Tout tchadien soucieux de son pays et de son avenir, a suivi avec inquiétude et amertume, les derniers événements du 02 février 2008 qui se sont dramatiquement déroulés dans notre pays, causant des pertes humaines parmi les civils, des blessures graves, des dégâts matériels considérables, toute en obligeant des milliers des civils à quitter leurs âtres vers d’autres endroits, à la recherche d’une paix qui devient de plus en plus impossible dans ce vaste pays, ayant quelques fils dont les cœurs semblent être plus restreints pour une cœxistence pacifique. Mais au-delà de tout ce malheur dont le peuple tchadien est la première et dernière victime, Nous devons nous penchons sur les issues qui pourraient un jour nous aider à stabiliser ce pays tant ravagé par des guerres calamiteuses durant plus de quarante ans, empruntant toujours la même voie qui n’arrangera ni le pays, ni son peuple.
Je pense qu’il est temps que l’élite politico-militaire tchadienne ,prenne conscience que cette patrie ne mérite pas cette situation de non-paix, non-guerre ,tout en mettant en considération que ce qui se passe et ce passera, n’est pas une fatalité, mais plutôt une situation montée de toutes pièces par certains fils du Tchad, aux yeux desquels, le pouvoir est une fin et non pas un moyen de gérer le pays, bâtir une nation solide débarrassée de haine et d’égoïsme, faire du Tchad un pays de droit…et j’en passe. Conséquences : le pays se déchire et s’engouffre dans un bourbier politico-militaire, bourré de banalités ethnico-claniques, mécontentements des uns envers les autres, règlements des comptes, etc. Tout cela au détriment de tout un peuple meurtri par des longues querelles dévastatrices, qui n’ont rien apporté comme remède à une crise qui rappelons-la était au début entre soi-disant Sudistes et Nordistes, avant de faire son virage historique vers le Nord qui n’arrive pas à s’en débarrasser.
La nouvelle source du mal
Ceux qui connaissent l’Histoire du Tchad remarquent aisément que cette ancienne-nouvelle situation qui prévaut au pays, n’est qu’une série continuelle de notre passée sombre, ajoutons à cela un nouvel élément qui vient se figurer sur la longue liste des causes à l’origine de cet interminable crise, à savoir l’Or noir qui, au lieu d’être une bénédiction pour ce malheureux peuple, est devenu l’une des principales sources du mal tchadien.si donc les uns et les autres continuent à se battre pour présider les tchadiens seulement, ce pays ne connaîtra jamais la paix et la stabilité, deux éléments sine qua non pour toute démarche vers le développement et le progrès.
Monsieur le Président de la République
Vous connaissez comme tout le monde que certains régimes africains, le Tchad inclus, avaient plus ou moins utilisé la fameuse méthode militaire pour régler à la racine les différends politiques qui les opposaient à certaines forces rebelles, mais finalement aucun de ces régimes n’a pu voir ce cher rêve se concrétiser.au contraire, ladite méthode était souvent la cause principale de leurs effondrement face à des insurrections, Rebellions, coup d’Etat, révoltes…je vous laisse le choix de les qualifier. Un exemple parmi d’autres : l’ex chef d’Etat somalien Mohamed Siad Barré n’avait-il pas adopté l’option militaire pour remédier les maux politico-sociales de son pays durant presque trois décennies, sans pour autant atteindre cet objectif, laissant finalement son pays dans l’actuelle impasse que tout le monde connait. Concernant le Tchad, après votre arrivée au pouvoir pour but de libérer le peuple Tchadien de la Dictature, et d’instaurer ensuite une Démocratie réelle, tous les tchadiens ou presque, avaient souhaité avec optimisme la morte définitive du malheur politique tchadien. Vraisemblablement, ce n’est pas le cas, ne serait-ce que dans la donne actuelle des choses qui se caractérise par une série d’affrontements militaires et une stabilité invisible. Tout cela, à mon humble avis, nous amène vers une évidence selon laquelle le choix militaire peut résoudre une crise temporairement, mais jamais définitivement et que seul un dialogue politique sérieux, inclusif et sincère, peut sauver le Tchad de son chavirage, car, nous ne sommes pas les premiers à emprunter cette voie pacifique, et ne sommes non plus les premiers à avoir des crises en Afrique, puisque il y a des pays qui ont connu des crises plus dramatiques que les nôtres (Rwanda, Burundi, Liberia, etc.) et sont finalement parvenus à résoudre leurs crises, pas via des dialogues des sourds se contentant à partager un morceau de gâteau appartenant à tout un peuple, mais grâce à un dialogue sincère et nationaliste. Ces vifs exemples nous prouvent qu’il n’y a pas de nation sans contradiction, cette dernière est l’essence même de la vie, comme le disait feu Ahmed Sékou Touré. J’aimerai bien, mon Président que vous reconnaîtriez l’existence d’une crise multiforme au pays, dont les solutions ne sont pas forcément militaires et ne sont non plus impossibles, si les uns et les autres décident sincèrement un jour de s’inspirer d’expériences d’autrui en matière de règlement pacifique des crises. Tout en divorçant cet égoïsme politique.
Messieurs les opposants politico-militaires
Je ne trouve pas intéressant de douter sur vos causes, ni de les qualifier de quoi que ce soit, je laisse cela à chaque tchadien conscient de juger ce qu’il voit. l’important pour moi en tant que jeune tchadien c’est la paix, la stabilité et la concrétisation des aspirations de la jeunesse tchadienne, voire de tous les tchadiens sur la terre tchadienne qui nous est tous chère et qui comme vous le savez a beaucoup souffert et risque de souffrir encore, si nos dirigeants politiques n’abandonnent pas cette sombre voie militaire qui n’a jamais réglé définitivement les choses, soit au Tchad soit ailleurs, nous avons vu la venue de plusieurs formations politico-militaires au pouvoir scandant des nobles slogans comme : la libération du peuple, l’instauration de le Démocratie, d’une Justice libre, et la liste peut s’allonger. Mais en fin de compte rien ne se réalise en ce sens. Conséquence : le peuple concerné par ce changement ne s’adhère plus à cette thèse qu’il l’avait essayée suffisamment. Pis, la vive mémoire de ce peuple garde toujours les mauvais souvenirs du choix militaire qui a prouvé, jusqu’à ce que le contraire soit prouvé, son échec total à ramener la stabilité et la paix dans un pays qui n’est pas encore en mesure de faire un miracle à la Mauritanienne. Bref, que Monsieur X s’empare du pouvoir, en évinçant Monsieur Y, à cause de ses milles et un défaut, est une chose et garantir aux autres que ce changement ne sera pas un simple changement de façade comme, en est une autre. Essayez donc Messieurs de nous chercher d’autres alternatives politiques qui pourraient nous faire sortir de ce vicieux cercle.
Les issues verrouillées de la crise
Je suis persuadé que les deux parties, à savoir oppositions politico-militaires et l’actuel régime conduit par le Président Idriss Deby Itno, détiennent les clefs des portails qui nous mènent vers des heureuses issues politiques, il suffit donc qu’ils les utilisent, au lieu de tenter vainement à forcer des serrures bien codées, qui ne deviennent franchissables qu’en introduisant les clés, accompagnées au même moment des mots de passe suivants :
- le Tchad est une chose, l’appartenance, régionale, ethnique et clanique en est une autre ;
- Renoncez à l’option militaire ;
- Instaurer une Démocratie réelle et non de façade ;
- Écartez le pays de certaines banalités ethnico- claniques;
- Débarrassez-vous de cette illégale et cupide ruée vers la présidence ;
- Bannir le maintien à tout prix du pouvoir (ça coûtera cher au pays) ;
- Reconnaissez l’existence d’une longue et sérieuse crise tchado-tchadienne (au-delà des aspects externes) ;
- Faire sincèrement face aux sérieux problèmes socio-économiques du pays ;
- renforcez les rôles des Institutions Républicaines ;
- laisser le parlement d’être le vrai représentent du peuple, pas une simple chambre d’enregistrement ;
- faire une véritable armée Républicaine capable de défendre la légalité constitutionnelle du pays et son intégrité territoriale ;
- cherchez la paix sociale avant de se tourner à la stabilité politique ;
- Faire disparaître ou Réduisez tout simplement, toute forme d’exclusion politique, économique ou sociale ;
- Cessez de vous appuyer sur des étrangers qui ne visent finalement que leurs intérêts stratégiques ;
- Inspirez-vous d’expériences de certains pays africains, en matière de résolution politique et pacifique des crises ;
- Utilisez les richesses du pays pour le bien du pays ;
- Laissez le quatrième pouvoir faire son noble travail ;
- Cessez de croire qu’une Union politique ou militaire, de circonstance et (pas de conviction) peut aller loin ;
- Reconnaissez enfin que vous (les deux parties) répétez les mêmes scènes de cette très longue
et onéreuse parodie tchadienne ;
- Respectez et faire respecter les Droits de l’Homme tchadien ;
- N’enrôlez pas des gamins dans les conflits politico-militaires ;
- Ne marginalisez pas la société civile ;
- Sachez que tout opinion politique diverse n’est forcément pas ennemi de qui que ce soit ;
- N’exportez pas la bien existante crise tchadienne aux autres, parce que ces derniers, après avoir bien connu son existante, essayent de remédier les leurs via les nôtres ;
- Reconnaissez que la crise du Darfour et l’Or noir tchadien ne sont que des gouttes qui ont fait
déborder le bien plein marre tchadien ;
- Mettez dans la tête qu’on peut tromper un peuple une ou deux fois, mais pas toujours.
- Sachez que tous les tchadien n’ont pas certes, la maturité politique, mais ils ont quand même
appris la langue de bois via leur élite politique, sans l’avoir étudiée ;
- Arrêtez les arrestations arbitraires ;
- s’il y a des coupables dans quoi que ce soit, laissez la Justice faire son travail ;
- Rappelez-vous en fin, que vous étés tous responsables devant l’Histoire et devant Dieu aussi.
Les Tchadiens vous exhortent Messieurs, à d’utiliser ces vingtaines des mots de passe ou bien quelques-uns, avec les clefs que vous détenez, afin que ce pays puisse déverrouiller à ses fils quelques issues, par lesquelles sortiront tous les tchadien de cette effroyable et longue impasse politico-sociale.
Abdelsemi Ahmat