Recrutés en qualité de mécanicien-chauffeur depuis le 08 octobre 2021 par la Direction Générale des Réserves Stratégiques puis envoyés au Mali, 22 mécaniciens-chauffeurs ont travaillé sans salaire pendant 19 mois. Ils ont eu à traverser des hauts et des bas pour joindre les bouts surtout assurer les besoins de la famille qui se trouve au Tchad. Rentrés au pays, ces derniers se rapprochent de la direction pour avoir des éclaircissements sur leur situation salariale, mais ils sont toujours sans salaire. Reportage.
Ils s’appellent Sylvanus Miskine, Ngueadoum Doumdongar et Nodjiressengar Kemiyalngar, 3 mécaniciens-chauffeurs sur les 22 recrutés la Direction Générale des Ressources Stratégiques (DGRS) dans la période du 08 octobre 2021 au 23 avril 2022. Ils sont déployés au Mali et y ont travaillé pendant 19 mois sans salaire. De retour au pays, ils mènent des démarches à la DGRS pour entrer dans leur droit, mais rien de clair ne se pointe à l’horizon. Pour eux, la DGRS doit à chacun des 22 mécaniciens-chauffeurs, une somme de 150.000FCFA par mois pendant 19 mois. « La direction nous doit au total 2.850.000 par personne. À notre arrivée, nous avons espéré être payés, mais c’est le contraire. La DGRS a laissé entendre que notre dossier est en cours et depuis ce jour, personne ne nous donne de suite sur notre revendication », a dit Sylvanus Miskine.
Pour Ngueadoum Doumdongar, ils sont partis dans l’intention de subvenir aux besoins de la famille, mais sont surpris sur place avec les difficultés sur le plan salarial. Père de 5 enfants avec des enfants adoptifs, Ngueadoum affirme que les femmes de certains de leurs collègues ont quitté la maison, les unes ont des arriérés de location, d’autres ont vu leurs ustensiles de cuisine confisqués par les bailleurs elles ont vécu toute sorte d’humiliation. Il ajoute que tous les agents déployés comme mécanicien-chauffeur se débrouillaient pour envoyer le crédit appelé dans le jargon militaire « cigarette » que l’État tchadien et l’Organisation des Nations Unies les donnent à la famille. « Même ce crédit qui est de 70.000 FCFA ne tombe pas régulièrement. On fait de mieux pour envoyer les 70.000 à la famille, mais avec les commissions et tout, quelquefois c’est 50.000 ou 45.000 qui arrive aux mains de la famille », ajoute-t-il. Alors difficile pour eux de répondre favorablement aux besoins de leurs petites familles.
Père de 3 enfants, Nodjiressengar Kemiyalngar déplore lui, les conditions de travail auxquelles ils sont soumis. « C’est un endroit pas facile, mais nous sommes rentrés sains et saufs. Nous sommes recrutés comme mécanicien-chauffeur, mais arrivés au Mali, on fait le travail des militaires malgré qu’on n’a aucune formation dans le domaine. Ils nous ont divisés en groupe. Une partie est avec le service de déminage, une autre dans l’équipe de patrouille, on assure le tour de garde et la dernière équipe fait le travail de mécanicien», précise-t-il. Il souligne également qu’ils vont revendiquer leur forfaitaire jusqu’au bout. La DGRS a lancé un avis de recrutement, mais a fait le déploiement de ces 22 agents mécaniciens-chauffeurs recrutés sur le terrain sans un contrat dûment signé par les deux parties.
Kouladoum Mireille Modestine