Mosquée Roi Fayçal : défiguration ou réfectionnement ?

Nov 29, 2022

La grande mosquée Roi Fayçal de N’Djamena est en plein chantier. Un débat rampant et des interrogations surgissent çà et là. Certains affirment que la belle grande mosquée est sur le point de perdre son authenticité, son image d’origine. Et que les responsables de la mosquée sont en train de défigurer un patrimoine national. D’autres disent plutôt qu’il s’agit des travaux de réfection. Et qu’il est tout à fait normal après tant d’années d'entamer des travaux de réfection.  Ialtchad Presse s’est rapproché des architectes et des responsables de la mosquée pour en savoir plus. Qui a tort ? Qui a raison ? Chacun se fera son idée. Reportage.

Pour Senoussi Ahmat Senoussi, architecte urbaniste, la mosquée, la cathédrale et autres représentent une identité, et si on veut le transformer, l’avis du protecteur, de l’architecte est nécessaire, mais pour la rénovation de cette mosquée, ce n’est pas le cas, souligne-t-il. « On ne doit pas se lever un matin et transformer un bien public, un patrimoine culturel de la sorte. On doit au moins consulter les gardiens de ce bien ».

Il est bien et normal de rénover, d'embellir cette mosquée, mais changer son plan, changer même la peinture, ce n’est pas faisable puisqu’elle représente un patrimoine culturel, après presque 50 ans d’existence, martèle Senoussi. « En tant qu’architecte, j’ai parlé même de cela avec le Conseil islamique. Eux même ne sont pas d’accord, ils sont d’accord pour embellir la mosquée, mais ne pas la changer, défigurer son image d’origine ». Il ajoute qu’en termes d’image ou d’identité, il n’y a pas mieux que de garder l' identité d’origine. C’est ce qui se passe partout. Donc, on ne peut pas peindre en rouge la mosquée, par exemple.

Selon nos sources, c’est un bienfaiteur haut placé qui finance ce travail de défiguration. Les architectes à leur niveau ne peuvent pas empêcher ce soi-disant bienfaiteur de le faire comme c’est un lieu de culte. « L’intention de se porter volontaire pour rénover la mosquée est bonne, mais c’est important de garder l’identité historique », disent plusieurs architectes contactés par la rédaction.

M. Senoussi souligne aussi le problème des constructions voisines de la mosquée qui barrent la vue de loin de la mosquée est un autre problème qui s’ajoute à celui des réfections à l’emporte-pièce dont est victime ce patrimoine culturel et religieux qui est la grande mosquée, une identité de la ville de N’Djamena et du Tchad en général. Normalement les constructions dans une ville doivent obéir à des règles d’urbanisme malheureusement cela n’existe pas au Tchad. Cette absence laisse n’importe qui construit n’importe comment et n’importe où selon ses humeurs, ses moyens et son désir.

Senoussie Ahmat Senoussi interpelle le ministère de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire et la Mairie d'introduire et d'appliquer la loi de la construction pour sauvegarder l’image des villes tchadiennes.

Cheikh Abdadayim Abdoulaye Ousmane, Vice-président et Secrétaire général du Conseil supérieur des affaires islamiques (CSAI), reconnaît qu’il y a des « petits changements » dans le réfectionnèrent en cours de la grande mosquée. Il trouve cela normal. « Pour qu’une chose dure longtemps et garde sa forme, il faut l’entretenir. Les grands bâtiments construits avant l’indépendance doivent être réfonctionnés Et c’est le cas de notre mosquée », explique-t-il.  Ce petit changement constaté, il cite, les décorations, l’augmentation des murs les portes et autres, ne sont pas graves. « La grande partie de la mosquée n’a pas été changée et ne doit pas l’être. Nous en tant que premiers responsables ne permettrons pas la défiguration de la mosquée. Nous avons le devoir de la protéger ». Il conclut que ce travail de réfection est en train d’être fait avec leur autorisation.

Haoua Adoum Ibeth
Narhinguem Anastasie

 

  • AIMEZ / PARTAGEZ AUSSI LA PAGE IALTCHAD PRESSE
    1. Arts & Culture
    2. Musique
    3. Mode-Beauté

    -Vos Annonces sur le site Ialtchad Presse-

    1. Divertissement
    2. Sports
    3. Mon Pays