Après 24h de la manifestation du jeudi violemment réprimé par les forces de l'ordre, l'équipe de IalTchad Presse s’est rendu dans le quartier Moursal et Dembé pour constater l'ambiance d’après manifestation Reportage.
Il est 11h passé, ici le siège du Parti socialiste sans Frontière (PSF), les portes sont ouvertes un silence de mort y règne. Tout est calme. A l’intérieur tous les bureaux sont grands ouverts, les matériels sont saccagés, tout est à terre : matériels informatiques, documents déchirés, objets cassés traînent sur le sol. Aucune présence humaine sur les lieux sauf des cris des oiseaux animent les lieux. Après le bureau du PSF nous continuions, quelques personnes vont et viennent. Les camions Toyota remplis des militaires bien armés circulent, certains passants observent. Le service d'assainissement de la mairie de commune du 7e arrondissement est à pied d'œuvre pour le nettoyage des restants de pneus brûlés.
Dans le quartier un sentiment de frustration, de douleur sévit « nous avons perdu des amis, ils continuent toujours à nous massacrer, mais nous cherchons seulement la justice et l'égalité. Nous avons encore le temps de pleurer nos morts, soigner les blessés », disent les résidents. Pour eux, la suspension des partis et des organisations de la société civile n'attendent pas moins. Selon les habitants du quartier, le nouveau Premier ministre Saleh Kebzabo n’est qu’une marionnette, peu importe sa décision. « Nous avons pris conscience, il y a une lieur d'espoir qui vient de voir jour. Si les anciens ont failli, il faut se remettre en ordre de bataille. « Nous sommes dans la tristesse, les gens sont endeuillés, la manifestation est légale et autorisée par la charte de transition, nous ne voulons pas des assassins à la tête du pays », disent-ils. Ils poursuivent en soutenant que la déclaration du Premier ministre est une déclaration de guerre. « Nous manifestons pour une cause juste. Ce n'est pas pour le plaisir de manifester. Ce que nous avons fait est une introduction. Les gens sont morts ne sont pas morts gratuits ».
Du côté des commerçants et des vendeurs, « nous ne sommes pas de manifestants, mais hier il y avait un bouleversement sur nos activités à cause de manifestations », disent-ils. Selon eux, les autorités devaient sécuriser la manifestation, mais ce n'est pas le cas. Les forces de l'ordre ont maltraité et tué des simples manifestants à main nue, « nous ne sommes pas d'accord avec cette manière de faire » affirment-ils. Les commerçants dénoncent le couvre-feu. « Par ici nous sommes inondés, par là ils nous tuent ». Alors nous allons faire comment ? Pour cette vendeuse hier était douloureux, c'était très difficile. Nous avons enregistré des pertes, une grande partie est pourrie puisque nous sommes de débrouillard. Pour aujourd'hui il n'y a pas d'engouement comme avant, les gens ont peur de venir au marché. Si les clients ne viennent pas pour acheter, c'est compliqué pour nous, racontent-ils.
Ousmane Bello Daoudou