Le Chef de l'État nigérien Bazoum Mohamed séjourne depuis hier au Tchad. Selon plusieurs sources, la cause de la venue du Président nigérien, reçu par son homologue tchadien, Mahamat Idriss Deby Itno, Président du conseil militaire de transition (CMT) serait l’urgence sécuritaire dans le Sahel. Mais des questions économiques pour les deux pays producteurs de pétrole pourraient être aussi être abordées. Ialtchad Presse a donné la parole à quelques leaders politiques, ce mercredi 13 juillet pour avoir leurs avis sur ce qu'augure cette visite. Reportage.
La République du Niger et celle du Tchad partagent une frontière commune. Les deux pays font partie des G5 Sahel. C'est la deuxième visite de Banzoum Mohamed. Cette visite serait inscrite dans un cadre de l’urgence sécuritaire au Sahel entre l’engagement tchadien dans le fuseau central et dans la lutte contre Boko Haram. Et les questions économiques pour les deux pays producteurs de pétrole ne sauraient être occultées.
Professeur Avocksouma Djona Atchénemou, président du parti « Les Démocrates » estime que cette visite est inscrite dans un cadre de coopération entre les deux pays. Il soutient aussi que le président tchadien du Conseil militaire de transition (PCMT) s’est rendu plus de deux fois au Niger. À son avis, au-delà du cadre de courtoisie, les deux chefs de l'État vont certainement plancher sur les questions sécuritaires suite aux menaces des terroristes dans la bande du sahel.
Selon Masra Succès, Président du parti "Les Transformateurs", tout va dépendre du contenu et de ce qui en ressortira de cette visite. D'après lui, le Président Bazoum Mohamed les a reçus en 2021 lorsqu'il est venu pour le décès du président Idriss Deby. Il rappelle qu'ils ont eu l'occasion d'échanger sur la suite de la transition et sur ce à quoi cela doit aboutir. Succès Masra affirme que récemment dans une interview accordée par le Président Bazoum à France 24, il a rappelé les principes sur lesquels ils ont eu déjà collectivement à discuter. « Ce sont des principes sur les bases selon lesquelles, le CMT s'était engagé à ne pas être juge et parti. Et qu'à la fin de la transition, laisser le pouvoir à l'équipe qui serait élue démocratiquement par les Tchadiens à diriger, mais ils pourraient s'associer à travailler sur le plan sécuritaire. Au cas contraire, les sanctions de l'Union Africaines vont s'imposer », affirme Succès Masra. Le président du parti Les Transformateurs estime que pour cette unième visite, des questions sécuritaires vont être certainement au rendez-vous. Il signifie qu'il attend de voir comme tout le peuple tchadien ce qui va sortir de cette visite.
Succès Masra, note en plus que le président Bazoum est un démocrate, il était élu parce qu'il y a la démocratie chez lui. « Je n'ose pas croire qu'il s'en passera des enjeux démocratiques dans un pays comme le nôtre. C'est à l’aune de tout cela que le peuple observe. Il en va de même pour le Sahel qui en même temps cumule les défis sécuritaires et du développement. ce sont les deux jambes sur lesquelles nous devons nous atteler pour progresser », déclare le leader politique.
Tous les êtres humains ont le même temps : 24 heures...
Parlant de la possible prorogation de la transition qui s'achève, Succès Masra n'y voit pas d'intérêt. Pour lui ce qui compte, c'est l'évaluation de la méthode, du rythme et de l'équipe avec laquelle cette transition a été gérée qui serait opportun. « On ne peut pas demander à la même personne de continuer avec la même chose. Vous pouvez dormir 30 ans dans une bibliothèque et vous n'en sortiez pas cultiver tant que vous ne lisez pas. Tous les êtres humains dans le monde ont le même temps 24 heures, la valeur du temps dépend de ce que vous faites », assure M. Masra.
À son avis, la question ce n'est pas la prorogation ou la durée. Ce serait absurde de répéter la même chose, selon lui. « Les américains disent poubelles à l'entrée, poubelles à la sortie. La preuve, on a nommé des pilleurs de la république à des postes de responsabilité et le pillage à continuer. Les caciques de l'ancien système sont revenus et le système se perpétue », affirme le politique. Il souligne que ceux qui raisonneraient en termes de durée se seraient trompés. Cette durée n'est qu'une conséquence d'une feuille de route avec des équipes qui vont avec, dit-il. D'après lui, ils ont vu venir ces manquements. Mais si ceux qui se sont auto-désignés et ont nommés tout le monde par un décret unilatéral : CMT, CNT, gouvernement de transition, arrive à constater leurs failles, ils doivent se remettre en question. Les 18 mois, dit-il, ne sont pas respectés et en plus, aucune justification claire n'a été donnée à cet effet. « Autrement, il va falloir redéfinir tout et le cadre approprié c'est le dialogue national inclusif. Prendre des mesures d'objectivité entre ceux qui ont soutenu la transition et ceux qui en sont restés sceptiques, il va falloir sortir un comité paritaire qui doit valider les thèmes du dialogue, les personnes qui vont participer à ce dialogue, considérant les dimensions socio-politiques des uns des autres », propose Succès Masra.
À en croire Succès, c'est la seule façon d'éviter que les mêmes cousins à la présidence donnent la parole au même patronyme puis dire que, les Tchadiens réunis ont décidé qu’« on ne veut plus entendre cela. Lorsqu'on parle de dialogue, il y a deux camps qui doivent s'asseoir et discuter pour trouver un consensus. Nous sommes en réalité dans une période pré-transitoire, la véritable transition ne va commencer qu'au dialogue », confie le président des Transformateurs.
Moyalbaye Nadjasna