Le carburant est de plus en plus rare et de plus en plus cher. Une hausse de prix considérable frappe ces derniers jours les provinces du pays. L'impact est considérable et la population ne décolère pas. Reportage.
Dans plusieurs provinces du pays, le prix du carburant est en hausse permanente. L'essence et le gasoil se font rares dans les stations-service. Chez les vendeurs non conventionnels, le prix du carburant est deux fois plus cher qu'à la pompe. À Mongo, chef-lieu de la province du Guéra, Mahamat Allamine Djabir motocycliste joint au téléphone confie, sur 3 stations-service à Mongo, seulement 2 fonctionnent. Il affirme aussi que pour avoir de l'essence pour son engin « il faut faire le rang où s’ aligner en file indienne, plus de 200 personnes et passer des heures dans l'espoir d'avoir quelques litres », dit-il. Il ajoute ensuite que le prix de vente de l'essence chez les vendeurs non conventionnels est entre 1000 et 1500 FCFA le litre d'essence. M. Mahamat Allamine Djabir souligne que la hausse du prix de carburant a déjà occasionné la flambée du prix du pousse-pousse comme moyen de transport, « le pousse-pousse qui était à 500 FCFA est désormais à 700 FCA, le transport dans la ville de Mongo a aussi légèrement augmenté, c'est difficile de se déplacer avec les transports en commun, le Rakcha », a-t-il lancé. La flambée des prix de carburants pourrait éventuellement limiter le déplacement, freiner l'économie et aussi impacter les couches vulnérables, dit M. Mahamat Allamine.
Dans le sud du pays, à Sarh la situation est presque identique. M. Sodtho joint au téléphone a affirmé que le carburant est devenu rare. À la pompe, le litre d'essence est vendu à 550 FCFA et celui du gasoil à 680 FCFA, mais il faut attendre des heures pour être servi. Au pire, il faut attendre quelques jours pour être servi. Toujours selon Sodtho, ces derniers jours, le gouverneur de la province a réquisitionné 5 citernes de carburants et déposés à la Station Al-Manara pour qu'enfin la population puisse être soulagée, mais le besoin est loin d'être satisfait. Les vendeurs de l'essence dans les quartiers ne cessent d'augmenter le prix, il est actuellement vendu à 800 FCFA le litre et le gasoil à 1250 FCFA le litre, a-t-il dit.
À Abéché, au nord-est, la situation est similaire. Joint au téléphone, Mahamat Annadif conducteur de Rakcha affirme que le carburant est de plus en plus rare même dans les stations-service, « pour avoir du carburant, il faut venir tôt à la station, être dans le rang. Si non tu achèteras cher l'essence chez les détaillants », a-t-il déclaré. Il ajoute que le prix diffère, à la station l'essence est à 588 le litre tandis que dans les quartiers, il est à 800 FCFA, « la hausse du prix de l'essence a conduit plusieurs de mes collègues, conducteurs de Rakcha, à cesser de travailler et d'autres ont augmenté le prix du transport », confie Mahamat Annadif. Il interpelle l'État a trouvé une solution à cette situation qui touche durablement la population d'Abéché.
À l'ouest du pays, la situation est la même. À Bol, chef-lieu de la province du Lac, l'essence est aussi rare et cher dit Mahamat Saleh Koboro. Selon lui, il est difficile d'avoir de l'essence à la pompe et le litre et demi communément appelé « Tangui » est vendu à 1250 FCFA par les vendeurs du coin de la rue. Cette situation déplorable a eu un impact sur déplacement, a-t-il affirmé. « Pour se rendre à Ngororom, une localité située à une cinquantaine de kilomètres de Bol, il faut dépenser 3000 FCFA au lieu de 2500 FCFA par le passé », a signalé ce dernier.
La hausse de prix de carburants bat son plein sans que les autorités dans les provinces ne prennent des mesures. Cette situation a des répercussions négatives sur les ménages, les couches vulnérables et sur l’économie nationale. Les populations des différentes provinces interpellent les autorités sur cette flambée incontrôlée des prix.
Abderamane Moussa Amadaye