La crue des eaux des fleuves Logone et Chari a causé d'énormes dégâts à N'Djamena, particulièrement dans le 9e arrondissement. Plusieurs personnes touchées se sont réfugiées, certains chez leur famille, d'autres par contre dans des églises, etc. L'équipe d'Ialtchad s’est rendue sur lieu pour faire le constat. Reportage.
Il est 14h passé quand notre équipe a débarqué sur le site de l'église catholique Saint Isidore de Bakandja après un reportage sur le lieu inondé, Walia Djanga. À l'entrée de cette paroisse des petits enfants, sourire aux lèvres jouent au ballon. D'autres courent par-ci, par-là. Un accueil chaleureux nous a été réservé par le Curé de Walia, Abé Modou. Dans l'arrière-cour de l'église, plusieurs sinistrés aux regards vides, d'autres sont désespérés et fatigués sont assis sous les ombres des arbres avec leurs matelas, objets de cuisine, nattes, etc. Une situation qui ne laisse personne indifférent. Parmi ces sinistrés, il y a des personnes malades et alitées dans un indescriptible désordre
Yessita Hortense, mère de 5 enfants, lèvre sèche confie à notre micro qu'elle habite à Walia Djanga et le débordement des eaux des fleuves Logone et Chari a tout emporté chez elle hier, a-t-elle expliqué. Elle ajoute que ni elle ni son mari n’a pas un centime pour louer une chambre. Elle affirme que c'est grâce de leur Curé Abbé Madou qui leur a ouvert la porte de la paroisse qu'elle a trouvée, elle et ses enfants refuges au sec. Malgré cette rude épreuve, une autre s'ajoute à la famille de Hortense. Elle souligne qu'elle n’a rien mangé depuis bientôt 24h. Elle lance un appel à l'endroit de l'État et des personnes de bonne volonté de venir à leur secours.
Kouladoum Ngarebeye, un autre sinistré, soutient qu'il est militaire et locataire. Sa chambre, dit-il, a été inondée par les eaux. Sans aucun moyen, il s’est réfugié dans cette église. M. Ngarebeye interpelle, lui aussi à son tour, le gouvernement à secourir les sinistrés et de trouver des solutions avant que les eaux ne puissent pas faire encore de victimes, a-t-il dit.
Selon le Curé Abbé Madou, depuis l'arrivée des sinistrés, un appel a été lancé à l'endroit des personnes de bonnes volontés et aux gouvernants. « Cet appel a eu des échos et la réaction est unanime », a-t-il expliqué. Il poursuit que les gestes concrets sont venus du côté de l'Union européenne, du Programme alimentaire mondial (PAM), de la Croix-Rouge du Tchad et de la Mairie centrale, etc. Il affirme qu'ils ont déjà reçu 12 moustiquaires imprégnées de la part d'une association de sportifs et beaucoup des promesses sont faites. Du côté de l'État, le Curé accorde un bénéfice de doute, « on n’est pas sûr de quelque chose, mais on attend toujours », a-t-il lâché. M. Abbé dit que les eaux sont toujours menaçantes, mais comparativement à hier, aujourd'hui c'est encore mieux », dit-il. « Si dans les 72h avenirs, l'eau reste à cette hauteur, on peut dire qu'on est sauvé » a-t-il martelé. Il attire l'attention du gouvernement, selon lui, 12 digues sont à risques, si jamais on ne fait rien, les eaux risquent de déferler sur la ville et causer d'énormes dégâts. Il estime que le gouvernement doit engager pleinement sa responsabilité pour résoudre ce fléau afin d'éviter le pire, a-t-il conseillé.
Abderamane Moussa Amadaye