Au quartier Diguel Koudou communément « Chadar Talata » (les 3 arbres en arabe locale) situé dans la commune du 8e arrondissement de la capitale tchadienne, une centaine de personnes sont sortis dans la rue ce matin 20 juillet pour protester contre ce qu’ils qualifient de spoliation de 2.000 lots par des particuliers. Reportage.
Il est 10h passé, hommes, femmes et petits se sont déchaînés sur la route principale reliant le quartier dit « Chadar Talata » au rond-point Hamama. À côté, l'on peut constater, des murs, des arbres ou encore des clôtures en tôle badigeonner en peinture de couleur rouge. Un groupe des femmes et jeunes brandissent une plaque sur laquelle est mentionnée « La population de Diguel Koudou dit: Non à la spoliation de leurs 2.000 lots par Sogour et ses complices Hassan Hamit et Moussa Chaïbo ». Il se murmure par-ci, par-là, « on ne va pas se laisser faire » ou encore « qu'ils nous exterminent avant de spolier nos terrains ».
Hassan Adoum Hassan, chef de carrée 19, présent dans la foule affirme qu'hier 19 juillet 2022 aux alentours de 4h du matin, des gendarmes ont débarqué dans le quartier. Il révèle que c’est avec l'accord du 3e substitut de la République, Wambel Assoucia Ngueli, que ces derniers ont badigeonné les murs des maisons avec de la peinture de couleur rouge. Le Chef de carré affirme, « sur une superficie de 1K200 de longueur et 800m de largeur que les gendarmes ont badigeonné, soit 2.000 lots » qui doit être démoli, spolier et donner à Sogour Bakhit et ses complices. Pour lui, cette affaire a été tranchée en justice depuis bientôt 7 ans, « en 2015, nous avons gagné la grosse en justice contre le prétendu propriétaire de ces 2.000 lots en la personne de Sogour Bakhit et ses complices », a-t-il déclaré. Il ajoute face à la réapparition de ce monsieur sur ce dossier, leurs avocats et les autorités compétentes ont été saisis pour qu'afin justice soit rendue.
Pour Achta Togolo, femme d'une soixantaine révolue affirme, « j'ai acheté un lot avec mon mari ancien militaire (décédé), il y a 30 ans alors que ce lieu était encore la brousse », dit-elle. Elle rajoute, « curieusement, il y a quelques années, un intrus s'est levé un petit matin pour réclamer ce terrain. Cette affaire est aussitôt étouffée après l'intervention du Maréchal », a-t-elle indiqué. Achta souligne qu'hier ce même individu avec ses complices a recommencé, « je suis prête à mourir pour ce lot que j'ai acheté avec la sueur de mon front. J'interpelle le Président de la transition à prendre ses responsabilités afin d'éviter le pire. Aujourd'hui, la population est consciente et ne va pas se laisser faire », lance-t-elle.
Abderamane Moussa Amadaye