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« Avec l’URT, on restaurera la République. », Siddikh A. Haggar chef de l’URT

Nov 09, 2021

« Avec l’URT, on restaurera la République. Cette République sera régie par les mêmes lois, avec la même rigueur. », Siddikh A. Haggar chef de l’URT

Le président du nouveau parti, Union pour la Refondation du Tchad (URT), Siddikh Abdelkerim Haggar est l’invité de l’émission Le Point. Il est accueilli dans le studio Saleh Gaba. Dans cet entretien, plusieurs problèmes qui minent le Tchad ont été abordés, la transition en cours et l’organisation du DNI ont été au centre des échanges. Entrevue.

Pourquoi attendre maintenant pour créer votre parti, alors que vous étiez membre du MPS ?

La question m’a été posée à plusieurs reprises. Vous savez, le contexte d’avant avril 2021, un certain nombre de droits étaient réservés à un certain nombre de citoyens tchadiens. Nous autres, nous n’avions pas le droit de créer un parti politique, en particulier, nous qui sommes du département de Wadifira, du BET et du Batha. Tout le monde sait que les ressortissants de ces régions n’avaient pas le droit de créer des partis politiques, sinon, ils mettaient leur vie en danger. C’est quelque chose de connu. Les derniers évènements avec Yaya Dillo qui était candidat aux dernières élections présidentielles et les conséquences qui en ont suivi, vous le savez bien. Par conséquent, il n’était pas avisé de prendre de risque à l’époque. Mais, depuis avril dernier, avec l’avènement du Conseil Militaire de Transition (CMT), nous avons eu cette possibilité et le ministre de l’Administration du territoire peut vous confirmer. Sur l’instruction du président du CMT, les nouveaux partis politiques sont autorisés. L’essentiel est de remplir les conditions de création qui sont définies par la charte des partis politiques. C’est dans ce sens que Les Transformateurs qui n’avaient même pas eu une autorisation de fonctionner ont été autorisés par le gouvernement du CMT à fonctionner en tant que parti légal. Ensuite nous aussi, nous avons été autorisés. Bien sûr, après avoir déposé un dossier et après des enquêtes de moralité, nous avons été autorisés à fonctionner. C’est une donne, une nouvelle ouverture qui s’annonce. Et nous avons saisi cette opportunité pour créer notre parti. Il est vrai que dans notre esprit, l’idée de créer un parti politique et de lutter sur l’échiquier politique était encrée, mais les conditions ne le permettaient pas. C’est maintenant qu’il y’a possibilité de le faire et nous l’avons fait.

Le Tchad compte plus de 200 partis politiques, qu’est-ce que l’URT apportera de nouveau dans le paysage politique ?

Vous avez parfaitement raison. Il y a plusieurs partis politiques, mais quels partis politiques ? On dit partis politiques, mais en réalité ils ne sont pas des partis politiques. 90% de ces partis politiques, ne sont que des partis qui ont été créés juste pour le besoin de la cause. Vous le savez très bien, ce sont des partis qui étaient dans la mouvance au pouvoir. Ils faisaient le jeu du pouvoir, cela biaisait la démocratie. Ce ne sont pas des partis politiques. Ils n’ont aucun projet de société. Ils sont toujours alignés derrière des partis pour vivre, pour recevoir les subventions de l’État. Nous ne reconnaissons pas ces partis-là, comme des partis politiques.

Par contre, il y a une dizaine de partis politiques ou une quinzaine qui sont dignes de ce nom. Et avec qui nous sommes prêts à collaborer et à travailler ensemble pour faire avancer la démocratie. Nous apportons, par rapport au contexte actuel, un nouveau projet de société dont le socle est l’unité des Tchadiens et la refondation de notre patrie. C’est pourquoi le parti s’appelle Union pour la Refondation du Tchad (URT). Et dans ce projet de société que vous pouvez lire sur le site web de notre parti. Ce n’est pas fini, nous sommes en train de mettre à jour régulièrement notre site. Chaque jour, les nouveaux adhérents nous rejoignent et nous apportent de nouvelles idées et on les intègre progressivement pour enrichir notre projet de société. Ce projet est totalement différent de ceux des autres partis politiques qui sont déjà sur place. C’est un projet de société qui est novateur, jeune et refondateur. Cela permet normalement, si on l’applique, parce que la question, c’est aussi l’application des textes. Avoir un projet de société est une chose, et l’appliquer en est une autre. Si jamais, nous arrivons au pouvoir, l’application d’un tel projet de société va permettre de faire sortir le Tchad du gouffre dans lequel, on l’a mis.

Vous parlez des projets de société, en lisant la vôtre, on a l’impression que c’est le projet de société du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) ?

Il faut que ça soit très clair. Je l’ai dit à maintes reprises. Nous n’avons pas rien à voir avec le MPS. Je vous jure, je n’ai jamais lu le projet de société du MPS. Peut-être vous, vous l’avez vu, mais cela m’étonnerait. Personne n’a vu le projet de société du MPS. Ils se définissent de la social-démocratie dans leur statut, mais je n’ai jamais vu leur projet de société.  Nous, nous définissons de la social-démocratie, dans notre projet de société, dans notre texte et dans toutes les actions que nous entendons mettre en place. C’est la sociale démocratie. Qu’est-ce que la sociale démocratie ?  La sociale démocratie est un mixage intelligent entre l’interventionnisme de l’État pour réguler la société, l’économie et le libéralisme économique. Vous voyez, dans un pays comme le Tchad, il y a une bonne partie de la population qui est très pauvre, dans un pays où il y a une absence totale d’infrastructures, dans un pays où il manque l’eau potable, l’électricité et la santé. On ne peut pas implanter n’importe quelle idéologie politique, économique et sociale. Il n’y a que la sociale démocratie qui appelle une intervention apaisée de l’État pour régler l’économie, le social et qui ne peut que donner des solutions.  Il faut lire notre projet de société et vous verrez que tout ce qui a été défini rappelle le rôle de l’État, mais aussi l’aspect libéral de notre économie.

En tant que nouveau parti politique, croyez-vous-en la transition conduite par le CMT ?

Croire c’est trop dire. Le CMT est un organe qui a été mis en place suite à la mort tragique du Maréchal du Tchad Idriss Deby Itno. Il a défini une charte de transition et il a mis en place un certain nombre des organes. Maintenant, nous, en tant que parti politique, nous n’avons pas à croire au CMT. Nous, nous inscrivons dans l’optique de la transmission du pouvoir aux civils. C’est clair et net. Mais à entendre parler le président du CMT, il n’a pas été question que le CMT monopolise le pouvoir. Nous, nous sommes inscrits dans l’optique de collaborer avec l’ensemble des forces vives de la nation, avec l’ensemble des forces politiques et politico-militaires et de la société civile pour sortir le Tchad d’affaires. Et le CMT a défini les organes de transitions, ils ont mis en place le Conseil National de Transition (CNT) et un gouvernement entre guillemets civil. Nous avons été très clairs, le fait que le CNT soit mis en place par le CMT, place le gouvernement en position de juge et partie. Il n’est pas normal que le CNT que le CNT est mît en place par le CMT.

Cette question sera résolue par la Conférence nationale souveraine (CNS) ou le Dialogue national inclusif (DNI) qui s’annonce. Si elle est souveraine, je suis sûr qu’elle va défaire le CNT pour mettre en place un nouveau CNT ou une autre appellation qu’on peut donner à l’organe législatif qui va gérer la transition sur le plan législatif. Pour ce qui est du gouvernement de transition, c’est la même chose. Si la conférence qui s’annonce est souveraine, elle va mettre en place un autre gouvernement, un autre Premier ministre sera nommé par le DNI comme en 1993 pour mener la transition. Quant au CMT, si la conférence est souveraine, les nouvelles autorités de la transition qui seront mises en place peuvent être reconduites par le CMT ou par un autre organe. Mais ce sera décidé par consensus lors de la conférence à laquelle nous comptons participer. Nous sommes en train de faire de propositions concrètes, de préparer des réponses constitutionnelles, concernant les lois électorales, concernant tous les sujets qui divisent les Tchadiens. Nous sommes en train de travailler pour participer avec des propositions concrètes et discuter avec nos frères politico-militaires.

Vous croyez donc aux propos du président du CMT ?

Nous croyons à ce qu’a dit le président du CMT. Il s’est engagé à organiser le DNI. Nous souhaitons que ce dialogue soit vraiment souverain. Il s’est engagé aussi à faire venir les politico-militaires, avec l’appui du Comité technique spécial (CTS) qui négocie avec les politico-militaires. Nous constatons par ci et là de bonnes choses. Nous constatons par ici et par là de mauvaises choses aussi. Mais tout cela va se régler dans le cadre du dialogue.

Certains membres de l’opposition et une partie de la société civile craignent que le président du CMT, le général Mahamat Deby n’honore pas sa parole et se présente aux prochaines élections. Et si c’est le cas, considérerez-vous cela comme une entorse ?

J’ai toujours dit qu’il faut éviter les procès d’intention. Jusque-là je n’ai jamais entendu que le président du CMT dire qu’il va se représenter ou se présenter aux prochaines élections. S’il s’en tient à sa parole d’officier, tel que j’ai compris, il n’a pas été question qu’il se représente où se présente. Tel qu’il le dit, c’est préparer une bonne transition. Toutefois, il faut dire quelque chose pour cette transition qui s’annonce. Il faut qu’elle soit une bonne transition. Je suis pour qu’on ait une bonne transition et non pour une transition bâclée. Il ne faut pas précipiter les choses pour organiser des élections bidon pour lesquelles les résultats seront contestés. Il faut que les choses s’organisent de manière professionnelle, méthodique et qu’elles soient inclusives. Si tel est le cas, je suis d’avis. Mais si l’intention est de se présenter, en camouflant son jeu, nous ne sommes pas d’avis.

Le BET est en proie à l’insécurité, selon vous, qu’est-ce qu’il faut faire pour restaurer la sécurité et l’ordre dans cette partie du pays ?

Il faut être très claire. Le Tchad est un et indivisible. Le Tchad doit rester indivisible. Je le répète. Je l’ai toujours dit, l’URT va militer pour que le Tchad soit un et indivisible. La République doit être instaurée. L’absence de l’État qui a fait que les uns et les autres s’adonnent à des activités parfois illégales, de trafics de drogue, d’orpaillage, de maltraitance des gens et d’esclavage dans certaines parties du pays doit être bannie. Cela est dû à l’absence de l’État. Il y a eu confusion de rôle. La République ne se limite pas seulement à l’État. Aujourd’hui, le Tchad est morcelé en une dizaine de républiques où chacun fait sa loi. Avec l’URT, on restaurera la République. Cette République sera régie par les mêmes lois, avec la même rigueur. Voilà notre option à nous.

Propos recueillis par Jules Doukoundjé

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