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La bataille des représentants médias

Oct 04, 2022

Lundi 3 septembre...

Les débats au dialogue ont repris avec ardeur. Je suis arrivé presque à l’heure prévue, 10h 00. J’ai passé mon dimanche à me vider la tête entre lectures et faire le « paresseux ».

10h 5 min. Nous voilà tous de retour dans cette grande salle de la plénière qui est presque devenue notre seconde adresse civique. Je retrouve mes voisins et amis. Il y a quelque chose d’humain et de sympathique qui se noue dans de pareilles rencontres. Il y naît des complicités et des amitiés insoupçonnées.

10h 15 min. Le présidium prend place et son président Gali dit avoir une mauvaise nouvelle. Il se reprend pour dire «  en fait j’ai deux nouvelles ». Il s’agit de 2 participants, 1 politico-militaire et 1 militaire des Forces de Défense et de Sécurité (SDF), qui sont décédés la veille. Gali demande 1 minute de silence à la salle.

Les travaux démarrent….

10h 20 min. Le président du présidium fait quelques rappels sur l’adoption de la thématique Forme de l’État. Une adoption faite le samedi soir devant une salle presque vide.

10h 30 min. Quelques participants grognent. Ils demandent une motion « les travaux n’ont même pas commencé que vous demandez déjà les motions. Il refuse d’abord, mais finit par l’accorder. Le participant réclame la proclamation solennelle de  la souveraineté des assisses. Gali semble mi-étonné mi-exaspéré par cette deuxième demande qui provient de la même personne. Il ordonne à son rapporteur général Limane Mahamat de répondre qui renvoie le participant au décret qui a acté la souveraineté.

11h 00. Les partis politiques se jettent dans le débat sur le processus électoral. Dispute. Querelle. Chahut. Des noms d’oiseaux jaillissent lorsque Saleh Kebzabo affirme qu’un parti politique doit être implanté sur le 2/3 du territoire. Je me lasse des attitudes des uns et des autres. Je décroche jusqu’à la fin après la prière du « maghrib » à la tombée de la nuit. J’avais pressenti cette bataille où chaque participant ou membre de groupe est en embuscade affûtant ses armes, guettant la  moindre occasion pour tirer y avantage ou pour défendre ses intérêts.

2 jours avant, le vendredi 30 août

J’avais annoncé à la fin de ma chronique du 28 que nous journalistes représentants des médias allons faire parler de nous à cause de notre marginalisation.

10h 00. Gali dans ses habitudes toc sur le micro. À l’autre bout de la salle, son geste retentit toc, toc, toc. C’est l’appel aux participants pour reprendre leur place. Mes amis et moi sommes arrivés déterminés à nous faire entendre. Et surtout à obtenir quelque chose.

10h 5 min. Le président Gali parle de la visite des émissaires du Secrétaire général de l’Onu, des nouveaux massacres de Mangalmé. Il demande au gouvernement de venir s’expliquer.

11h 00. Les débats commencent corporation par corporation. Arrive notre tour. On engage l’ultime bataille corps et âme. Un premier membre dénonce notre non-prise en compte. Il s’assoit. J’entends mon nom écorché. C’est à moi de jouer face, je me lève. Je remercie le président et le présidium. Je rétablis mon nom et prénom, je donne mon avis sur la thématique Forme de l’État. Et je termine avec un plaidoyer pour les médias dans cette période cruciale sur l’avenir de notre pays. Cinq autres de mes amis se prennent de la même façon. Le verbe était à la hauteur des enjeux.

Les débats ont continué jusqu’à 18h passées…

Pour mes amis et moi, le dialogue est fini. On était heureux et légers comme des papiers. Les longs visages de la veille ont cédé la place à des visages souriants. J’avais l’impression, à la sortie, de marcher presque sur l’eau en traversant l’immense esplanade du palais du 15-janvier. Notre mission comme représentants médias est à moitié accomplie. Nos cartouches ont été bien utilisées, d’autres batailles nous attendent pour faire avancer la cause du journalisme tchadien dans un Tchad refondé…enfin peut-être. InchAllah comme aiment le dire mes compatriotes.

Bello Bakary Mana

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