Le Conseil de Commandement Militaire pour le Salut de la République/ Renouveau (CCMSR-R) a fait face aux médias nationaux ce dimanche 18 septembre 2022 à l'hôtel Radisson Blu. Une conférence de presse au cours de laquelle, le Président de ce mouvement s'est expliqué sur son engagement dans la politique, son retour au pays dans le cadre du DNIS, les mobiles de sa scission avec sa base à Doha et l'avenir de son mouvement. Reportage.
Au cours d'une conférence de presse animée ce matin, l'un de plus jeunes leaders des mouvements armés rentrés au bercail à la suite de l'accord de Doha, Gassim Cherif, Président du CCMSR-R a tenu à clarifier que son engagement politique qui, selon lui, débute bien avant l'intégration de la rébellion. Il affirme qu'il a toujours dénoncé ce qui est injuste et cet engagement est né dans une association dénommée « Survie » en France, pour dénoncer l'ingérence de la France en Afrique.
Pour son engagement au sein du CCMSR, M. Gassim dit, « notre pays depuis des années traverse des crises successives, étant jeune, je pensais qu'il fallait intégrer le CCMSR pour pouvoir apporter ma contribution dans le changement de notre pays », dit-il. Au sujet de la scission du CCMSR à Doha, il clarifie que deux groupes sont nés, l'un veut quitter la table de négociations et « nous, nous pensons à l'époque qu'il fallait continuer dans le processus de Doha et les raisons évoquées par l'autre groupe n'étaient pas très claires ni évidentes moins encore sérieuses », a-t-il martelé. C'est cette raison qui les a poussés à continuer les pourparlers et en tant que chef de délégation, il a signé l'accord de paix. Il poursuit que cette discorde a occasionné la scission du mouvement en deux, l'un le CCMSR Renouveau qui a regagné le bercail et l'autre toujours actif sur le front, a-t-il confié. Pour le Président Gassim, le plus important c'est d'avoir accepté la main tendue du Président du conseil militaire de transition (PCMT) qui a l'idée d'organiser le dialogue à la suite du décès du Maréchal Idriss Deby Itno. Pour lui, les assises de N'Djamena est une chance pour tourner la page sombre de l'histoire du Tchad et d'en ouvrir une nouvelle.
A la question d'un journaliste sur la transformation du CCMSR-R à un parti politique, M. Gassim affirme qu'à l'état actuel, ils sont pris par les échanges du DNIS qu'ils n'ont pas réfléchi à ce sujet, « c'est une question qui nous traverse l'esprit et on va jauger la situation, peser le pour et le contre et le moment venu on va voir s'il faut s'engager en politique ou rejoindre une mouvance qui est déjà dans le jeu politique, ce sont des questions qui vont être élucidées dans les semaines avenirs », dit-il. Au sujet de l'éligibilité du PCMT, il affirme que cette question ne sera pas tranchée pas le CCMSR-R, mais plutôt au DNIS. « Il n'appartient pas au CCMSR-R de décider ou de répondre à cette question », a-t-il lâché.
Sur la présence ou l'ingérence de la France dans les affaires internes et son départ exigé par des milliers des Tchadiens, le Président Gassim relève qu'il est vrai que le pays de Gaulle s'immisce dans les affaires qui ne le concernent pas, mais demander son départ n'est pas commode. « Notre pays est géographiquement situé dans une zone bien sensible en termes de géopolitique, d'équilibre économique, social...on ne peut pas demander dans l'état actuel des choses à la France de quitter le Tchad », a-t-il lancé. Il poursuit, « c'est irresponsable, ça c'est quelque chose qui va être décidé, pas de manière passionnée. C'est quelque chose qu'il faut discuter. Il y a un certain point positif sur la présence de la France. En matière de coopération militaire, du développement à travers l'AFD...sa présence est d'une importance capitale » explique-t-il à un journaliste.
Abderamane Moussa Amadaye