Au quartier Karkandjié dans la commune du 8e arrondissement se trouve une usine de fabrication artisanale des marmites. Cette usine produit chaque jour une quantité importante de marmites vendues sur les marchés. L’activité permet aux ouvriers de l’usine de joindre les bouts du mois. Ialtchad Presse est allé à la découverte de cette usine. Reportage.
C’est une véritable industrie de fabrication de marmite qui est installée dans ce quartier. L’usine est visible à 50 m par la montée de la fumée qu’elle dégage de son toit. C’est dans un espace d’environ 10 m de long et 5 m de large que l’entreprise est installée. Cet espace est occupé à 80% par du sable noir qui sert à donner la forme à la marmite. Presque tout tourne autour de ce sable noir. D’un côté traînent des matériels de travail comme les moules, les pelles, cuillères d’un côté. De l’autre côté, un fut rempli d’huile de moteur des véhicules et motos déjà utilisé. Cette huile sert à faire marcher le moteur de la machine qui fait le mélange des matériaux de fabrication.
L’usine fabrique tous les numéros des marmites. La fumée que dégage l’usine a rendu les employés encore plus noirs. On dirait des travailleurs de mine à charbon. C’est le cas d’Idriss Oumar Idriss ,43 ans. Il est le doyen de l’atelier. Il y travaille depuis 23 ans . Il parle peu et travaille beaucoup. Moule en main, Idriss dessine la forme de la marmite à fabriquer. « Nous fabriquons les marmites par commande ou pour ravitailler les marchés. On peut produire 20 à 30 marmites par jour. Tout dépend des commandes. C’est une activité que nous ont léguée nos parents », explique Idriss. Il apporte des précisions sur la provenance des matériaux de fabrication des marmites. Selon lui, ce sont des femmes qui leur fournissent de vieilles marmites trouées. Les pièces des véhicules, des motos et tout objet en aluminium est aussi utiles pour la fabrication.
Au total 15 employés font tourner l’entreprise au quotidien. Ils sont également payés par jour et selon le rendement. Les employés rentrent avec 2500 voire 3500 par jour. Autrement dit, rien n’est prévu pour un ouvrier malade ou qui a un cas social. Ils parviennent à joindre les deux bouts avec cette recette. Idriss Oumar affirme qu’il ne se plaint pas. « Je gère ma famille avec le peu que je gagne . Tout est une question d’organisation. Aux jeunes qui aiment qu’on leur présente tout dans un plat, je leur demande de se battre. La vie n’a jamais été facile », affirme-t-il. Il réitère son amour pour le métier qu’il exerce. Selon lui, quand tu aimes ce que tu fais, tu vas toujours gagner dignement ta vie. C’est mieux que d’aller voler, a-t-il ajouté. M. Idriss déplore enfin l’attitude de la Mairie qui les harcèle en les arnaquant tous les jours. « La mairie nous prend 2000 à 2500 FCFA tous les jours sans nous donner un petit bout de papier. Je ne sais pas où va l’argent. Les autorités nous demandent d’entreprendre, mais la mairie ne cesse de nous escroquer. Comment va-t-on développer notre entreprise avec ce comportement », s’interroge-t-il ?
Kouladoum Mireille Modestine