Le comité d’organisation national du dialogue inclusif (CODNI) a échangé ce samedi avec plusieurs associations des personnes vivant avec un handicap. L’objectif de cet exercice est d’informer cette couche sociale vulnérable de l’avancée des travaux préparatifs du dialogue national inclusif (DNI). C’était un échange riche en suggestions et propositions. Reportage.
Plusieurs personnes vivant avec un handicap ont fait le déplacement pour aller s’informer de l’état d’avancement des travaux de préparation du dialogue national inclusif (DNI) prévu pour le 15 février prochain. Cette rencontre d’échange est organisée par le CODNI et s’inscrit dans la logique d’informer toutes les entités de la société du niveau de la préparation du dialogue. Plusieurs autres couches sociales ont déjà fait cet exercice avec le CODNI. Ce samedi, c’est le tour des personnes handicapées. Plusieurs associations de personnes vulnérables ont répondu présentes à l’invitation du CODNI. Après plus de 2 heures d’exposés présentés par les responsables de 5 sous commissions thématiques. Un échange franc et avec beaucoup de suggestions et de propositions.
Melom Norma Moussanodji, présidente de l’association tchadienne pour les femmes déficientes visuelles, affirme que le CODNI n’a pas assez touché aux conditions des femmes déficientes visuelles. Cette dame malvoyante dirige l’une de grandes écoles des personnes en déficience visuelle, estime que grâce à l’effort sans relâche avec l’aide des partenaires, l’école a tenu le coût. Mais selon elle, depuis le départ des partenaires les écoles qui forment ces personnes, peinent à fonctionner par manque de ressources financières et didactiques. Melom Norma Moussanodji a aussi évoqué la discrimination dans le recrutement des personnes malvoyantes à la fonction publique. Elle déplore qu’au Tchad, il n’y a pas 10 femmes déficientes visuelles diplômées et recrutées par l’État. Elle appelle les autorités en charge d’organiser le DNI d’inscrire les préoccupations des personnelles en déficience visuelle dans l’agenda de ce dialogue.
Égrainant le même chapelet, M’ndissedibaye Rimté Nadar, enseignant spécialisé et responsable de l’association des sourds de N’Djamena, plaide pour la prise en charge de la formation des personnes déficientes auditives. Selon lui, l’État tchadien a abandonné les personnes sourdes les laissant à leur propre compte et aux parents. Il a surtout mis l’accent sur la situation difficile que traversent les femmes sourdes du Tchad. M’ndissedibaye Rimté Nadar suggère aux responsables du CODNI d’inscrire dans le programme du dialogue les préoccupations des personnes sourdes qui sont entre autres la formation et l’insertion sociale des sourds comme les autres entités sociales.
La rencontre a permis à beaucoup des associations des personnes vivant avec un handicap d’exprimer et d’éclairer les zones d’ombres de leurs problèmes aux autorités du CODNI en vue de les inscrire au programme du dialogue prochain.
Selon le secrétaire général adjoint de l’union nationale des personnes handicapées du Tchad (UNAPHT), Madjitelsem Severin, c’est une rare occasion, c’est une innovation. Il estime que le problème du Tchad est un problème de la justice sociale et les personnes handicapées sont la couche la plus marginalisée. « Nous avons pris de retard dans le processus de développement de notre pays comme ça se fait dans les autres pays où les personnes handicapées sont impliquées dans ce processus », précise le SGA de l’UNAPHT. Il interpelle les responsables du CONDI, à travers les recommandations sur les personnes vivant avec un handicap, pour le Tchad de demain, il ne faudrait pas que les autorités publiques les oublient. Madjitelsem Severin a remarqué que dans la thématique sociale, il est fait mention à la dimension Genre mais elle n’est pas inclusive. Selon lui, ces genres d’omissions pourraient susciter de frustrations dans l’avenir. Le SGA a proposé 3 points. Le premier point concerne une cellule présidentielle qui doit s’occuper uniquement des personnes handicapées. Le deuxième point concerne la dimension Genre. Pour cela, il propose que toutes les fois qu’on parle de la dimension Genre, il faille aussi intégrer la femme handicapée. Et le dernier point est axé sur le quota de recrutement des personnes handicapées dans la fonction publique.
Les personnes vivant avec un handicap vont plus loin dans leurs suggestions. Elles demandent des quotas dans les postes nominatifs et électifs. Et exigent des représentants des personnes handicapées dans le gouvernement.
Jules Doukoundjé