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Les hostilités de générations et de systèmes

Written by  Aoû 27, 2022

Depuis le 24 août 2022, date de l’ouverture des débats au dialogue national inclusif souverain, il règne une ambiance de souk. Ce qui s’apparente à des échanges contradictoires des grandes assemblées, décris une réalité prévisible, celle d’une hostilité de générations. Les caciques soixante-dix ans consommés de l’ancien régimes et ses descendants, contre une jeunesse cinquantenaire enfin sortie de l’ostracisme des dictatures successives. Ce qui est sûr, au sortir du dialogue une seule génération s’imposera, l’antagonisme est bien profond pour une cohabitation harmonieuse.

En effet, dès l’entame des débats la satire est servi à profusion. De tout part on ne manquait pas l’occasion d’indexer l’autre. Pour chaque parole prise, le sujet au programme du jour est recalé. Comme des mages, on croit connaitre les intentions des uns et des autres. Des joutes verbales, on s’enlise, et on suspend pour éviter un chaos en direct. Procès d’intention national souverain en marche.

Pour la génération des caciques de l’ancien régime, la compréhension est simple. On a peur de tout changement. Habituée aux nombreuses avantages pécuniaires et des outrances de pouvoir, elle tient à se régénérer à travers ses nouveaux adultes. S’adapter au changement est pour elle apprendre à rester derrière. Elle résiste de son mieux. Les preuves ne manquent pas. La parole est donnée en priorité à leurs progénitures. Les invités de l’émir du Qatar marginalisés. Le CODNI est attisé pour une seconde vie, son équipe en préparation pour un recyclage. Et quand on parle du présidium, les mêmes CV qui ont servi à évangéliser l’exclusion, la gabegie, le népotisme, la corruption, les détournements, sont déposés sur la table. Le Maréchal du Tchad n’est plus là, il faut anticiper l’émancipation de certains de leur, le vote à main levée est brandi.

Contrairement aux autres pays du monde, la jeunesse tchadienne née après les années 70 a vieilli sans prendre la main. Pourtant, nos anciens étaient déjà dans les affaires depuis leur vingtaine. On a même connu des présidents trentenaires. Les raisons sont multiples et les principales sont les guerres successives et la pauvreté génitrice de l’avidité. Dans tous les cas, depuis les années 80 à aujourd’hui on a les mêmes sur nos têtes. 30 ans ministre, 30 ans chef de parti, 30 ans ambassadeur, 30 ans chef militaire, 30 ans DG, 30 ans président des institutions, 30 ans député, 30 commissaire, 30 ans protocole.

Des repris de justice. Des soustraits de justice. Des mafieux. On n’aurait rien dit si nous n'étions pas à terre. Le constat est sans appel. L’éducation au plus bas de la région. La santé au plus bas de la région. Le sport au plus bas de la région. L’eau, l’électricité, les voies bitumées sont minuscules. Des provinces entières isolées en saison pluvieuse. Des quartiers et des hôpitaux dans l’eau. Pendant ce temps d’autres familles à l’abri dans des maisons achetées indument en Europe, en Amérique, au Maghreb, etc. On veut perpétuer quoi ?

C’est déjà important l’organisation de ce dialogue. Le président de transition Mahamat Idriss Deby a fait son travail, le reste c’est de bonne guerre et la vérité s’imposera. Tout porte à croire qu’il y a une majorité qui veut saisir cette occasion. Il y aura certainement d’autres Moussa Faki, encore plus courageux. Le ton est donné, rien ne sera comme avant. Mahamat Egreye Secrétaire Général de l'Union des Forces de la Résistance (UFR), Mahamat Assileck Hallata, vice-président de l'UFDD et bien d’autres ont dit non, quand il fallait répondre aux agissements contreproductifs des caciques. Les faits sont têtus. Et tout est désormais filmé. Ça promet un dialogue.

Il n’y a rien de plus persévérant, de plus inéluctable que le changement. Alors s’adapter que d’avoir peur. Et si nous faisons confiance à une nouvelle génération ? Le pays est déjà tombé, une nouvelle génération ne fera pas pire.

Mahamat Kebir-mi

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