Les sarhois défient les forces de sécurité, au sud de N’Djamena c’était l’affrontement

Fév 15, 2022

Suite au massacre perpétré sur les habitants de Sandana dans le canton Koumogo le 09 février dernier, les ressortissants du grand Moyen-Chari ont organisé une journée de deuil ce 15 février dans tout le Tchad. Ici, à N’Djamena, les ressortissants se sont réunis au terrain Fest-africa pour exprimer leur mécontentement à travers une marche dite de deuil. Les marcheurs sont tout de suite dispersés par la police. À Sarh, capitale de la province, les habitants ont défié les forces de l’ordre. Reportage

Tôt ce matin, les ressortissants de Sarh constitués majoritairement des jeunes se sont réunis au point de départ pour la marche. Sur les pancartes brandies par les manifestants on peut lire, Justice pour Sandana. Trop, c’est trop. Non à la boucherie humaine. Respectez-nous ou encore CMT égale à insécurité totale. Quelques minutes après que la marche, le Groupement Mobile d’Intervention de la Police (GMIP) a dispersé les marcheurs à coup de grenade lacrymogène.

À N’Djamena les manifestants se sont retirés pour se reconstituer en petit groupe. La marche est devenue sporadique et a pris tout le quartier sud de N’Djamena et à Walia dans le tourbillon. Un groupe de jeunes ayant en leur tête le chef de communauté Sara Madjingaye ont mis du bâton dans les roues des forces de sécurité. Déterminés, ces jeunes ont foncé vers elles. Dans la foulée, une femme sort nue, avance vers le GMIP, se jette par terre et commence à pleurer. Quelques minutes après, les forces de l’ordre commencent à jeter les grenades lacrymogènes sans bouger. La fumée monte de partout. Entre temps, les jeunes mettent de l’eau sur les étuis de gaz pour les éteindre. Après avoir inhalé une bonne dose de lacrymogène, ils se concertent pour foncer sur la police. Pas après pas, les marcheurs atteignent le rond-point Aigle. Leur objectif est d’atteindre le stade de Paris-Congo. La marche a tourné en un véritable affrontement entre les forces de l’ordre et les jeunes marcheurs au rond-point Aigle.

Le camp des marcheurs face à celui des policiers. Ils avancent malgré les tirs des grenades lacrymogènes. Dépassée par la foule, une intervention de plus de 8 véhicules bourrés des agents du GMIP arrive en renfort aux forces de l’ordre. Ils essayent en vain de disperser les jeunes résolus à marcher jusqu’au point de chute. 45 min après, les force du 3e degré composé de l’armée et de l’Unité Spéciale d’ Intervention de la Police USIP ont débarqués. Mais ils n’arrivent toujours pas à disperser les marcheurs. 2h plus tard, les jeunes marcheurs ont décidé par eux-mêmes de rentrer. Les habitants du quartier Moursal ont sympathisé avec les marcheurs. C’est le cas d’une dame à qui on a envoyé  le grenade à son domicile touchant ainsi sa fille asthmatique. De l’eau par ci, de l’alcool par là pour l’aider à reprendre conscience. Pour la maman, c’est horrible ce que les Tchadiens vivent maintenant. « Même au temps de Deby, ce n’était pas comme ça. Dans ta propre maison, on t’envoie du gaz lacrymogène. C’est grave. Nos gouvernants veulent quel Tchad ? Je ne sais pas. Qu’ils revoient leur politique de sécurité sinon ça ne peut pas marcher comme ça », s’indigne-t-elle.

Les marcheurs se sont finalement retrouvés au domicile du défunt chef de communauté pour faire une déclaration. Delaville Djimyabaye membre du comité d’organisation de la marche exprime sa gratitude à tout le monde d’avoir fait le déplacement. Pour lui, le comité a envoyé une correspondance pour informer les autorités de la marche. « Personne ne nous a fait part de l’interdiction de la marche. Nous sommes tous surpris de leur intervention musclée pour nous disperser. Vous voyez dans quel pays nous sommes? De toutes les façons, le message est passé », a-t-il souligné. M. Delaville laisse entendre que chacun a perdu un membre de sa famille d’une manière ou d’une autre lors des évènements de Sandana. Le comité informera l’opinion publique des actions à venir. Il est venu le temps de soigner les blessés. a-t-il précisé. L’archevêque métropolitain de N’Djamena qui se rendait au lieu de recueillement au stade Paris-Congo a pris un étui de gaz sur son pied droit et au niveau du bas ventre. Son chapeau est tombé. Le téléphone d’un jeune marcheur depuis sa poche l’a sauvé de la balle réelle qu’on lui a tirée. On dénombre quelques arrestations, des blessés, dont le chef de communauté Sara Madjingaye. Ils sont admis dans les hôpitaux. En solidarité avec les toutes les victimes et particulièrement le correspondant de la radio Lotiko de Sarh, toutes les radios catholiques et les écoles sont fermées ce mardi 15 février. C’est pour la deuxième fois que le village Sandana est attaqué. La première attaque qui a fait 9 morts de part et d’autre est survenue le 26 août 2019.

Kouladoum Mireille Modestine

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