Depuis un bon moment, l’appareil judiciaire au Tchad est en panne. Mais, qu’est-ce qui se passe ? La réponse est simple : les magistrats et les greffiers sont en grève. Ils revendiquent l’amélioration des conditions de travail. Les syndicats des magistrats poursuivent leurs négociations avec le gouvernement. Cette grève a d’importantes incidences sur les activités des professions libérales d’après le bâtonnier Me Laguerre Djerandi Dionro. Reportage.
Le vice-président du syndicat autonome des magistrats du Tchad, le procureur Taoka Bruno dans un échange téléphonique affirme que les négociations sont en cours avec le gouvernement. Pour le Bâtonnier Me Dionro Laguerre, la justice tchadienne est très malade. Ce qui n’est pas un secret de polichinelle, dit-il. Selon lui, cette justice est à l’image de la gouvernance du pays. « Ses tares sont bien connues, mais on ne fait pas d’efforts conséquents pour y remédier. Il en va de soi que c’est la justice qui est la mesure, le baromètre de l’État de droit », dit l’avocat. Le défenseur des droits humains la grève des magistrats et des greffiers marque encore une fois, le peu d’intérêt que les autorités accordent à la justice. Est-ce que c’est de façon délibérée qu’on agit ainsi parce que la justice en bon état de fonctionnement n’arrange pas, s’interroge-t-il ? Cette grève qui n’émeut pas les autorités suscite des interrogations sur les intentions réelles des gouvernants, affirme Me Laguerre.
Concernant l’impact de cet arrêt de travail des magistrats et greffiers, le Bâtonnier soutient qu’eux avocats en tant qu’acteurs judiciaires sont aussi affectés autant que leurs concitoyens. « Si nos gouvernants sont vraiment dans un État de droit, ils doivent se pencher le plus rapidement sur cette situation. Ensemble avec les syndicats des magistrats et des greffiers, des solutions idoines peuvent être trouvées », conclut l’avocat.
Lors de la présentation de la synthèse du rapport de la commission 2 sur la thématique « Réforme de l’Etat, constitution et réformes institutionnelles et processus électoral », il ressort pour la justice plusieurs recommandations. Il s’agit de poursuivre l’exécution de la politique sectorielle de la justice au Tchad. Améliorer les conditions de vie et de travail de l’ensemble du corps judiciaire. Assurer la sécurité des structures judiciaire, accélérer la réforme judiciaire par rapport à l’exercice des professions judiciaires libérales : avocats, huissier, notaires afin de les rendre accessibles à tous les citoyens. Recruter les magistrats dans le cadre d’un processus transparent basé sur le mérite et la compétence ainsi que les prédispositions à exercer cette carrière. Trouver la solution à la situation des magistrats non juristes, reformer la Cour Suprême. Créer une structure qui va juger les crimes économiques, lutter contre la corruption en milieu judiciaire. Accorder suffisamment les moyens à la justice dans le cadre du projet œil de justice (accès à distance à la justice grâce au système de modernisation en cours avec l’appui de PNUD), faciliter l’accès aux services de justice à tous les citoyens.
Moyalbaye Nadjasna