Le dialogue nation inclusif (DNI) est pour bientôt. Il ne reste que 17 jours. Plusieurs intellectuels, des organisations politiques et la société civile s'interrogent sur un rendez-vous qui, disent-ils, risque d'être sans enjeux. D'aucuns invitent le Président du Conseil militaire de transition (CMT) à mettre en place un organe paritaire, gage d'un dialogue sincère. D'autres s'inquiètent que ce dialogue accouche d'une souris. Reportage.
Selon le Huissier Commissaire de Justice Me Hisseine N'Garo, le 20 août 2022, est la date fixée par le CMT pour la tenue des assises du Dialogue National Inclusif ( et Souverain). En tant qu’observateur de la sphère politique tchadienne, l'auxiliaire en charge d'exécution des décisions de justice s'interroge sur le but, la catégorie des participants et les résultats à attendre de ce dialogue. « Excusez-moi, étant observateur de la sphère politique de notre pays depuis toujours, ayant vécu les différents conflits politico-militaires depuis mon très jeune âge, j'ai une idée peut-être pas assez sûre, mais quand même proche de la réalité pour conclure que ce DNI accouchera d'une souris, comme beaucoup d'autres ont entendu parler des différentes rencontres de réconciliation entre les Tchadiens par le passé », affirme-t-il.
Pour Me Hisseine N'Garo, certains noms et prénoms de ceux qui se disent surtout politico-militaires ont contribué depuis des décennies à faire du Tchad leur propre fonds de commerce. D'après lui, ils ne veulent toujours pas se reposer pour que la paix revienne dans ce pays. À côté d'eux, dit-il, certains soi-disant politiciens, dont les programmes politiques, se résument à adhérer au parti politique de la mouvance présidentielle pour en vivre. Il affirme que des quadragénaires en fin de vie, ont pendant plus de 50 ans de participation à la gestion de ce pays, n'ont innové que dans le pillage des ressources du pays. Ils n’apporteront aucune plus-value à ce pays, lance-t-il. « Qu'ils acceptent cette vérité et avec la fortune qu'ils se sont faîtes qu’ils partent se reposer en attendant leurs derniers jours, surtout en invoquant le pardon à Allah ou Dieu qui est Pardonneur et Miséricordieux », dit l'huissier.
Me Hisseine se demande si cette jeunesse impliquée dans la politique pour dit-elle apporter le changement dans ce pays, est réellement bien préparée pour le faire? Selon lui, il suffit tout simplement de faire un constat de leurs comportements, discours et surtout leurs manières de faire pour se rendre à l'évidence. La plupart, poursuit-il, ont suivi les pas de ces vieux fossoyeurs de notre pays et s'illustrent par des critiques beaucoup plus stériles qu'innovatrices. Ils font, dit-il, des propositions de redémarrage socio-économique dans une vision politico-stratégique afin de rattraper ce retard dont ils sont victimes par ceux-là qui les manipulent aujourd'hui. « Au vu du comportement de certains qui hier vilipendaient le Feu Maréchal, se sont fait une santé financière et deviennent les porte-voix de ce même régime, sous le fils du Feu Maréchal. N'est pas là la politique du ventre comme celle de nos aînés qui ont mis ce pays sous perfusions, mais qui reste toujours dans un état de coma? », s'interroge l'huissier.
Définir clairement l'agenda, les critères et la liste des participants
Le juriste soutient qu'à quelques jours de l'ouverture de ce dialogue, combien ont développé ou ont fait des propositions allant dans le sens d'un changement ou d'une refonte socio-économique et politique? Pour lui, c'est une manière de distraire les Tchadiens afin de les mettre devant les faits accomplis, comme les résultats des différentes rencontres des pré-dialogues organisées il n'y a pas longtemps. « Lorsqu'on accepte le prix en numéraire ou matériel de sa conscience, il ne reste plus qu'une chose, la boucler », conclut-il. Il implore le ciel de sauver le Tchad.
Dans une lettre ouverte adressée au Président du conseil militaire de transition (PCMT), le Groupe Appel du 1er juin, Wakit Tamma, les Démocrates, l'UNPT, le COP, l'UTPC, la Plate-forme Diaspora tchadienne, le MPUD, le FNC, Un Nouveau jour, invitent le gouvernement à un dialogue sincère et inclusif pour le Tchad. Ils insistent sur la mise en place d'un organe paritaire. Cet organe, disent-ils va comprendre les pro-CMT et les contre-CMT. Il va être chargé dans une atmosphère apaisée de préparer de façon inclusive, consensuelle et transparente, l'agenda, les critères, la liste des participants ainsi que le projet de règlement intérieur du dialogue pour sortir le Tchad des interminables violences et asseoir des institutions légitimes, des dirigeants démocratiquement élus, le dialogue vrai et sincère s'impose, soutiennent-ils.
Moyalbaye Nadjasna