La plateforme interconfessionnelle a célébré en différé la journée nationale de prière pour la paix, la cohabitation pacifique et la concorde nationale ce 29 janvier au palais du 15 janvier. La 12ème édition placé sous le thème tous ensemble pour le dialogue national et la réconciliation a vu la présence du président du Conseil Militaire de Transition, du premier ministre, du président du Conseil National de Transition et quelques autorités. Reportage
Hommes, femmes et enfants ont fait le déplacement du palais du 15 janvier afin d’implorer Dieu pour la paix et la cohabitation pacifique au Tchad. La cérémonie a commencé avec l’exécution de l’hymne national, de la lecture du Coran et de la Bible dans les deux langues officielles du Tchad que sont l’arabe et le français. L’édition de cette année est célébrée en deux temps. Le 1er temps est marqué hier 28 janvier par la prière dans les lieux de cultes et mosquées. Et le second par la prière solennelle qui réunit toutes les trois confessions religieuses à savoir le catholicisme, l’islam et le protestantisme. Dans son mot de bienvenue, le coordonnateur de la plateforme interconfessionnelle Abbé Romain Guelbé, lance un appel à l’unité et la solidarité de tous les tchadiens dans la marche vers le dialogue que la plateforme le veut sincère. Le coordonnateur félicite le président du CMT pour sa main tendue aux politico-militaires et autres opposants avant de déplorer le bain de sang à Abéché. Pour le dialogue en cours, Abbé Romain lance un appel à tous les fils du pays à mettre la main dans la patte. « J’appelle les hommes politiques, les personnes de bonne volonté, les leaders d’opinion, les communautés, bref tous les tchadiens à apporter chacun sa part de contribution pour la réussite du dialogue national inclusif car la paix, la stabilité et le développement de notre pays en dépend », indique-t-il. Les leaders religieux s’engagent à mener des actions communes poursuit-il, et exhortent les autorités à respecter les conditions de la tenue de ce dialogue.
Le Secrétaire Général de l’Entente des Eglises et Missions Evangéliques au Tchad EEMET Dr Djimalngar Madjibaye, affirme pour sa part que le thème de cette année est révélateur. « Le Tchad est marqué par une très forte culture de la violence, des conflits intercommunautaires, des tensions entre éleveurs et agriculteurs et la prolifération des armes. Ce thème est donc un appel pour que nous ne perdions pas de vue le besoin de conjuguer nos efforts pour la consolidation de la paix dans un climat de cohésion sociale», argue-il. De son avis, Le dialogue et la réconciliation sont des atouts pour la paix, la cohabitation pacifique et la concorde nationale. Le Secrétaire Général de l’EEMET ajoute que le projet de construction du Tchad doit s’efforcer à intégrer toutes les franges de la population victime et coupables.
L’archevêque métropolitain de N’Djamena Monseigneur Edmond Djitangar Ngotebé, parle du plan de Dieu pour le Tchad et les tchadiens. Pour lui, Dieu ne fait pas la différence entre les tchadiens, il ne considère pas la religion, la culture la provenance, ou la fortune ; il nous regarde avec amour et il nous demande de porter ce regard envers les autres. Il poursuit en disant que La cupidité, la volonté de domination se sont développés dans les cœurs des tchadiens qui divisent les autres et pratiquent l’exclusion sous toutes ses formes. Selon l’Archevêque, Les divisions vont jusqu’à s’installer au cœur des confessions religieuses rendant difficile l’acceptation réciproque et la cohésion sociale et cela devient une interrogation pour les leaders religieux. « La plateforme interconfessionnelle qui est une initiative louable, a quelque peu dévié de ses objectifs. Et la Conférence Episcopale a demandé que soient revu sa composition et son fonctionnement pour qu’elle soit véritablement un creuset pour les confessions religieuses afin de porter les vertus de tolérance et de respect réciproque de toutes les confessions religieuses ». Edmond Djitangar demande enfin que le dialogue soit une unité et une capacité de reconnaitre que la vérité peut être aussi dans l’autre camp afin que le dialogue débouche sur une véritable réconciliation de cœur et des esprits.
Le président du Conseil Militaire de Transition Mahamat Idriss Deby a dans son discours, exprimer le vœu de voir les tchadiens se réconcilier véritablement. « Ce nouveau Tchad que nous voulons construire, nous allons le rendre possible avec une vraie réconciliation de cœur. Le Tchad est notre patrimoine commun et personne ne viendra le développer à notre place », a-t-il souligné. Pour lui, les leaders religieux n’ont jamais failli à leur devoir de prêcher la bonne parole de Dieu. Pour ce faire, poursuit-il, ils ont un rôle important à jouer pour la réussite du dialogue. Le président du CMT a saisi l’occasion pour tendre une nouvelle fois la main à tous ses compatriotes qui sont encore sceptiques de venir autour de la table pour discuter de l’avenir du pays.
Kouladoum Mireille Modestine