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Entretien avec Mbaïlaou Naimbaye Lossimian

Aoû 04, 2010

Le Tchad à l’instar de plusieurs autres pays africains s’apprête à fêter le cinquantième anniversaire de son indépendance. Proclamé le 11 août 1960 par François Tombalbaye (Président de la République); plusieurs changements se sont opérés au cours de ces cinquante années d’indépendance. Le Ministre de la justice garde des sceaux Mbaïlaou Naimbaye Lossimian, grande figure de la vie politique tchadienne, explique dans Ialtchad Presse ses souvenirs et l’opportunité qu’offre cet événement pour unir d’avantage les fils du Tchad. Entretien.

Ialtchad Presse : M. Le ministre, nous voici à quelques jours du 50ème anniversaire de l’accession du Tchad à l’indépendance, quel sentiment éprouvez-vous ?
Ministre Mbaïlaou Naimbaye Lossimian :
D’abord je remercie le jeune Média Ialtchad Presse pour l’opportunité qu’il m’offre pour pouvoir donner mes impressions au souvenir inoubliable qui est le 11 août 1960. Personnellement, j’éprouve un sentiment de joie, de fierté parce que cette date-là, le Tchad venait d’être libéré du joug colonial et que désormais la destinée du pays est dans nos mains.

Ialtchad Presse : Vous avez une vingtaine d’années lorsque l’indépendance du Tchad a été proclamée, quel souvenir avez-vous de ce 11 août 1960 ?
Ministre Mbaïlaou Naimbaye Lossimian : En fait, j’ai gardé un grand souvenir de cette date. À l’époque pendant que le Président Tombalbaye proclamait l’indépendance à Fort Lamy, je me trouvais en vacance chez les parents. On a organisé un grand bal au centre culturel de Moundou où ont pris part les fonctionnaires, les étudiants et les forces vives de Moundou. Franchement la fête était belle. Malheureusement un fumeur en voulant allumer sa cigarette à côté d’un fut d’essences a provoqué un incendie et voilà la flamme a envahi tout le centre. C’était la débandade totale, les filles et les garçons se bousculaient pour sortir donc, c’est sauve qui peut. Et Dieu merci moi je suis sorti indemne. Voilà un peu l’événement qui m’a marquée dans la nuit du 11 août 1960 à Moundou.

Ialtchad Presse : Quel est le bilan de 50 ans d’indépendance ?
Ministre Mbaïlaou Naimbaye Lossimian : Faire un bilan de 50 ans d’indépendance au cours d’une entrevue me parait un peu difficile mais globalement je dirais que si le Tchad n’a pas connu les guerres internes, il serait classé parmi les pays en voie de développement ou encore un pays mieux nanti. Malheureusement, le Tchad a été freiné par ses propres enfants, les uns influencés par les puissances extérieures et les autres nourris par des ambitions démesurées et voilà le pays a failli basculer dans le néant. Mais il faut reconnaitre que le Tchad est un pays béni de Dieu. Malgré les évènements qu’a connu le pays à travers les guerres successives de 9 mois en 1980, puis celles d’avril 2006, février 2008 dans la capitale N’Djamena, on constate de nos jours des actions de développement concrètes notamment dans le domaine de l’Éducation, de la santé, de l’agriculture et des infrastructures, etc.

Récemment lors d’une mission à Abéché, il y a eu un grand changement. Je ne suis pas retrouvé, la ville a complètement changé. Je me rappelle en octobre 1960 quand j’étais affecté la bas, la ville n’était pas celle qu’on voit aujourd’hui. À l’époque pour aller à Abéché ou à Sarh, on peut mettre facilement une semaine en route mais aujourd’hui tout a changé. Aussi, en ce qui concerne l’enseignement supérieur nous avons 4 ou 5 universités et plusieurs instituts universitaires alors que par le passé on ne parle que de la seule université du Tchad. Nous n’avons pas des médecins, des magistrats, des ingénieurs, des agronomes aux premières heures des indépendances, mais de nos jours, on en a des centaines. Donc à mon avis, c’est un bilan que je dirais de positif parce qu’il y a une nette avancée dans des domaines divers.

Ialtchad Presse : Êtes-vous d’avis que la célébration du cinquantenaire de l’indépendance est une opportunité pour unir davantage les tchadiens ?
Ministre Mbaïlaou Naimbaye Lossimian :
Je pense que toutes les occasions qui militent en faveur de l’unité, la concorde nationale sont pour moi une satisfaction. Dans les temps anciens, le Président Tombalbaye décalait la fête du 11 août en janvier pour permettre à tous les fils du Tchad, c’est à dire les cadres, les chefs traditionnels de se retrouver à N’Djamena pour se parler. Donc pour moi c’est une opportunité à saluer.

Ialtchad Presse : Êtes-vous optimiste quant à l’avenir du Tchad ?
Ministre Mbaïlaou Naimbaye Lossimian :
Évidemment, dire le contraire serait un crime de ma part. Non seulement je suis optimiste, mais j’ai toujours été optimiste pour mon pays. Je n’ai jamais baissé les bras devant les perturbations, moins encore devant les difficultés conjoncturelles. L’optimisme est mon credo. À un moment donné, les faibles d’esprit “s’il faut les appeler ainsi” se posaient la question à savoir est-ce qu’on peut sauver le Tchad ? Mais non seulement le Tchad est sauvé, la paix est rétablie et le Tchad est en train d’amorcer son décollage. Que ses fils abandonnent les coups bas, la trahison, l’esprit de gain facile, la conquête du pouvoir par les armes, etc. Le Tchad a toutes les potentialités pour se développer. Nous avons les ressources humaines, naturelles et minérales. J’ai été optimiste, je le suis et je le serais.

Ialtchad Presse : Un vœu pour cette circonstance ?
Ministre Mbaïlaou Naimbaye Lossimian :
Mon vœu le plus cher, c’est le renforcement de la paix retrouvée dans l’unité et la cohabitation pacifique grâce à une bonne et véritable justice.

Propos recueillis par Moussa Yayami, Hamid

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