Au lendemain de la manifestation qualifiée par le gouvernement d'insurrection populaire armée, un calme précaire est revenu dans la capitale tchadienne. De Chagoua à Walia, d’Abena à Kambda en passant par Amtoukouin, les routes sont barricadées par les briquaillons, du cendre des pneus et quelques autres objets. Ialtchad Presse a fait un tour dans les différents quartiers de N'Djamena. Reportage.
Ce matin, vendredi 21 octobre, les forces de l'ordre confondues composées de militaires, des gendarmes, des nomades, de la police GMIP et de la mairie ont occupé tous les grands carrefours, les ronds-points ainsi que les coins et les recoins des quartiers sud de N'Djamena, capitale tchadienne. Ces forces lourdement armées sont en position de tires. La peur se lit sur les visages de la population. Les écoles, certains boutiques, marchés et restaurants sont fermés. Du siège de Parti Socialiste sans Frontière (PSF) en passant par l'ancien pont, la voie était dégagée et nettoyée par la mairie. L'on constate les navettes des véhicules de la police et des militaires toutes les 5 minutes. Une autre unité de l'armée est stationnée sur le terrain Festa Africa.
De quartier Abena en passant par Walia, des barricades avec des dalles sont érigées, des cabines des parieurs, des pneus brûlés, des bricaillons au bord de la voie bitumée barrant les voies et obstruant la circulation des engins sur les voies publiques. Plusieurs édifices et biens privés ont été saccagés, brûlés et réduits en cendre en l'occurrence le pont à péage et un bar à Walia. Au siège de RNDT le Réveil, les manifestants ont saccagé le lieu, cassé le mur et les portes, des documents sont consumés par le feu. Dans le siège de l'UNDR (l'Union Nationale Démocratique et de Renouveau) au quartier Abena, les manifestants ont brûlé le local, plus d'une dizaine de chaises et des nattes, certains bureaux ont changé de couleur après avoir été consumés par la fumée.
A l'hôpital le bon Samaritain de Walia plus précisément à la chirurgie, le constat est lourd, les victimes des tirs à balles ont occupé pratiquement toute la salle. Selon l'infirmier chargé aux urgences Klarangué Christophe, «parmi ces manifestants, notre hôpital a accueilli 46 manifestants blessés, dont 8 cas de décès», déplore-t-il. Il ajoute que «l'hôpital a pris tous les dispositifs nécessaires pour accompagner les blessés». Au quartier Abena, la cité est silencieuse comme morte où les populations sont en deuil. Le siège des Transformateurs est quadrillé par des militaires, cette zone est devenue quasiment inaccessible pour les civils.
La manifestation d'hier 20 octobre a laissé les traces sur les routes, dans les hôpitaux, personne n'est épargné. 24h après, un calme précaire règne sur la capitale, N’Djamena.
Noël Adoum