vendredi 29 mars 2024

Entrevue : Paradis fiscaux, un des fils Deby est cité

Oct 07, 2021

Le nom d’un des fils du défunt président Idriss Deby Itno circule dans l’enquête dite « Pandora papers ». Le consortium international des journalistes d'investigation révèle les noms de certains plusieurs hommes politiques qui auraient dissimulé des sociétés dans les juridictions secrètes. Suite à cette révélation, un analyste se prononce sur les conséquences d’un paradis fiscal sur l’économie d’un pays comme le Tchad. Il propose aussi quelques pistes de solutions. Entrevue.

Un paradis fiscal est un lieu ou un pays où on ne paie pas ou très peu d’impôts. Les paradis fiscaux sont souvent associés à l’idée de secrets bancaires. Ils permettent aux particuliers et aux entreprises de ménager leurs intérêts particuliers aux dépens des intérêts généraux. À ce titre, ils pourraient être responsables du désordre financier mondial et pourraient empêcher un pays de réaliser ses projets de développement socio-économiques. Pour  comprendre les conséquences des paradis fiscaux pour l’économie d’un pays en voie de développement comme notre pays le Tchad, l’analyste Caman Bedaou Oumar, définit les paradis fiscaux comme l’ensemble des critères qui démontrent qu’un pays ou un territoire a délibérément adopté des politiques et des lois permettant à des particuliers ou des entreprises de réduire au maximum leurs impôts dans les pays où ils sont directement actifs. L’expert indique que les paradis fiscaux ont des conséquences économiques lourdes pour les pays où il y a fuite des capitaux. Il cite entre autres la City Bank et la Couronne britannique qui sont rattachées à certains nombres de paradis fiscaux. Pour lui, dans les paradis fiscaux, l’on peut frauder ou blanchir l’argent sale, quelle que soit sa provenance. M. Caman Bedaou Oumar révèle les 10 principaux paradis fiscaux en 2021 qui sont : les îles vierges britanniques, les îles caïmans, les îles Jersey, les Besmines, les Pays-Bas, la Suisse, le Luxembourg, Hong-kong, les Émirats arabes unis et Singapour.

Pour le cas du Tchad, l’analyste estime que les gens peuvent détourner de l’argent et aller déposer dans un paradis fiscal comme la Suisse. « La Suisse est un paradis fiscal, on ne demande pas la provenance de votre argent. Vous placez votre argent et vous le retirez quand vous voulez, même si c’est l’argent volé ou l’argent de la drogue », explique-t-il. Selon lui, dans les paradis fiscaux, les pays diminuent les impôts, alors qu’au Tchad, on augmente d’une manière arbitraire les taxes sur les revenus. Pour lui, cette situation est à l’origine de fuite des capitaux vers les autres pays où les taxes sont relativement basses. À son avis, certaines compagnies aériennes ont cessé leurs activités au Tchad à cause des fiscs. « Au lieu que les gens gardent leur argent au Tchad, ils vont placer là où il y a moins d’impôts sur le revenu », ajoute M. Caman.

5.880 milliards de FCFA au Panama papers en 2016

Dans une large explication méthodique, l’expert rappelle le scandale papers qui a eu lieu en 2016 au Panama, en Amérique centrale. Panama papers est un cabinet d’avocat qui s’est reconverti en paradis fiscal. L’analyse révèle que parmi les chefs d’États africains cités dans cette affaire en 2016, on a aussi le Tchad avec plus 10,76 milliards de dollars américains au panama papers. « On avait dit que ce sont les chefs d’État. Pour le cas de notre pays, on sait de qui cet argent provient », dit-il. Selon lui, si l’on convertit cette faramineuse somme, le pays perd environ 5.880 milliards de FCFA. Or, en 10 ans d’exploitation du pétrole, explique ce dernier, le Tchad n’a eu que 5.309 milliards de dollars. Il affirme que l’argent du pétrole qu’on montre, une partie est a été dissimulée dans un paradis fiscal. L’expert qui décortique comment le revenu du pétrole a été mal géré par le président Idriss Deby, précise qu’au même moment, le pays avait lancé son programme national de développement (PND). À l’en croire, le pays de Toumaï avait demandé 5000 milliards de nos francs pour ce vaste programme de développement, alors qu’il y a 5.880 milliards cachés dans les paradis fiscaux. Pour M. Caman Bedaou Oumar, on a dépouillé un pays.

Il n’y a pas un sans deux, ou tel père, tel fils ? En 2016, c’était Deby Itno père qui était cité dans panama papers. En 2021, soit 5 ans après c’est le tour de l’affaire dite Pandora papers qui cite un des fils Deby Itno.

Pour lutter contre cette malheureuse méthode peu orthodoxe qui empêche le pays de sortir la tête de l’eau, l’analyste esquisse quelques pistes de solutions. Il souhaite qu’on mette sur pied une justice « juste et équitable ».  De l’avis de ce consultant, au Tchad, le trésor public est comme un bien particulier pour certaines personnes qui peuvent puiser à leur guise. « Il faut des lois qui frappent des gens qui détournent le denier public », propose-t-il. Caman Bedaou Oumar affirme que les lois de la République doivent être fermes contre les détournements et les fuites fiscales. À son avis pour une justice ferme, il faut un gouvernement élu par le peuple.

Il a par ailleurs déclaré que 31% de désordres fiscaux dans le monde sont en Grande-Bretagne, avant d’ajouter que 65% de l’argent, soit 245 milliards de dollars sont dans les paradis fiscaux des pays occidentaux. « Ce sont les pays forts qui ont le monopole des paradis fiscaux ».

Jules Doukoundjé

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