Les victimes de crimes et répressions de Hissène Habré ont organisé un tintamarre ce 06 octobre devant leur association à N’Djamena. Ce tintamarre est la réponse à l’agression de leur délégué hier 5 octobre par un participant au DNIS. Reportage.
C’était vers 16 heures, heure de N’Djamena, capitale tchadienne que l’association des victimes des crimes et répressions de Hissène Habré (AVCRHH) a mobilisé quelques membres devant ses locaux pour répondre à l’agression de leur délégué. Selon le Secrétaire Général (SG) de cette association, Koumato David, c’est avec beaucoup d’indignation qu’ils ont appris l’agression dont leur président a fait l’objet. C’est bien dommage que l’agresseur soit un conseiller national, regrette-t-il. À son avis, il essaie de se justifier, mais son acte est connu de tous. « Quand on touche à notre délégué, c’est toutes les victimes qui sont touchées. Voilà les raisons de notre mobilisation en ce moment. L’activité de tintamarre n’est qu’un avant-goût. Nous avons d’autres actions d’envergure à venir. Nous ne déballons pas nos stratégies, mais vous allez les découvrir vous-même au fil de temps », exprime-t-il.
L’objectif de ce tintamarre assure Koumato David, c’est pour dire au gouvernement de la transition de prendre toutes les prédispositions nécessaires pour la sécurisation de notre association, de notre président et de toutes les victimes. Nous n’avons eu aucun centime jusque-là et on nous agresse par-dessus tout, nous n’acceptons pas cela, dit le SG de l’AVCRHH. Ce sont des comportements déplorables, constate-t-il.
Le président de l’AVCRHH Clément Abaïfouta agressé revient brièvement sur son cauchemar. « J’étais allé aux toilettes pour me soulager et du coup je vois un jeune qui fait irruption et m’apostrophe par mon nom d’ailleurs. Il me demande pourquoi je m’acharne contre le rapatriement du corps de Hissène Habré ou bien je vis de cela. Et pourtant il y a eu des victimes sous d’autres régimes pourquoi on n’en parle pas. Je dis non la différence est que nous, nous avons porté plainte et celles dont il fait allusion ne l’on pas fait. Nous sommes en droit de réclamer nos indemnisations après avoir gagné le procès ». La conversation continue, « Alors il me dit sèchement que je le veuille ou non, le corps de Habré va rentrer dans ce pays et ils me le donneront pour que je mange. Ma réaction tout de suite, je ne suis pas un cannibale. J’ai revendiqué un droit au nom de toutes les victimes de Hissène Habré. Alors il a commencé à me menacer par des injures. Un des cameramen de la télévision nationale était là avec une autre personne se sont mis entre nous pour nous séparer. Ce qui me surprend, il ment en disant que c’est moi qui l’ai agressé », affirme M. Abaïfouta. Pour le délégué de l’AVCRHH, il se trouve que son agresseur est un conseiller national supposé être un représentant du peuple qui se comporte de cette manière. Selon lui, Hissène Habré est condamné et on ne peut pas réclamer son corps à tambour battant dans la mesure où il est mort en tant que condamné.
À son avis, qu’on rapatrie son corps ou non cela relève de sa famille, mais les victimes réclament simplement leurs indemnisations. « C’est une question de droit et on n’en serait pas là si le gouvernement tchadien et l’Union Africaine nous indemnisaient. Il ne faut pas qu’on instrumentalise les choses telles que je lis sur les réseaux sociaux que je me victimise et je fais de buzz. Ma mission c’est de réclamer les droits des victimes donc je ne contourne rien s’il en est question », affirme-t-il. Il soutient qu’il ne va pas cesser de revendiquer parce qu’il est menacé ou agressé. Le président de l’AVCRHH promet aux victimes qu’il va continuer à se battre jusqu’à ce qu’elles soient indemnisées.
Moyalbaye Nadjasna