Les conseillers parlementaires vont-ils écourter leurs vacances qui s'achèvent fin septembre pour répondre présent au dialogue national inclusif(DNI) prévu à d'ici 20 août ? Certains conseillers estiment que c'est une date historique et en tant que représentation nationale, ils ne peuvent être exclus. Seulement le pré dialogue de Doha ne s'est pas encore défini totalement. Or les problèmes tchadiens sont essentiellement militaires. Reportage.
Selon le Conseiller national, Me Théophile Bongoro, la disposition du règlement intérieur du Conseil national de la transition (CNT) combinée à celle de la charte de transition, voire la constitution ( articles 37 ou 42), permet au Chef de l'État de légiférer pendant la période des vacances parlementaires. Mais l'exception, dit-il, en cas de besoin du parlement on peut convoquer la session extraordinaire. Pour le parlementaire, le 20 août, est une date historique pour le Tchad. Il est hors de question, affirme le conseiller, que le CNT incarnant l'Assemblée nationale puisse en être exclu. « Nous devons avoir notre quota dans la salle. La preuve en est que tous les Conseillers nationaux sont rappelés ce 21 juillet, pour une session parlementaire extraordinaire du G5 Sahel. Si les circonstances l'exigent, les textes le recommandent. Il y a des domaines qui relèvent exclusivement du parlement et non de l'exécutif. Tel que c'est parti, nous allons l'y être », dit Me Théophile Bongoro.
Seulement, le président du parti pour le Rassemblement et l'Équité au Tchad (PRET) se dit être embarrassé par le fait qu'une grande partie de la classe politique tchadienne ne soit pas associée à la fixation de cette date. A son avis, sous la double pression tant de l'intérieur que de l'extérieur, certaines ambassades se sont fendues en déclarations qui ont mis mal à l'aise le pouvoir. « C'est peut-être sous cette double pression que le gouvernement aurait fixé cette date unilatéralement », suppose le conseiller. De son point de vue il note un plan confus étant donné que Doha n'a pas encore livré ses secrets. Il assure que personne n'est sans savoir que les problèmes du Tchad sont d'abord essentiellement militaires. « Si nos frères détenteurs des armes à feu ne prennent pas part à ces assises, on n'aurait traité partiellement les problèmes tchadiens tout en laissant de côté l'essentiel » se soucie-t-il.
Un bon dialogue ne s'enferme pas dans le fétichisme des dates
Le politique estime que le DNI est un moment de tremplin pour tous les Tchadiens frustrés de se décharger afin de jouer pleinement leur rôle de citoyen. « Mais tel que la date a été fixée, le paysan qui court derrière le calendrier agraire vers Mbaibokoum et celui qui nettoie sa palmeraie à Faya-Largeau, pourront-ils être là pour plaider leur cause? Nous sommes à 80% rural, est-ce que c'est bien réfléchi ? », s'interroge Me Bongoro. Pour lui, si c'est un fait accompli, la politique c'est une tribune et ils ne peuvent pas refuser. Seulement le leader de PRET s'inquiète que cela ressemble aux deux forums de 2018 et 2020, avec des résolutions et recommandations écrites en avance. Or, ce dialogue nous le voulons ultime afin que les Tchadiens se vident de leur cœur, dit-il. D'après lui, tout calcul politique et politicien ne doit pas être au rendez-vous. « Cette chance, j'ai bien peur qu'elle nous échappe. Je vous dis en cet instant, le calendrier des opérations précédant la date du 20 août est en train d'être déroulé. Une assise qui ne va regrouper qu'une seule partie des Tchadiens va forcément traiter en partie les problèmes des Tchadiens ». Il indique qu'un bon dialogue ne s'enferme pas dans le fétichisme des dates. Il évoque qu'on aurait pu attendre entre janvier-février pour organiser ce dialogue et jusqu'en avril pour tout terminer. La transition qui va commencer après le dialogue doit être vraiment le choix du peuple tchadien, souhaite le conseiller.
Concernant les parlementaires, le conseiller Brahim Ben Seïd souligne qu'ils ont un rôle important à jouer au DNI. Après le dialogue dit-il, des importantes lois vont être adoptées, un parlement provisoire installé, des choses sérieuses vont suivre encore. Ce n'est pas l'ensemble des conseillers qui va participer au dialogue, mais quelques-uns désignés par leurs pairs, précise-t-il. Pour lui, on n'a pas attendu longtemps sur la question de la date de la tenue du DNI. C'est une bonne chose que le gouvernement ait fixé cette date, selon lui. Il estime qu'il faudra qu'on avance, c'est bientôt la fin de la transition. Organiser un dialogue national inclusif fait partie du mandat du gouvernement de la transition dit-il. Brahim Ben Seïd, affirme qu'au niveau de CODNI, voire Doha, les choses avancent. Il faut mettre un terme à cela au lieu de faire attendre éternellement les Tchadiens. « Le dialogue nous permettra de nous décharger de toutes les intrigues afin d'enterrer définitivement la hache de guerre. On va après le dialogue élire démocratiquement notre prochain président », affirme le conseiller. Il est d’accord que le gouvernement n'a pas besoin d'appeler toutes les forces vives pour fixer une date. Brahim Ben Said soutient que tout le monde est représenté au CODNI. « Pour ce qui concerne les politico-militaires, je suis persuadé qu'ils vont prendre part. Ils vont s'entendre. Ils finiront par signer une décision commune. Ces amplitudes sont le propre de la négociation ».
Moyalbaye Nadjasna