposition nous laisse perplexe. En plus, on semble n’avoir pas pris en compte de l’épineux problème de l’équilibre des pouvoirs qui a justifié ces importantes réformes, la création d’une Direction générale d’exploitation qui représente à elle seule, plus de 95 % des activités de la Banque , en est une illustration. C’est d’ailleurs vers cette Direction Générale que vont l’essentiel des anciennes prérogatives du SG. Cela s’appelle déshabiller Paul au profit de Pierre.

Selon toute vraisemblance, cette direction générale échoirait à la RCA, ce qui non seulement renforcera sa position, mais aussi, lui conférera le statut de grand bénéficiaire de cette redistribution des cartes. Et pour cause !

Ajouter au nombre des incohérences, cette confusion délibérément entretenue, selon laquelle d’un côté, le SG est la troisième personnalité de la Banque et de l’autre, il est placé au même niveau que les 3 DG.

Incivisme tchadien

Si l’unanimité se dégage quant à la nécessité de défendre les intérêts de la Communauté, pour autant, l’on ne peut aucunement accepter toute transaction qui tend à remettre en cause les acquis du pays. En l’occurrence, le nouvel organigramme de la Beac, telle que définie dans les conditions évoquées ci-dessus et, qui, manifestement, porte atteinte à la place du Tchad au sein de cette institution, devrait être dénoncée avec toute la vigueur qui soit et rejetée en bloc. Cependant, force est de constater du côté des représentants du Pays, aussi bien, au niveau du comité ministériel et du Conseil d’Administration qu’au sein de la Banque où deux personnalités occupent des fonctions importantes (SG et DCG), aucune réaction, à la hauteur de cette inimitié, n’a été notée. En revanche, une lutte de positionnement s’est engagée, en sourdine, entre les différents protagonistes autour du poste de GATA, qui lui-même, n’a pris aucune initiative de nature à sauvegarder les acquis du Tchad.  Du côté des cadres, une trentaine au total, on l’était à l’expectative. Certaines personnes, craignant les foudres d’un camp ou l’autre, préfèrent esquiver la question. D’autres, une minorité, sont ceux qui estiment qu’il y a lieu de faire quelques choses mais, ils n’ont pas été écoutés soit, en raison de leur jeune âge, soit par rapport à leur relative ancienneté à la banque.

Le Comble de tout cela, c’est la légèreté et le manque de sens de responsabilité du Ministre des Finances qui, tout le long des travaux du Comité Ministériel, n’a, à aucun moment, cherché à connaître la position des cadres de la maison sur les différents enjeux de ces réformes. Suffisance, arrogance ou orgueil primaire ou alors incompétence ? En tout cas, son attitude a été contre-productive pour le pays. À ceux (ou celui) qui l’ont (a) mis à ce poste d’en tirer les conséquences.

Tout n’est pas totalement perdu.

La date du 28 juillet 2007 : une opportunité.  À cette occasion, Le Tchad doit marquer son refus en récusant le nouvel organigramme de la Banque. Il convient de faire appliquer les réformes sans porter atteinte aux prérogatives du SG. Mieux, par souci d’efficacité de l’organisation, il serait judicieux de lui donner les missions de coordination des activités des directions générales. Bien sûr, un regroupement des directions centrales suivant des affinités fonctionnelles est possible.

Les Tchadiens sont interpellés, chacun en ce qui le concerne, là où il se trouve, afin de faire face à cette conspiration « subtilement » montée contre le pays.

Merci.

Mahamat DJARMA BOURMA

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