Le Tchad fait partie des pays où les prix des denrées alimentaires connaissent une inflation des prix sans précédent. L'insécurité alimentaire et la malnutrition touchent 5,5 millions de personnes et 1,7 million sont en situation d'insécurité alimentaire sévère selon le rapport du Bureau de coordination de l'action humanitaire de l'ONU (OCHA). Le coût de la vie continue à être à la hausse. Des prix qui pèsent sur le panier des ménages. L'équipe d'Ialtchad Presse s'est rendue dans quelques marchés de la capitale, N’Djamena, pour constater cette hausse. Reportage.
Comparé aux mois passés ou l’année écoulée, les prix à la consommation a connu une hausse considérable et le panier de la ménagère est durablement touché. Ismaël Bahar Abdallah, la soixantaine révolue, acheteur trouvé au marché d'oignons et pomme de terre estime que toutes les choses et plus précisément les denrées alimentaires au marché a connu une forte hausse de prix. Il relève que la défaillance incombe l'État tchadien qui ne régularise pas les ventes, « au temps du Président Tombalbaye, si un commerçant n'indique pas le prix sur le tableau, on le verbalise et le boutiquier risque de voir sa boutique fermer. Le contrôle de prix au marché ainsi que les boutiques du quartier était strict, l'État contrôlait tout pour qu'il n'y ai pas inflation de prix au marché et même dans les boutiques au quartier. Aujourd'hui, c'est la désolation », affirme-t-il.
A quelques mètres se trouve Khadija Ali, ménagère. Pour elle, les prix de l'oignon, de l'aile, du haricot, d'huile, etc. ont connu une hausse considérable. Elle souligne que le « coro » de l'oignon qui était vendu par le passé à 900 FCFA est aujourd'hui à 1250 ou 1500 FCFA, soit une inflation de 40 à 45%. Mme Khadidja Ali indique que le haricot a connu une hausse de prix, le « coro » qui était à 1000 FCFA est en hausse de 50%, il est désormais à 1500 FCFA, a-t-elle martelé. Elle interpelle le gouvernement à venir en aide pour qu'en fin la population puisse vivre décemment chez elle.
Si la hausse de prix affecte fortement la ménagère, les commerçants ne sont pas du reste. Ils se plaignent, eux aussi.
Amgoudja Kebir, commerçante soutient que le prix a haussé chez les grossistes. Pour elle, aujourd'hui le « coro » d'oignon est vendu à 1500 FCFA soit le double du prix il y a quelques mois. Elle ajoute que le sucre, l'huile d'arachide ont connu aussi une hausse. « Le litre d'huile que nous vendons par le passé à 750, 800 aujourd'hui, nous le vendons à 1500 FCFA et le « coro » de sucre est passé de 1500 FCFA à 2500 ». Selon elle, le commerçant ne peut pas acheter le sac ou les bidons d'huile à un prix élevé et vendre à perte, dit-elle. Amgoudja interpelle le gouvernement tchadien pour appuyer et motiver les agriculteurs. Elle estime que l'autosuffisance alimentaire n'est possible que par la production en quantité suffisante de l'intérieur avec le soutien de l'État. Du côté des céréales, Lamadine Djibrine vendeur grossiste de maïs, l'un des aliments le plus consommés par les N'Djamenois confie ce dernier temps la provenance du céréale est exclusivement le sud du pays. Il relève que par le passé, le maïs provient du Lac-Tchad et un peu du centre. Selon lui, la forte demande, la production d'une seule contrée, le transport et les magouilles des agents de la sécurité en route expliquent clairement la hausse de prix du maïs au marché. Le sac de maïs de 100kg qui était à 24000 FCFA est désormais vendu aux alentours de 30 000 FCFA a indiqué Lamadine. Cette vente impacte aussi ceux qui vendent en détail, autrement dit en la vente en Koro a ajouté le commerçant de céréales.
Soulignons qu'au début de ce mois de juin, par un décret, le gouvernement de transition a déclaré une urgence alimentaire et nutritionnelle. Malgré que le Tchad dispose d'un énorme espace de terre fertile et sans égal, le gouvernement appelle les partenaires humanitaires à venir en aide à la population. Selon nos sources, les partenaires boudent et reprochent au gouvernement tchadien sa propension à trop investir dans la sécurité.
Abderamane Moussa Amadaye